L’emblématique comédie musicale La mélodie du bonheur revit en ce moment sur les planches du Théâtre St-Denis de Montréal avant de prendre la route pour Québec. Pendant tout le mois de décembre et jusqu’à la mi-janvier, les airs bien-aimés de cette œuvre signée Rodgers & Hammerstein font écho à la magie de Noël. Retour sur ce spectacle familial aux thématiques pourtant difficiles revisité par Gregory Charles.
Une nouvelle mouture québécoise
Grandiose, mais dans la sobriété. Voilà ce qui décrirait le mieux cette nouvelle mouture québécoise de La mélodie du bonheur que nous offre Gregory Charles. L’artiste et metteur en scène prolifique nous livre une version fidèle au film de 1965 avec Julie Andrews et Christopher Plummer (hormis les textes qui proviennent de l’adaptation scénique) où les talents vocaux éclipsent les quelques longueurs du livret. Appuyé par des jeux de lumière éblouissants et une habile recréation des décors grâce à des images projetées sur des écrans à l’arrière de la scène, le chant est la grande star du spectacle. Il faut dire que la musique est la spécialité première de Gregory Charles qui maîtrise pratiquement tous les instruments. Et c’est d’ailleurs la musique qui change le destin de la famille von Trapp.
Des chants en chœur
Habitué des chorales, le musicien aguerri apporte ce petit quelque chose en plus au spectacle. Les chants en chœur, notamment ceux des religieuses, comptent parmi les plus beaux moments de la soirée. En Mère Abbesse, l’artiste lyrique Monique Pagé (Albertine en cinq temps – l’opéra) nous donne littéralement des frissons avec sa présence et sa voix qui véhiculent force et bienveillance. Les airs entonnés à l’unisson par les sept enfants sont quant à eux très rafraichissants et bien maîtrisés. Ils reproduisent à merveille cet aspect si attachant de l’œuvre.
Une Maria époustouflante
Pour incarner le rôle mythique de Maria, une voix, un caractère et un charisme uniques sont nécessaires. Ils ont été trouvés en la personne de Klara Martel-Laroche. La jeune soprano québécoise passe de candide à assumée tout au long de la pièce avec toujours beaucoup de charme et d’aisance. Sa voix puissante est saisissante et son jeu est tout en finesse. C’est LA révélation du spectacle auquel elle apporte ce côté pétillant si important. Car La mélodie du bonheur est avant tout une leçon sur la force de vivre et d’avancer, même dans les moments les plus sombres de l’histoire. À ses côtés, Éric Paulhus nous dévoile un Capitaine von Trapp plus jeune, mais tout aussi autoritaire. Son jeu subtil nous permet de découvrir progressivement un personnage en réalité sensible et humain aux valeurs nobles.
Entre nostalgie et bonne humeur, La mélodie du bonheur nous fait passer d’une émotion à l’autre. Cette nouvelle version conserve l’esprit bon enfant de l’œuvre, mais n’est-ce pas ce que l’on recherche en la voyant ? Celle-ci nous réserve aussi son lot de surprises. Le grand voile qui effleure la tête des spectateurs au parterre pour se rendre jusqu’à la scène est à ce sujet un joli clin d’oeil à l’immense traîne de Maria dans la scène du mariage du film. Visuellement magnifique, c’est un privilège d’avoir ce spectacle en ce moment dans la métropole. Il est d’ailleurs également présenté en anglais à certaines dates ; Gregory Charles ne faisant jamais les choses à moitié. À ne surtout pas rater !
Crédit photo : Eric Myre