Toute cette semaine, Gérard Layani présente son travail sur le spectacle Exodus 47 à l’Espace Rachi de Paris, évoquant le destin d’un des bateaux les plus célèbres du XXème siècle et la quête de plus de 4.500 Juifs partis de Sète pour rejoindre la Palestine en 1947, alors que le spectre des camps de la mort hante encore les mémoires…
Pour les amoureux de la chanson française, Gérard Layani est tout sauf un inconnu. Il a en effet travaillé avec divers artistes tels que Johnny Hallyday, Tino Rossi ou encore Lara Fabian. Avec l’aide de son compère Raymond Jeannot, il tente le pari risqué de faire de cette histoire somme toute assez tragique une comédie musicale. Autre nouveauté : contrairement au célèbre film d’Otto Preminger de 1960 avec Paul Newman tiré du roman éponyme de Leon Uris, le spectacle s’appuie sur la stricte réalité historique et met en scène des personnages qui ont réellement existé, quoi que de façon romancée.
Ainsi, la troupe est composée de 14 comédiens chanteurs parmi lesquels Julien Salvia (Le Prince et le Pauvre ; Les Misérables à Lausanne), David Koenig (Casting ; La Belle Hélène au Théâtre Marsoulan), François Borand (Sauna ; Les Misérables à Lausanne), Mark Marian (actuellement dans La Fourchette de Pétula au Théâtre du Tambour Royal) ou encore Carole Gayraud et Morgan Bebon, qui ont participé au Peep Musical Show. On y découvrira également de jeunes artistes talentueux, comme Rafaëlle Cohen, qui est doublure sur le rôle de Sarah. Les interprètes sont parfaitement choisis, et sont tous excellents dans leurs rôles tant sur le plan vocal que sur les ébauches de jeu que l’on a pu découvrir.
Si l’on aura apprécié de bonnes idées tout au long de la représentation, il reste encore du travail. Sur le fond, Gérard Layani appuie parfois à outrance sur la corde sensible, alors que l’histoire se suffit souvent à elle-même. Enfin, le côté très revendicatif de la pièce mériterait parfois un peu de retenue, au risque de provoquer l’effet inverse de celui recherché. Au niveau des chansons, la qualité des arrangements et des textes est très inégale, sur une composition agréable, bien que parfois un peu répétitive. Les séquences qui fonctionnent le mieux sont souvent les plus simples. On retiendra notamment la chanson qu’interprètent les Juifs de retour en Allemagne dans les camps de Poppendorf, effroyable et géniale illustration de l’absurdité humaine.
Il serait évidemment prématuré de tirer des conclusions sur un spectacle qui n’en est qu’à ses prémices. En effet, il s’agissait d’une lecture entrecoupée de passages narratifs et illustrée par un judicieux diaporama, témoin du travail de recherche très complet effectué par Gérard Layani pour préparer son spectacle. Souhaitons donc à Exodus 47 une bonne route, en espérant qu’il saura trouver prochainement une production, car une telle histoire mérite d’être racontée pour la leçon qu’elle représente.
Exodus 47, le musical de Gérard Layani, avec la collaboration de Raymond Jeannot
Jusqu’au 23 janvier en version oratorio
Espace Rachi, 39 rue Broca, 75005 Paris
Direction Musicale : Serge Perathoner ; Arrangements musicaux : Gérard Layani & Serge Perathoner ; Narrateur : Nicolas Layani ; Direction Vocale : Patricia Samuel et Yaël Layani ; Son et Lumières : Alain Benani.
Avec Julien Salvia (Ike), Yaël Layani (Sarah), Morgan Bebon (Tsvi), Claude Lancelot (DeCourcy), François Borand (Hankel), Mark Marian (Grauel), Julia Lozano (Dvora), Martin Eliah Roben (Venya, doublure Hankel), Stéphane Grégory (Yossi, doublure Grauel), David Koenig (François Mittérand), Rafaëlle Cohen (doublure Sarah), Carole Gayraud (révolutionnaire), Jean -François Broussoux, Virginie Ramis, Patricia Samuel.