Ding, Dong! Time to marry… Dans le cadre du mois de l’Histoire des Noirs*, la chorégraphe Ghislaine Doté nous présente sa plus récente création : une pièce en forme de comédie musicale contemporaine sur le mariage dans laquelle elle réconcilie sa passion pour la musique et la danse.
Originaire de la République centrafricaine, la jeune chorégraphe et compositrice a grandi en Côte d’Ivoire, où elle a pratiqué la danse, le chant et les arts martiaux. En tant qu’interprète, on a notamment pu la voir ces dernières années dans la version opéra de Starmania (2008-2009), sous la direction du chorégraphe Stephane Boko.
Après L’âmentation (2002), Performance (2004), Mâle de femme (2006) et Variations sur L’âmentation (2007), Ghislaine Doté s’intéresse cette fois au thème du mariage en s’inspirant à la fois du sien et des dynamiques de couples qu’elle a pu observer dans la société québécoise. Résultat : une pièce en deux actes dans laquelle les variantes de l’union entre l’homme et la femme sont abordées.
Le premier acte, Enchantement, nous fait découvrir le sentiment amoureux grandissant entre deux êtres qui les pousse à s’unir. Le second, Désenchantement, montre les désillusions du mariage conduisant un couple à l’inévitable compromis. De la naïveté à la confrontation, six danseurs-chanteurs ont ainsi pour tâche de représenter les divers états dans lesquels peut se trouver un couple. Entre l’abstraction et la narration, le fil dramatique oscille entre deux univers opposés.
Si la pièce ne prétend pas être une comédie musicale traditionnelle et que les parties chantées ne sont pas majoritaires, les paroles sont toutefois très limitées avec des refrains répétitifs qu’on aurait préféré plus variés, mais qui ont l’avantage de bien rester en tête. Après les chorégraphies, tantôt langoureuses, tantôt énergiques du premier acte, la deuxième partie du spectacle détonne avec des chorégraphies plus féroces, exprimant bien toutes les difficultés de la vie à deux. Le second acte, plus court, nous laisse cependant sur notre faim, même si la vigueur des émotions mises en mouvements nous fait oublier que le chanter n’y a plus tellement sa place.
Malgré un récit qui aurait pu être davantage développé et un manque d’originalité dans les lieux communs visités (comme la St-Valentin), Merry Age tire sa force des pointes d’humour qui parsèment le spectacle et permettent d’aborder le thème complexe du mariage sans trop se prendre au sérieux. Cette légèreté est d’ailleurs palpable dans les chorégraphies où la candeur est habilement dosée avec l’intensité de certaines scènes.
Rappelons que Merry Age s’inscrit dans une série thématique pour laquelle six organismes montréalais de danse mettent en vedette le travail chorégraphique de la diaspora africaine dans le cadre de l’événement Ascen/danses jusqu’au 26 février.
*Mois commémoratif célébré en Amérique du Nord en l’honneur des populations noires qui ont dû vaincre l’esclavage pour gagner leurs droits civiques.
Crédit photos : Thiery Michel
Merry Age de Ghislaine Doté
Du 15 au 18 février à l’Agora de la Danse de Montréal
Paroles, musique et chorégraphie : Ghislaine Doté
Interprètes : Jenny Brizard, Fernanda Leal, Xavier Malo, Mohamed N’Diaye, Francois Richard, Émilie Tremblay
Scénographe : Marc André Labelle ; Lumière : Jack Pilon ; Vidéaste Thiery Michel ; Répétiteur vocal : O’Neill Langlois