Critique : « CATS » à la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal du 8 au 13 mars 2022

Les Montréalais ont dû s’armer de patience avant de retrouver leurs félins préférés sur une scène de leur ville. 12 ans d’attente, rien de moins, pour revivre la magie du Jellicle Ball. Et ce n’est pas à n’importe quelle version qu’ils ont eu droit dans le cadre de cette tournée nord-américaine. CATS revient en force, près de 41 ans plus tard, dans une toute nouvelle mouture optimisée.

L’électricité était dans l’air hier soir lors de la première de CATS dans une salle Wilfrid-Pelletier bondée qui n’avait pas résonné au son des notes d’une comédie musicale depuis fort longtemps. Dans l’assistance, des fans fidèles, fébriles de revoir enfin leur spectacle préféré, mais aussi des novices, curieux de découvrir ce véritable phénomène planétaire qui a déclenché bien des passions au fil des décennies.

Une nouvelle version rafraichissante

Les puristes sourcilleront peut-être, chipotant sur son bien-fondé, mais difficile de ne pas être conquis par cette nouvelle version de CATS qui dépoussière subtilement ce grand classique. C’est simple, l’œuvre mythique d’Andrew Lloyd Webber ne semble pas avoir pris une ride grâce à d’habiles ajouts et modifications qui la rehaussent. On pense d’abord aux magnifiques chorégraphies de Gillian Lynne qui sont bien sûr toujours à l’honneur, mais à présent sublimées par les mouvements plus modernes qu’Andy Blankenbuehler (Hamilton) a su intégrer.

Les arrangements sonores ont également été remaniés, apportant un vent de fraicheur appréciable et des dynamiques différentes aux morceaux maintes fois entendus. C’est le cas notamment avec le retour au rock ‘n’roll de la chanson de Rum Tum Tugger qui s’harmonise beaucoup mieux avec la trame musicale. Le suave chat s’était mis au hip-hop depuis 2014. Idem pour les éclairages et les projections qui n’ont jamais été aussi scintillants. Le numéro de Mr. Mistoffelees s’en ressent à ce sujet grandement.

Une Grizabella époustouflante

Elaine Paige, Betty Buckley, Nicole Sherzinger… Plusieurs grandes chanteuses ont campé le rôle de Grizabella au fil des années. La chatte galeuse, qui a jadis connu la gloire, rejetée par ses pairs, propose les minutes les plus émouvantes du spectacle par son rôle très touchant. Dans le cadre de cette tournée nord-américaine, c’est Tayler Harris qui enfile ses habits. L’artiste américaine n’a pas à rougir devant celles qui l’ont précédée. Sa voix claire et puissante, adroitement dosée, est du miel pour les oreilles. Elle arrive aisément à passer des notes aiguës aux graves, nous tirant une larme au passage. Son interprétation du cultissime « Memory » est bouleversante.

Entre la nostalgie et l’émotion

Si cette chanson indémodable est le clou du spectacle, la magie n’opère pas qu’à ce moment. Le ballet incessant des danseurs sur la scène, leur agilité impressionnante et leur synergie saisissante captivent l’attention dès les premières secondes au fil des tableaux plus spectaculaires les uns que les autres. Des costumes à la mise en scène, tout est parfaitement ficelé pour en faire une œuvre toujours aussi pertinente. Ajouté à cela, le merveilleux message de solidarité et de rédemption au centre de l’histoire, tout comme le rappel important de célébrer le mystère et la magie de la vie malgré tout. Car tous ces chats ne sont pas si différents de nous. « Cats are very much like you ».

Crédit photo : Matthew Murphy