Comme nous vous l’avions annoncé dès octobre dernier, après Jonas, Jocelyne et Etienne Tarneaud continuent dans les œuvres bibliques puisqu’ils présentent dans le cadre des Découvertes Diva une lecture de Tobie et Sarra. Visiblement, l’information de cette lecture avait bien circulé, car le théâtre du Petit Saint-Martin affichait complet et il n’était pas rare de croiser dans les rangées du public quelques ecclésiastiques.
En effet, Tobie et Sarra est tiré du livre de Tobie, qui fait partie de l’Ancien Testament. L’histoire est celle d’un judéen nommé Tobit, devenu aveugle après avoir reçu de la fiente d’oiseau dans les yeux (oui, vous avez bien lu), qui est déporté à Ninive. Il envoie son fils Tobie recouvrer une dette en Medie. Clin d’oeil sympathique, Ninive est également le cadre de Jonas, le précédent spectacle des Tarneaud.
Ce qu’on peut remarquer en découvrant le casting, c’est qu’il y a un "clan Tarneaud". En effet, on reconnait dans les artistes présents Yoni Amar (Encore un tour de pédalos), Manon Taris, (Les Misérables à Lausanne), Baptiste Farmery et Lucie Riedinger, tous déjà présents dans Jonas. Vient les rejoindre Harold Haven (Mike, laisse nous t’aimer). À la mise en scène, on retrouve également la talentueuse Sophie Tellier (Elliot Fall) qui s’installe sur un coté de la scène pour dire quelques mots en préambule de la pièce et lire les didascalies. Le premier acte commence…
Les artistes lisent le texte assis sur leur chaise et se lèvent pour chanter les chansons sur bande orchestre. On peut dire qu’ils chantent tous bien et surtout qu’un soin particulier a été apporté aux harmonies vocales durant les chansons de groupe. Tout le monde ne chante pas la même note et pourtant l’ensemble sonne très juste. Les secondes et troisièmes voix sont réglées comme du papier à musique. On peut remarquer qu’Étienne Tarneaud a composé des musiques efficaces aux sonorités "variété". De plus, les chansons solo tournent parfois à une démonstration de performance vocale.
La pièce se compose de deux actes et un épilogue. Le premier acte nous a paru difficile d’accès pour qui ne connait pas l’histoire. Par contre, la vraie bonne idée du spectacle, c’est le rôle de Kaleb, qui est… un chien parlant ! L’écriture de ce rôle est bien vue car elle permet d’insuffler beaucoup d’humour et dédramatise la situation et l’ambiance particulièrement pesantes et tristes de ce premier acte. L’interprétation est formidablement efficace, car on croirait ce chien directement sorti d’un "cartoon". Le deuxième acte est quant à lui très rythmé. L’intrigue est bien menée et la dramaturgie est à son sommet. On est happé par l’enjeu et pressé de savoir si tout va se terminer en happy end ou en chaos.
On espère un jour voir cette pièce sur scène, car la première matière qu’est le texte de Jocelyne et Étienne Tarneaud est très prometteuse. Il se pourrait qu’avec une bonne mise en scène, Tobie et Sarra soit une des bonnes surprises d’une future saison théâtrale. Sophie Tellier, on compte donc sur vous !