Ottawa n’a en ce moment pas à rougir devant sa voisine du sud. Broadway s’invite dans la capitale nationale jusqu’à la fin juillet avec la tournée nord-américaine d’Hamilton. Les représentations ont démarré en grande pompe mercredi soir dans une Salle Southam du Centre national des Arts pleine à craquer.
C’est la comédie musicale dont tout le monde parle depuis ses débuts à New York en 2015. Récompensée 11 fois aux Tony Awards, elle a même déjà eu droit à une captation disponible depuis deux ans sur la plateforme Disney. Alors quand on a la chance qu’elle s’arrête dans une ville près de chez soi, il faut la saisir. Au moins, pour en avoir le cœur net. Est-ce un réel phénomène musical ou sa popularité serait plutôt un effet de mode ? L’expression résume tout : il faut le voir pour le croire !
Un véritable tour de force
Inspirée de la vie d’Alexander Hamilton, l’un des pères fondateurs des États-Unis d’Amérique, la pièce est un vériable tour de force à plusieurs niveaux. Le pitch n’a rien pour attirer les foules et c’est pourtant ce qu’a réussi à faire Lin-Manuel Miranda en adaptant pour la scène cette histoire méconnue, teintée de trahison et de scandales. Signant le livret, mais aussi les paroles et la musique, il n’a pas hésité à mélanger rap, RnB et hip-hop. Que l’on soit fan ou non de ces styles musicaux, on ne peut que se laisser prendre au jeu par les performances surprenantes et l’originalité de la mise en scène.
Originalité et mélange des styles
Contrairement à des tableaux distincts associés à une chanson à la fois, Hamilton imbrique airs, dialogues, décors, jeux de lumières et chorégraphies dans une multitude de scènes qui s’enchainent presque non-stop. Aucun temps mort dans ce spectacle pourtant long (2h45 avec entracte) et pratiquement aucune pause pour les artistes qui sont en perpétuel mouvement, aidés par le plancher tournant de la scène. Ils débitent à vive allure leurs dialogues. Si on a parfois du mal à les suivre, eux ne se relâchent pas. Chaque détail est coordonné à merveille et avec une précision qui laisse pantois. Quelques solos et morceaux plus doux se démarquent aussi de la pièce. Tantôt hilarants (« You’ll Be Back »), tantôt poignants (« It’s Quiet Uptown”), ils sont les bienvenus pour ralentir le rythme endiablé des performances.
Une distribution à la hauteur
Comme à son origine, cette production d’Hamilton jouit d’une distribution diversifiée qui donne l’exemple. De solides artistes forment cette troupe en tournée, faisant honneur à la réputation de ce spectacle désormais culte. Ils donnent corps et âme à leurs personnages assoiffés de rébellion. Totalement convaincants et investis dans leurs rôles, ils ont en plus chacun du coffre et une forte présence scénique. Ils ont d’ailleurs été chaleureusement acclamés par le public qui leur a même offert une ovation bien méritée.
Réinventant les codes du théâtre et bouleversant les conventions, Hamilton est décidément une comédie musicale innovante. Très contemporaine, malgré une histoire qui remonte à trois siècles, elle ne fait pas jaser pour rien. À voir absolument à Ottawa jusqu’au 31 juillet si vous en avez l’occasion !