C’est une tradition : hier soir, comme chaque année, les Victoires de la Musique étaient retransmises en direct sur France 2.
Autre tradition : comme bien souvent, le théâtre musical était le grand absent de cette cérémonie.
La question qui m’asticote, vous vous en doutez, c’est de savoir pourquoi cette cérémonie populaire n’accorde pas une plus grande importance à ce genre tout aussi populaire ?
Bien évidemment, certains palmarès ont récompensé de grands spectacles musicaux incontournables (Les Misérables en 1992, Starmania en 1994, Notre-Dame de Paris en 1999), mais les comédies musicales ont systématiquement été rangées dans le même panier que les tournées ou concert.
Ainsi, cette année, pas un seul spectacle musical n’a été nominé ! Pas un "Roi Lion", ni une "Cléopâtre", et encore moins un "Rabbi Jacob" ou un "Je m’voyais déjà". Et bien évidemment, je ne vous parle que des plus connus, ceux qu’on voit chez Ruquier le samedi soir ou bien dans les journaux "people"…
Pas étonnant, du coup, que le grand public considère que la comédie musicale soit un genre pauvre, qui revient à la mode tous les dix ans avant de redevenir ringard aussi vite qu’il est revenu nous casser les oreilles.
Quel dommage de ne pas profiter de cet événement annuel attendu par les Français pour donner un peu plus de visibilité, un peu plus de crédibilité, à un genre théâtrale qui en manque cruellement dans notre pays !
Vous pourrez bien sûr me rétorquer que les Molière, cérémonie ô combien plus chic, réservent quant à eux une véritable catégorie au théâtre musical, et le font plutôt bien, en récompensant des perles comme Le Cabaret des Hommes Perdus ou Le Jazz et la Diva.
Mais voilà le problème : les Molière, beaucoup de monde trouve ça chiant (déjà que les Victoires paraissent déjà bien longues la plupart du temps) et puis, vous comprenez "ça parle de théâtre, c’est un truc pour les intellos, moi je n’ai pas envie de me prendre la tête".
Non, ne hurlez pas, soyez un peu honnêtes et reconnaissez que j’exagère à peine !
On se retrouve donc comme des ronds de flancs à défendre ce genre qui nous est si cher, à attendre désespérément qu’un public plus large s’y intéresse, nageant en plein paradoxe ("c’est ringard" ou bien "c’est un truc pour les intellos" ? il faudrait tout de même se décider !).
Où se trouve le salut de nos chères comédies musicales ? Peut-être dans les Marius : cette cérémonie née à Béziers durant les premières années du festival Les Musicals, est en bonne voie pour être diffusée sur France Télévision cette année.
"Les Marius ?" Oui, c’est ainsi que s’appellent les prix "récompensant les meilleurs musicals et meilleurs interprètes de la saison" depuis 2005. La grande inconnue, c’est de savoir si ce programme saura éveiller l’intérêt de la ménagère de moins de 50 ans qui ne s’intéresse qu’à Kamel Ouali ou Dove Attia.
Espérons en tout cas que cette cérémonie parviendra à atteindre son objectif de répandre la bonne parole et de convaincre que les musicals, ce n’est pas seulement pour les jeunes filles en fleurs ou les garçons sensibles !