Dans les deux épisodes précédents, Musical Avenue vous avait fait découvrir les coulisses de l’installation des Caramels Fous au Théâtre du Gymnase à l’occasion leur spectacle Madame Mouchabeurre. Aujourd’hui nous vous faisons revivre les moments forts de la première.
3ème et dernier épisode : Le grand jour !
La salle est bondée en cette soirée du 23 juin. Les fidèles des Caramels sont présents, mais pas seulement : certains vont découvrir leur spectacle, et rapidement en devenir fan… Il y a de quoi !
Les lumières s’éteignent doucement, le bruit de la mer se fait entendre, ainsi qu’un extrait de Madame Butterfly (traduction littérale : Mme Mouchabeurre) de Puccini (« Sur la mer calmée »).
Le rideau s’ouvre, et nous fait découvrir le port de Plou Her Meur. Au premier plan, deux bigoudens (« commères » qui viendront situer par leur narration les époques de l’histoire) et au fond à gauche (« côté jardin ») la silhouette d’une femme immobile (Gwenda) scrutant l’horizon.
La beauté du décor et des costumes nous fait immédiatement oublier que la troupe est exclusivement constituée d’amateurs qui, non seulement jouent la comédie, chantent, mais ont aussi construit les décors et participé à l’élaboration des costumes ! Une implication totale.
Les deux « commères » nous racontent en quelques phrases (avec des termes dignes des meilleures commères) l’histoire de cette femme qui a « fauté », la veille de son mariage, avec un marin américain dont elle attend le retour depuis vingt ans.
En se remémorant cette époque heureuse, les deux bigoudènes concluent : « Ah si seulement on pouvait revenir en arrière ».
Ici, la magie du théâtre opère, et le spectateur se retrouve vingt ans plus tôt, avec l’arrivée sur scène d’une bonne partie de la troupe qui entonne « Y’a d’la joie ».
Contrairement à certains spectacles musicaux qui reprennent le texte des chansons, dans ce spectacle, ce ne sont que quelques phrases (ou parfois aucune) qui sont reprises, et ce pour notre plus grande surprise, mais surtout pour une plus grande drôlerie !
Un à un, les personnes sont présentés. Gwenda (au premier plan à droite) amoureuse d’Yvon Mouchabeurre (à sa gauche) (« Besoin de rien, envie de toi »), ainsi que la mère de Gwenda : la mère Chouchen (très accro au Calva) et qui se verra demander sa fille en mariage (« Vous permettez Monsieur », devenu pour l’occasion « Madame ») par Yvon, dont elle acceptera la demande (essentiellement car il possède un bistro !).
Un peu plus tard, arrive à Plou Her Meur un navire américain.
Son équipage va nous apprendre qu’« In the Navy, on ne prend pas n’importe qui……il faut avoir un gros Q.I, et pas seulement un gros Q.I ». Inutile de dire que ce passage enflamme la salle, tant par sa drôlerie que par son énergie.
Il en sera de même lorsque les américains feront découvrir le Coca Cola (« Rhum and Coca Cola ») au petit village, en conseillant à la mère Chouchen d’en mettre dans le Bourbon : « Bourbon Coca cola, C’est trop bon ! Oh là, là ! »
Tout le reste du premier acte sera de la même qualité. D’autres personnages truculents nous raconterons leurs désirs les plus secrets : Rocky, un marin américain (sur la musique de « Grace Kelly »), ainsi que la bonne du curé (dans la chanson du même nom).
Tout l’évolution de l’histoire sera faite en musique, soit avec des extraits de musicals célèbres Miss Saigon : « The last night of the world » (« La première nuit »), de films Pretty Woman (« Petite Bretonne »), ou d’opéra, Don Giovanni (« Le tableau de chasse » de John Pinkerton qui va séduire Gwenda).
La fin du premier acte reprendra la musique des Misérables « One day more » (devenu pour l’occasion « Le grand jour »), à l’occasion du mariage de Gwenda et d’Yvon, mariage qui sera malheureusement endeuillé !
Le deuxième acte se déroule sur deux époques : au levé du rideau on retrouve nos deux commères à l’époque du début du premier acte. Puis dix ans plus tard.
Michel Heim (auteur de ce brillant musical) qui joue le rôle de la mère Chouchen (à gauche) tient ensuite celui de Gwenda devenue maman (à droite : en haut dans les années 70, et en bas 10 ans plus tard, aigrie par la vie, abonnée de son mari et de son fils).
Michel Heim passe d’un rôle très pittoresque (la mère Chouchen) à celui d’une femme particulièrement émouvante (Gwenda) quand sa « faute » sera dénoncée devant tout le village, et qu’elle suppliera son mari Yvon de rester (« My heart will go on » de Titanic, devenu « Pardon »)
Beaucoup de péripéties vont arriver à ses protagonistes. Mais, contrairement à Madame Butterfly, la fin ne sera pas tragique, et elle en surprendra plus d’un à Plo
u Her Meur !
u Her Meur !
Qui sur cette photo pourra reconnaître Rocky et la bonne du curée ?
C’est sur la musique du final d’Hairspray « You can’t stop the beat » (« Elle est belle la vie ! ») que toute la troupe nous divertira une dernière fois, avec optimisme, et dans la plus grande bonne humeur, allant même juqu’à citer… Nicolas S. !
Au passage notera la rigueur de la construction du musical : la fin du premier acte reprend la musique de la fin du premier acte des Misérables, le final du 2ème acte celle du final d’Hairspray.
Ce spectacle, composé uniquement de comédiens masculins, n’est pas sans rappeler la troupe japonaise Takarazuka composée uniquement de femmes. Cependant cette dernière est professionnelle et possède deux grands théâtres au Japon.
Ce spectacle des Caramels (non professionnels) n’a rien à envier à celui de professionnels (bien au contraire), tant au niveau de ses comédiens chanteurs, ses décors, ses costumes, ses chorégraphies. C’est certainement grâce à la passion donnée par toute la troupe dans ce spectacle et son élaboration, qu’un résultat de ce niveau est obtenu. Mais c’est aussi grâce à la rigueur des professionnels qui les encadrent.
Si ce n’est fait, venez vous en rendre compte par vous-même (en ayant une petite pensée pour tous ceux qui travaillent dans l’ombre, et dont nous avons parlés dans les deux précédents épisodes. Sans eux les spectacles ne pourraient se dérouler).
Vous n’avez pu ou ne pourrez vous rendre au Théâtre du Gymnase ? Sachez que pour la première fois pour un spectacle des Caramels Fous, les décors ont été conçus pour être transportés en tournée.
Ainsi, cette année, Mme Mouchabeurre part sur les routes en province et en région parisienne. L’occasion pour nos lecteurs qui n’ont pu voir cet excellent musical de le découvrir (ou le revoir) dans leur région.
Vous pourrez vous procurer au théâtre, ou sur le site des Caramels Fous, le livret avec un DVD comportant de larges extraits du spectacle, ainsi que le making of du spectacle. À lire, et à regarder sans modération !
Crédit photos : Annemiek Veldman © 2007 les Caramels Fous
Théâtre du Gymnase du 23 juin au 3 juillet à 20H30 (sauf dimanche et lundi)
Prix des places : de 15 à 35€
Réservation par téléphone : 01 42 46 79 79 et Internet