Dans le cadre du festival des nuits d’été, à l’hôtel Gouthière (Paris Xe), la compagnie Jean louis Bihoreau et Melocoton Productions présentent Se dice de mi, en Buenos Aires, un spectacle haut en couleur servi dans un cadre pour le moins étonnant.
Cette pièce, écrite par un jeune auteur argentin Federico Mora et mise en scène par Stéphan Druet, nous entraine à Buenos Aires, où une pseudo star, Ottavia la Blanca, revient après quinze ans d’absence. Désormais travesti, il se fait passer pour une star à Paris, alors qu’en réalité, il se produit dans une boite minable à Córdoba. Il décide de revenir pour « régler ses comptes » avec sa famille, voir sa grand-mère qu’il adore, et surtout revoir Alvaro, l’amour de sa vie.
Une pièce originale et dynamique
L’originalité de cette pièce réside d’abord dans le lieu et les conditions où elle se joue : en plein air. En effet, l’hôtel Gouthière est aussi le conservatoire du Xème arrondissement de Paris (une partie des comédiens et le metteur en scène sont d’ailleurs d’anciens élèves). Ainsi tous les soirs, la cour d’honneur de l’école se transforme en pension de famille argentine.
De plus, tout au long de la pièce, le metteur en scène a choisi d’introduire une dizaine de chansons espagnoles (d’Amérique latine pour la plupart), chantées en direct par les comédiens sur bande-son. Parmi ces chansons, « Se dice de mi » (on dit de moi) donne son titre au spectacle que Stéphan Druet, définit comme une « revue-cabaret-théâtre argentin ». Nous reconnaitrons la version espagnole de « Mon homme » chantée à l’origine en français par Mistinguette et qui devient ici « Es mi hombre ». Enfin, les amoureux de la belle Shakira pourraient bien avoir une surprise…
Et c’est parti pour une heure et demie de scènes de famille, de secrets dormant depuis longtemps dans des placards. Ca crie, ça chante, ça pleure, le tout sur un rythme détonant car la mise en scène est très dynamique. On se croirait dans un vaudeville latino. L’atmosphère et l’ambiance qui se dégagent de cette pièce peuvent rappeler certains films de Pedro Almodovar dont la toile de fond est la chronique familiale, le plus souvent soulignée par des chansons. D’ailleurs, Stéphan Druet a l’habitude de travailler sur des pièces musicales, puisqu’il a mis en scène l’opérette Ta bouche sur un livret d’Yves Mirande, co-mis en scène avec Julie Depardieu, ainsi que des œuvres d’Offenbach dont Les contes d’Hoffmann, dans le cadre des opéras en plein air.
Des comédiens chanteurs à la hauteur
Les comédiens portent à bout de bras cette histoire. Néanmoins on sent que certains sont plus comédiens que chanteurs et inversement. D’ailleurs, quelques uns-ne sont pas inconnus du monde des comédies musicales puisque Sebastiàn Galeota (Ottavia la Blanca), a joué dans La légende du Roi Lion à Disneyland Paris, Piaf je t’aime, La petite sirène, ou encore Bébé Lilly. Mais nul besoin de le savoir pour se rendre compte que Sebastiàn respire l’art du chant et celui de la danse.
De son coté, Salem Sobihi (Les dix commandements, Le Roi Soleil, Cléopâtre), qui incarne Pedro, danseur de tango, habite son rôle de danseur grâce à la technique qu’il maitrise. Enfin, mention spéciale à Stéphane Eloy qui, derrière la drôlerie du personnage de la grand-mère qu’il campe, sait nous la rendre juste et attachante.
C’est cet attachement aux personnages qui fait qu’on ne voit pas le temps passer en suivant l’histoire de cette famille de l’intérieur. C’est un peu comme si nous étions le neuvième membre de celle-ci, dont l’histoire peut à quelques moments frôler l’intrigue de "telenovela" (sitcom à l’eau de rose très populaire en Amérique latine), mais sans jamais tomber dans la mièvrerie tant le ton est décalé.
Se dice de mi, en Buenos Aires, de Federico Mora, mis en scène par Stephan Druet.
Tous les jours à 22h, du 8 juillet au 8 août à l’hôtel Gouthière (Paris Xe) dans le cadre du festival des nuits d’été.
Lumières : François Briault ; Régie : Romain Jocrisse-Zurlinden ; Costumes et chapeaux : MP ; Maquillage : MAC
Avec Sebastiàn Galeota, Nanou Garcia, Cécilia Filippi, Emma Fallet, Laura Lago, Stéphane Eloy, François Briault, Salem Sobihi