C’est un incontournable du théâtre classique qui se joue dans la salle du Théâtre de Poche Montparnasse. Comme dans bon nombre de pièces de Marivaux, il est question de mariage, de maîtres et de valets. Mais plus rarement, comme c’est le cas dans cette mise en scène de Marion Bierry, il est aussi question de sonnets, de musique et de chansons.
En effet, l’originalité est de mise puisque la metteur en scène a décidé d’insérer des poèmes de Ronsard, mis en musique sur des airs de Schubert. Ainsi, la scène d’exposition nous est chantée sur "La Truite". Le pari était osé car, comme il est difficile de passer du texte parlé au texte chanté, il n’est également pas aisé de passer de la prose aux vers. On peut dire que le défi est remporté haut la main. Les chansons s’intègrent parfaitement au texte de Marivaux et on ne ressent pratiquement pas le poids des vers.
Et c’est grâce au talent des comédiens chanteurs. Certains sont plus chanteurs que d’autres mais tous sont très bons comédiens. La tête d’affiche, Bernard Menez campe ici un marquis tout à fait original mais très crédible, et s’il n’a pas les mêmes capacités vocales et chantées que les autres, ses faussetés ne font que renforcer le personnage du marquis maladroit.
Sinan Bertrand (Le Cabaret des Hommes Perdus, Le Bal des Vampires à la rentrée) joue Lépine, le valet du marquis (parti jouer Sweeney Todd, il est depuis remplacé par Alexandre Bierry) . Il confirme ici son talent de comédien chanteur et forme avec Estelle Andréa, un couple de domestiques espiègle et convaincant aux voix lyriques qui permettent de placer ici et là, harmonies et chœurs et ainsi, de renforcer la qualité de la partition.
On a eu à peine le temps de s’étonner et de regretter la scène d’introduction qui dénote et tranche avec le reste de la pièce. Fort heureusement, passé ce moment, la mise en scène redevient cohérente et dynamique. Le décor de jardin à la française est quant à lui ingénieux et tout à fait charmant. Enfin, les parties musicales sont jouées en direct à la guitare par Gilles-Vincent Kapps interprétant également le rôle du Chevalier, ce qui est fort appréciable, qui plus est, dans une salle aussi intimiste.
C’est donc une belle occasion de (re)découvrir ce classique dans une version musicale tout à fait fidèle à l’esprit du texte de Marivaux, servie par des comédiens aux multiples talents.
Crédits photo : Victor Tonelli
Le Legs de Marivaux, poèmes de Ronsard sur une musique de Franz Schubert
Jusqu’au 13 juillet.
Au Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard Montparnasse
75006 Paris
Mise en scène et costumes : Marion Bierry. Décor : Nicolas Sire. Lumières : André Diot. Arrangements musicaux : Gilles-Vincent Kapps. Assistant à la mise en scène : Roman Jean-Elie
Avec Bernard Menez, Marion Bierry, Gilles Vincent Kapps, Estelle Andréa, Alexandre Bierry, Valérie Vogt
Réservation dans les points de vente habituels