Critique : ''L'Opéra de quat'sous'' au Théâtre des Champs-Élysées

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Après son passage au Théâtre du Châtelet avec Faust I & II, le Berliner Ensemble ne quitte plus les scènes parisiennes et se retrouve au Théâtre des Champs-Élysées, à l’affiche cette fois-ci de L’Opéra de quat’sous, l’œuvre la plus connue du duo Bertolt Brecht et Kurt Weill.
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La complainte de Mackie le Surineur
Créé à Berlin en 1928, dans un texte de Bertolt Brecht et une partition de Kurt Weill, L’Opéra de quat’sous est toujours au goût du jour. On avait pu voir la saison dernière une belle production de cette œuvre à Malakoff, et cette saison deux autres productions de ce classique tournent en France. La première menée par Vincent Heden (Frankenstein Junior ; Love Circus) dont la troupe donnera un concert en direct sur 42ème rue ce dimanche, la seconde avec entre autre Nicole Croisille (Follies ; Cabaret) qui se jouera le 3 mars 2017 à Issy-les-Moulineaux. Et actuellement, le public parisien peut découvrir cette œuvre au Théâtre des Champs-Élysées jusqu’à lundi.
L’action se déroule dans le Soho du Londres victorien avec ses mendiants, bandits, prostituées, policiers corrompus et jeunes premières pas si innocentes que ça. Ce petit monde entre en ébullition quand le célèbre brigand Mackie-le-Surineur épouse Polly Peachum, la fille du chef des mendiants.
Le Théâtre de la Ville, fermé pour travaux, nous propose donc de voir au Théâtre des Champs Élysées, cette œuvre dans la mise en scène de Bob Wilson. Ce célèbre metteur en scène est souvent présenté dans les grandes salles parisiennes. On a pu voir ces dernières saisons son Pelléas et Melissande ou Madame Butterfly à l’Opéra Bastille, ainsi que son Einstein on the Beach ou plus récemment Faust I & II au Théâtre du Châtelet (ce dernier avec le Berliner Ensemble). On reconnaît facilement sa patte par son esthétique sobre et expressionniste . Les mauvaises langues iront jusqu’à dire de ses pièces  »quand on en a vu une, on les a toutes vues ».
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L’esthétisme au détriment de l’oeuvre
Il est vrai qu’ici, il n’y a pas de doute sur l’auteur de la mise en scène. Dès les premières minutes on se retrouve plongé dans l’univers de Bob Wilson, qui n’est pas sans rappeler les films de Friedrich Wilhelm Murnau (Nosferatu), ce qui est loin d’être une mauvaise idée, ce dernier étant bien un contemporain de Bertolt Brecht et Kurt Weill. La scène d’ouverture, sur le tube  »Die Moritat von Mackie Messer » ( »Mack the Knife » en anglais, devenu un standard du jazz), est visuellement sublime. Chaque scène de ce spectacle est un plaisir pour les yeux, en particulier celle du bordel, mais une fois la contemplation du plateau passée, l’ennui vient. On peine à trouver à cette mise en scène un intérêt autre que visuel.

Qu’apporte Bob Wilson à L’Opéra de quat’sous ? On retrouve les même procédés que dans ses autres mises en scènes citées plus haut. Une gestuelle mécanique dans laquelle se retrouvent engoncés les comédiens, chaque pas étant souligné par un bruitage, effet qui peut faire sourire au début, mais lasse vite. Les scènes parlées s’étirent rendant le tout un peu longuet, en particulier la scène du mariage entre Mack et Polly. Le plus triste, est qu’on passe à côté de l’humour et du cynisme de la pièce.
On peut y trouver son compte lors des chansons, fort bien interprétées par les comédiens du Berliner Ensemble : on les sent habitués à la partition de Kurt Weill et ils la délivrent avec esprit. Une mention spéciale pour le Mackie inquiétant et félin de Christopher Nell et à la Polly irrésistible de Johanna Griebel. Les orchestrations peuvent dérouter, notamment lors de l’ouverture, mais on finit par s’y faire et à les apprécier, on est dans un Opéra de quat’sous après tout.
Le public du Théâtre des Champs-Élysées, relativement discret pendant toute la durée de la pièce, a ovationné la troupe au moment des saluts. Nul doute que ce spectacle plaira aux amateurs de Bob Wilson, mais il est moins sur que ce soit la production idéale pour découvrir cette très belle œuvre de Bertolt Brecht et Kurt Weill.


L’Opéra de quat’sous, de Bertolt Brecht et Kurt Weill
Le 29 et 31 octobre à 20h et le 30 octobre à 17h au Théâtre des Champs-Elysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris
Production Berliner Ensemble, présentée par le Théâtre de la Ville-Paris
Mise en scène, chorégraphie, concepts lumières : Robert Wilson ; Direction musicale : Hans-Jörn Brandenburg, Stefan Rager ; Collaboration à la mise en scène : Ann-Christin Rommen ; Costumes : Jacques Reynaud ; Dramaturgie : Jutta Ferbers, Anika Bardos ; Lumières : Andreas Fuchs, Ulrich Eh.
Avec : Jürgen Holtz (Jonathan Jeremiah Peachum) ; Traute Hoess (Celia Peachum) ; Johanna Griebel (Polly Peachum) ; Christopher Nell (Macbeath) ; Axel Werner (Tiger Brown) ; Friederike Nölting (Lucy Brown) ; Angela Winkler (Jenny) ; Georgios Tsivanoglou (Filch) ; Luca Shaub / Ulrich Brandhoff (Walt) ; Martin Schneider (Matt) ; Boris Jacoby (Jack) ; Winfried Peter Goos (Bob) ; Raphael Dwinger / Dejan Bucin (Jimmy) ; Jörg Thieme (Ed) ; Uli Plebmann (Smith) ; Michael Kinkel (Kimball) ; Anke Engelsmann (Betty) ; Ursula Höpfner-Tabori (Une vieille prostituées) ; Claudia Burckhardt (Dolly) ; Marina Senckel (Vixen) ; Gabriele Völsch (Molly) ; Gerd Kunath (Un messager à cheval) ; Walter Schmidinger (Une voix).
Avec l’Orchestre de L’Opéra de Quat’Sous (Das Dreigroschenoper Orchester)
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Image de Romain Lambert

Romain Lambert

Membre de Musical Avenue depuis juin 2012, je suis passionné bien évidemment de comédies musicales mais aussi de ballets. Je passe la majorité de mes soirées entre l'Opéra Garnier, Bastille et le Théâtre du Châtelet. Je voue un véritable culte a Stephen Sondheim et j'essaye de chanter "Glitter and be Gay" sous la douche.
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