Entre deux trilles et trois mimiques, elle investit la scène tel un feu-follet incandescent, charme nos oreilles, chatouille nos zygomatiques et nous laisse pantelants. Si vous l’avez déjà vue, vous savez de quoi je parle. Si vous ne l’avez jamais vue, retenez son nom : Edwige Bourdy, et guettez son prochain spectacle !
De Marie Dubas à Stupéfiante !
Sélectionné dans le cadre du festival Tout le monDiva ! actuellement à l’affiche du Vingtième Théâtre de Paris, parmi les cinq meilleurs spectacles musicaux féminins de l’année, Marie Dubas de haut en bas était programmé dans cette même salle du 20 au 25 juin dernier. Mais il tourne déjà depuis quelques années dans des salles "off", telles que la Péniche opéra, le Tambour Royal, au festival d’Avignon et autres lieux dédiés au théâtre musical et à la création.
Marie Dubas était une chanteuse réaliste de l’entre-deux-guerres, dont quelques chansons, comme "Mon légionnaire", ou "Le tango stupéfiant", sont encore présentes dans la mémoire collective. C’était par-dessus tout une interprète, drôle, irrespectueuse, déchirante. "[…] une femme belle comme un tison qui compose une chanson avec une lucidité de peintre ardent et patient", disait Colette.
Comment Edwige Bourdy, chanteuse lyrique, ancienne élève de l’école de l’opéra de Paris, a-t-elle eu l’idée de s’approprier son répertoire ? Françoise Masset, une amie chanteuse, lui prêta, un jour, un double CD de Marie Dubas : "Écoute !", lui dit-elle. "Je trouve ça formidable. Et c’est tellement toi !". Saisie par la modernité du répertoire, Edwige décida de mettre "Pedro", une chanson hispano-montmartroise, à la fin d’un récital classique, en bis. "Pedro" électrisa le public et le metteur en scène, Vincent Vittoz, proposa à Edwige de monter un "One Woman Show" autour du répertoire de Marie Dubas.
Dès lors, pendant des mois, elle et son pianiste, Christophe Maynard, passèrent leur temps dans les bibliothèques musicales et à la Bibliothèque Nationale, recopiant à la main des partitions introuvables et souvent oubliées de tous. Elle rencontra également Charles Bellair, le fils de Marie Dubas qui transcrivit de mémoire un texte dont il n’existe plus de trace écrite, une version de "Cendrillon" entièrement en argot. Quel régal d’entendre Edwige déclamer : "[…] et comme godasses de belles tatanes en plexiglas qu’elle avait paumées en s’caletant."
Un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte
Avec Vincent Vittoz à la mise en scène, Edwige a trouvé le fil conducteur pour composer une série de tableaux musicaux et exprimer toute la palette des sentiments, du plus drôle ("Je me pique à l’eau de javel"), au plus bouleversant ("Monsieur est parti en voyage"). Enfin, Edwige fit appel à son amie Anne-Marie Gros qui habilla certaines chansons de touches chorégraphiques pleines d’esprit. Cela donne un spectacle d’une fluidité telle que l’on croit à une géniale improvisation et qui, de fait, est réglé avec une précision horlogère.
"La grande particularité d’Edwige est de réaliser l’osmose totale entre le chant, le jeu, le théâtre et le mouvement", explique Anne-Marie Gros. "C’est le summum de l’art. Ce à quoi tous les artistes qui font du théâtre musical aspirent.". Il serait injuste de passer sous silence le rôle du pianiste, Christophe Maynard qui, une fesse posée sur son tabouret, vibre avec la chanteuse et lui donne la réplique tout au long du spectacle.
En 2012, Stupéfiante ! Marie Dubas de bas en haut, sera donné le 27 mars à l’Opéra de Saint-Étienne. D’ici là Edwige sera très occupée : Le samedi 16 juillet, elle rejouera à Chinon dans Musique de Placard, un spectacle musical conçu par Vincent Vittoz à partir de textes de Roland Dubillard et d’extraits musicaux de Jacques Offenbach. En août, elle sera à la Ferme de la Villefavard pour la création d’En Attendant le Messie, un cabaret musical conçu à partir de textes de Hanok Levine, musique de Denis Chouillet et mise en scène de Jean-Philippe Saliero. En décembre 2011, elle sera à l’Opéra de Metz pour L’Auberge du cheval blanc. Enfin, en février prochain elle reviendra à Paris, à la Péniche Opéra pour Café Allais, un "Opéra fumiste" écrit par Gilles Bugeaud sur des textes d’Alphonse Allais et une musique de Nicolas Ducloux.
Les parisiens, eux, peuvent entendre Edwige Bourdy régulièrement à l’Eglise Saint-Julien Le Pauvre, notamment le 15 juillet prochain.
Stupéfiante ! Marie Dubas de haut en bas, un "One Woman Show" d’Edwige Bourdy.
Le 27 mars 2012 à l’Opéra de Saint-Étienne
Avec Edwige Bourdy et Christophe Maynard (piano)
Mise en scène de Vincent Vittoz ; chorégraphies d’Anne-Marie Gros ; costumes de Michel Ronvaux ; piano : Christophe Maynard.