Mon Age d’Or est de retour au Théâtre de L’Essaion jusqu’au 30 mars 2024. L’occasion pour les absents de découvir ce joli spectacle qui a beaucoup à donner.
Artiste depuis toujours, Nathalie Akoun fait appel à ses souvenirs le temps d’une création musicale et autobiographique. Mon âge d’Or est l’une de ces propositions très personnelles mais universelles grâce au patrimoine rappelé. A découvrir jusqu’au 09 mai 2023 au Théâtre Essaïon, avec beaucoup de plaisir.
A chacun son âge d’Or
Ce qu’elle désirait le plus au monde, c’était de devenir une saltimbanque et de monter sur scène. Nathalie Akoun fut donc littéralement appelée par le théâtre. L’Age d’Or d’Ariane Mnouchkine, spectacle mythique des années 1970, fut la révélation de sa vie et guida son parcours jusqu’à embrasser le métier d’artiste et fonder sa compagnie théâtrale : La compagnie des Madones avec Olivier Cruveiller.
Dans Mon âge d’Or, on ne parle pas de n’importe quelle enfance. On parle d’une fillette élevée dans une famille juive pied noire dans les années 1960. On évoque les souvenirs des premiers amours non partagés, les week-ends familiaux à la fête de « l’Huma », les samedi soir passés devant l’émission de télé Numéro 1, le rêve de faire un jour partie de la troupe du Big Bazar. On parle avant tout d’une vocation, celle d’une enfant fascinée et ancrée dans cette société culturelle florissante.
Il y a un je ne sais quoi de Peter Pan dans tout ça ; la nécessité de ne pas voir son enfance derrière soi. Nathalie Akoun le dit elle-même : avoir autant aimé son enfance fait qu’il est parfois douloureux de s’y replonger. Et pour l’artiste, la madeleine de Proust est musicale.
Le pouvoir de la musique
Nous sommes plongés dans le noir et très vite appelés par le récit d’une certaine nostalgie. Sur « Trois petites notes de musique » de George Delerue / Henri Colpi, le violon a ce pouvoir et ce sont les premiers souvenirs qui reviennent. Nathalie Akoun arrive sobrement et prépare sa scène avec quelques accessoires. La mise en scène est à l’image du ton donné au récit : énergique, directe et sans fioritures.
Nathalie Akoun détricote ses souvenirs en musique et chaque chanson s’annonce comme un point d’étape d’une route riche mais parfois un peu longue. Chacune des partitions est l’occasion d’ouvrir un chapitre de sa vie et servir de témoin à une mémoire jamais complaisante ni dans le ton du « c’était mieux avant ». Et quelques uns de ces interprètes s’invitent à cette soirée ! Boris Vian, Julien Clerc, Serge Rezvani, Maxime Leforestier ont trouvé grâce chez Nathalie Akoun. Elle profite de ces fabuleux titres pour nous faire découvrir sa jolie voix, parfois un peu trop prise par l’émotion. Nous lui pardonnons, c’est plutôt un sans-faute dans l’ensemble.
Pour l’accompagner dans son histoire, deux musiciens : Vincent Leterme (au piano) et Laurent Valero (aux flutes et violon) occupent une place importante, changeant de casquettes selon la musique jouée. C’est avec complicité et drôlerie qu’ils projettent une générosité et un amour de l’autre palpable de tous. Quant à Nathalie Akoun, sa prestation prend tout son sens sur « L’Age d’Or » de Léo Ferré. La perfection dans l’émotion.
En dévoilant son histoire, c’est à nous tous que Nathalie Akoun s’adresse en nous invitant à nous plonger dans notre propre âge d’or.
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