Présenté pour la première fois en France à la Cigale en 2011, le « dirty dancing à la cubaine » s’offre cette année le Palais des Sports de Paris et une nouvelle tournée à travers l’hexagone.
[ Critique initialement publiée lors des représentations à la Cigale ]
Jeune, belle, naturellement sensuelle, Ayala a la danse dans le sang et des rêves plein la tête. Mais la Havane, décor de toutes ses ambitions, semble bien loin de la plantation de tabac où elle vit modestement avec ses parents paysans.
Un jour pourtant, la jeune femme quitte sa famille et débarque, seule, dans la grande ville, à la recherche du mythique club « Soy de Cuba »…
Après quelques balbutiements en vidéo servis par la narration d’une voix-off, la soirée commence.
Spectacle de danses et de musiques folkloriques par essence, Soy de Cuba montre au travers de son intrigue des ambitions de comédies musicales. On ne s’y trompera pas pour autant : le destin cousu de fil blanc de la belle Alaya n’est qu’un accessoire venu donner un tout petit peu de substance à un spectacle de variétés qui met la danse à l’honneur.
L’histoire, amenée maladroitement par des séquences vidéo doublées d’une voix-off, est reléguée au second plan et se résume sur scène à quelques échanges de regards (admiration, séduction, jalousie, espionnage…) et d’interjections en espagnol.
La vedette du spectacle est bel et bien la musique cubaine, sous la direction de Rembert Egües qui signe l’intégralité de la partition originale. Rumba, salsa, mambo, cha-cha-cha, reggaeton… un mélange plaisant de sonorités traditionnelles et de touches modernes donne vie aux nombreux tableaux chorégraphiés et propose de découvrir le son cubain et les danses qui l’accompagnent.
Les chorégraphies de groupe imaginées par Dieser Serrano, metteur en scène et danseur principal du spectacle, peinent à captiver. On se laisse heureusement entraîner par la séquence de rumba énergisante qui clôt le premier acte au rythme effréné des congas et des chancletas, des sandales traditionnelles qui claquent au sol. Le second acte offre quant à lui un ou deux duos élégants qui réunissent les deux personnages principaux, au milieu d’un spectacle systématique qui manque autrement de surprise.
Néanmoins, les amateurs de musiques latines en manque d’un peu de chaleur se laisseront sans doute facilement séduire par ce programme haut en couleurs, servi par des costumes chatoyants et des projections vidéo réussies qui invitent au voyage.
Les amateurs de théâtre musical passeront quant à eux leur chemin et préfèreront s’intéresser à In the Heights de Lin-Manuel Miranda (auteur de Hamilton), Tony Award du meilleur musical en 2008, qui propose un spectacle bien différent autour des mêmes musiques et de la même culture.