Critique : « Nosztalgia Express » de Marc Lainé

Temps de lecture approx. 4 min.

Embarquez pour un voyage à bord du Nosztalgia Express au Théâtre des Abbesses et replongez dans l’Europe de la fin des années 1960 sur fond de musique yéyé et de Guerre froide. Bienvenue dans une pièce entre comédie musicale et thriller ! 

Et c’est ainsi que l’enquête commence…

Le public est accueilli par un détective privé qui, en 1989, un verre à la main, l’invite à revivre l’affaire la plus étrange qu’il ait eu à élucider. Dans les années 1950, une jeune femme abandonne son fils sur le quai d’une gare après avoir croisé un homme dans le train.

1968. Danny Valentin est une vedette de la chanson yéyé en panne d’inspiration. Son manager, désespéré, tente le tout pour le tout pour le sortir de son inertie. Il engage un détective privé chargé de retrouver sa mère en espérant que cela l’aidera à pondre le nouveau single de l’année. Tout commence donc dans un studio de musique et le spectacle nous emmène dans un voyage de 2h45 jusqu’à Budapest en pleine Guerre froide.

Nosztalgia express1
© Christophe Raynaud de Lage

Un voyage dans un passé pas si lointain

Sur scène, neuf comédiens dans un décor qui ramène directement les soixante-huitards à leur jeunesse : papier peint à motifs géométriques orange et violet, et des cendriers de plastique dans les mêmes teintes. Les costumes sont également très fidèles. Le piano à queue au centre de la scène s’intègre parfaitement au décor et accompagne les chansons des personnages.

Toute la mise en scène a quelque chose de très cinématographique. Marc Lainé aime mélanger les genres, il commence d’ailleurs son spectacle par la projection d’un film. Le détective, son verre à la main, pourrait être tiré d’un film noir américain. Lors du récit du voyage de Simone Valentin, des photos en noir et blanc projetées emmènent le spectateur dans Budapest bombardé. Musique, photographie, cinéma et théâtre s’entremêlent dans un spectacle très original.

Le livret est d’une grande subtilité : l’intrication des temporalités répond à celle des formes artistiques. En 2h45, Marc Lainé nous fait rire et pleurer en nous racontant une petite histoire dans la grande. Histoire d’amour, quête personnelle, vengeance, fresque historique et enquête policière, c’est tout cela, Nosztalgia Express, et bien plus encore.

© Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Une « comédie mélancolique » en musique

Malgré sa durée, le spectacle passe sans qu’on ne regarde une seule fois sa montre ! Dès le début, le spectateur est embarqué dans le mystère Simone Valentin et se laisse emmener bien plus loin que ce à quoi il aurait pu s’attendre. Le rythme de la pièce n’est pas celui que l’on retrouve dans la plupart des comédies musicales avec des chansons qui s’intercalent de manière régulière à l’action. Dans Nosztalgia Express, les chansons sont plutôt rares dans toute la première partie du spectacle et deviennent de plus en plus nombreuses par la suite.

Le récit que fait le détective de son voyage en Europe de l’Est est un habile prétexte pour intercaler des passages chantés. Les chansons sont rarement chorales. Elles servent davantage à exprimer les pensées et sensations d’un personnage en son fort intérieur : la peur de Simone Valentin en arrivant à Budapest ou l’amour refoulé de Daphné.

Les acteurs se relaient au piano lorsqu’ils ne sont eux-mêmes en train de chanter. Convaincants dans leur(s) rôle(s), ils posent des personnages complexes, tiraillés par leurs rêves et leurs démons. Du militaire apeuré au chanteur fragile et perdu, en passant par le détective sans scrupules et l’assistante franche et déterminée, impossible de retenir un nom et un rôle plus qu’un autre : chacun est à sa place et tous sont magnifiques sur scène.

Où commence l’histoire, où se termine la fiction ? Voilà comment pourrait être résumée cette pièce qui ne répond pas à toutes les questions qu’elle pose et on l’en remercie ! Marc Lainé a trouvé le dénouement idéal à son histoire si riche et ouvragée. Nosztalgia Express est un petit bijou à découvrir sans attendre !

Après son passage au Théâtre de la Ville à Paris, la pièce sera, entre autres, présentée en 2023 au Théâtre de la Passerelle à Gap, au Théâtre des Célestins à Lyon et au CDN d’Angers. 

Nosztalgia Express
Image de Segolene Boulai

Segolene Boulai

Après une enfance bercée par les claquettes de Fred Astaire et la voix de Marnie Nixon, mon amour de la comédie musicale nait lors d'un inoubliable passage à Broadway pour voir "Matilda". Dès la fin du voyage, je me mets à grappiller toutes les informations possibles sur ce genre idéal pour moi qui ne veux pas choisir entre la danse, le théâtre, la musique et le cinéma. L'arrivée à Paris est l’occasion de découvrir la place croissante du spectacle musical en France, au-delà de tout ce que je soupçonnais. Et here I am ! ayant à cœur de partager toujours davantage cette passion, je rejoins l’équipe de Musical Avenue en 2021.
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