Mais de quoi ça parle ?
Si les précédentes adaptations choisissaient de plonger leur intrigue au coeur du XVIIIème siècle, cette nouvelle version, quand à elle, se déroule à notre époque. L’histoire suit ainsi la jeune étudiante japonaise Suzu Naito. Jeune fille timide et introvertie ayant été traumatisée par la mort de sa mère, elle vit seul avec son père et partage son temps libre avec sa meilleure amie Hiroka tout en rêvant de sortir avec le bellâtre du lycée, Shinobu. Mais une fois la nuit venue, Suzu rentre dans le monde virtuel de U, où elle devient Belle, une star de la plateforme qui charme les utilisateurs grâce à sa voix enchanteresse et ses chansons. Hélas, une bête monstrueuse menace le bon fonctionnement de ce monde virtuel. Suzu va donc enquêter pour dévoiler l’identité de cette créature aussi fascinante que dangereuse.
En prenant le parti de placer ses personnages au XXIème siècle, Hosoda permet de dépoussiérer le mythe de la Belle et la Bête. Ainsi, le monde de U représente l’univers merveilleux dans lequel évolue la Bête et permet de renforcer la différence entre le monde réel qui lui est synonyme d’ennui voire de monotonie. De même, si l’on peut craindre le manque de surprises, compte tenu de sa libre adaptation du conte, Belle en est pourtant rempli et réussit à moderniser cette histoire de bien belle manière en abordant différents thèmes comme les dangers de la technologie ou même la volonté d’avoir confiance en soi.
Et c’est bien ?
Mamoru Hosoda, bien connu des fans d’animation japonaise pour ses films Summer Wars ou Miraï, ma petite soeur, livre avec Belle un très beau film. En choisissant de placer son intrigue dans deux environnements différents, le réalisateur enchaîne les fulgurances graphiques. Que cela soit dans le monde réel où les paysages de la campagne japonaise sont sublimes ou encore dans le monde de U, véritable délire visuel où tout est permis et notamment durant les concerts de Belle qui rivalisent de créativité en termes de mise en scène, le film est un vrai enchantement.
Le réalisateur prend le parti de faire de son monde virtuel, un espace bienveillant, bien loin de la représentation négative que l’on peut voir le plus souvent dans la culture populaire. Si le monde de U n’est pas exempt de trolls et autres personnes négatives en tout genre, ce n’est pas l’aspect que Mamoru Hosoda met en valeur. Il préfère se concentrer sur les bienfaits que peuvent apporter une communauté soudée et bienveillante et les miracles qu’elle peut accomplir.
Impossible également de ne pas s’attacher aux personnages qui possèdent un capital sympathie élevé. Suzu, l’héroïne représente l’archétype de la jeune fille timide et peu sûre d’elle. Ébranlée par des drames personnels qui lui ont enlevé sa confiance en elle, le monde de U lui permet de retrouver goût à la vie et à sa passion dévorante pour la musique. Pour protéger son identité secrète, Suzu pourra compter sur sa meilleure amie Hiroka. Véritable génie de l’informatique, l’étudiante est une véritable pile électrique et offre les meilleures répliques du film aux spectateurs grâce à son caractère fort et sa volonté d’aider son amie.
L’un des autres protagonistes de cette histoire, c’est la bête qui hante le monde virtuel de U. Criminel recherché aux motivations mystérieuses, il va pourtant tomber sous le charme de Belle l’alter ego virtuel de Suzu et va créer, avec elle, une relation qui changera leurs vies. Tous les personnages secondaires ne sont pas en reste et apportent une touche de fraîcheur à l’ensemble.
Une adaptation française réussie
Impossible de ne pas parler, également, des magnifiques chansons du film. Adaptées en français par Cécile Corbel (qui avait composé les chansons pour le film Ghibli : Arietty et le Petit Monde des Chapardeurs), elles donnent une dimension encore plus magique au long-métrage. Bien qu’elles ne fassent pas forcément avancer l’histoire, elles bénéficient d’orchestrations soignées et de la voix de la comédienne et chanteuse Louane, qui double le personnage avec talent autant dans les parties parlées que dans les moments musicaux.
Le reste du casting vocal du film permet au spectateur de s’immerger totalement dans le film et les plus attentifs ou les fans de doublage pourront reconnaître les voix de Florent Dorin (Le Visiteur du Futur), Félicien Juttner (ex-pensionnaire de la Comédie Française) ou encore Sarah Brannens (voix de Margot dans Moi, Moche et Méchant).
Véritable pépite visuelle, le nouveau film de Mamoru Hosoda est encore un pari réussi pour le réalisateur. Bénéficiant de chansons entêtantes, d’un casting vocal impeccable et d’une histoire prenante, Belle ravira petits et grands autant qu’il devrait contenter les fans d’animation japonaise.
Belle – Au cinéma le 29 décembre 2021
Réalisé par Mamoru Hosoda – Avec : Louane (Suzu/Belle), Florent Dorin (La Bête), Juliette Allain (Hiroka), Sarah Brannens (Luka), Félicien Juttner (Justin), Julien Frison (Kamishin)
Musique : Taisei Iwasaki, Ludvig Forsell, Yuta Bandoh, Miho Sakai ; Scénario : Mamoru Hosoda ; Montage : Shigeru Nishiyama