A l’affiche du théâtre du Gymnase Marie-Bell ce jeudi 30 janvier à 20h30, Anne, le musical est une œuvre intime et intemporelle à découvrir. Son auteur, Jean-Pierre Hadida, nous a accordé une interview lors des répétitions du spectacle. Rencontre.
En juin cela fera 7 ans que le spectacle existe (première représentation en juin 2007 au Café de la Gare avec Claire Baradat dans le rôle d’Anne), et les versions ont beaucoup évoluées. Considérez-vous qu’il ait désormais atteint l’âge de raison ?
Jean-Pierre Hadida : Anne le musical est une œuvre qui s’est cherchée et modelée notamment en fonction des particularités des artistes interprètes qui s’y sont succédés. Son évolution majeure a été en 2009 lorsque le rappeur SMO a rejoint la troupe, c’est à cet instant que le spectacle est passé d’une pièce de théâtre incluant des passages chantés à une œuvre intégralement musicale.
En 2010, Pierre-Yves Duchene en a constitué une version « minimal » avec des chaises disposées en demi- cercle et sans le décor reconstituant l’annexe afin de ne pas fixer les choses dans un lieu, de rester dans l’intemporalité. La version que nous proposons pour cette représentation au Gymnase est une version intime.
Pourquoi avoir choisi d’arracher les personnages du cadre que les anciens décors constituaient ? Par quoi cette volonté d’épuration matérielle a-t-elle été motivée ?
Jean-Pierre Hadida : C’est une mise en scène audacieuse qui a pour but que le public joue avec son imaginaire. Les jeux de lumières ont également une grande importance dans cette mise en scène.
Adapter le journal d’Anne Frank en comédie musicale était votre rêve d’enfance. Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de sa réalisation ?
Jean-Pierre Hadida : Surtout celle de toucher à une icône. Anne Frank est « sacrée » et son journal est même étudié dans les écoles. Je n’avais pas le droit de me tromper, il me fallait éviter à tout prix tout ce qui pouvait être considéré comme de mauvais goût ou taxé de « commercial ». Il fallait trouver un ton juste, réincarner cette histoire extrêmement dramatique tout en laissant à Anne son côté espiègle qui fait de son aventure une comédie humaine. Anne le musical rebondit entre nostalgie et gaité, et la musique, langage universel, traduit la profondeur des sentiments.
Vous avez dit en interview concernant la manière dont vous avez écrit le spectacle « J’ai fermé le livre et j’ai tout oublié ». L’histoire ne semble pourtant pas différer de celle du livre. De quelle nature sont les libertés que vous avez prises dans votre travail d’écriture ?
Jean-Pierre Hadida : Je me suis détaché du journal lui-même afin de traduire l’histoire d’Anne Frank avec mes propres mots. Pour cela, je me suis détaché du chef-d’œuvre tout en le respectant. C’est une création inspirée, seule et unique spectacle musicale sur Anne Frank.
Validez-vous toujours le choix d’avoir inclus du rap au spectacle ? Pourquoi avoir mélangé ainsi plusieurs langages ?
Jean-Pierre Hadida : Il ne s’agit pas de rap mais de slam qui est très efficace pour parler aux jeunes et ne déplaît, la plupart du temps, pas aux parents. Nous avons beaucoup joué devant des scolaires, et le rappeur SMO a été royalement ovationné. Certains jeunes disent « mieux comprendre » grâce au slam, c’était aussi une manière d’ancrer cette histoire dans notre monde contemporain.
Anne, Le Musical, de Jean-Pierre Hadida
Au Théâtre du Gymnase Marie Bell, 38 boulevard Bonne Nouvelle, 75010 Paris
Le 30 janvier 2014 à 20h30
Avec : Christophe Borie, Pierre Babolat, Estelle Danière, Laurence Cohen, Céline Delaveau, Kévin Lévy, Cloé Horry, Caroline Joubert, Stéphane Métro
Musiciens : Raphael Théodore Bancou, Mathieu Serradell et Clara Zaoui
Musique et paroles : Jean-Pierre Hadida
Mise en scène : Pierre-Yves Duchesne
Site officiel : www.annelemusical.com