Après cinq ans de réflexion et d’écriture, Blat’s a été présenté pour la première fois le 8 juin à la Péniche Opéra à l’occasion des Découvertes Diva 2009. Sur une idée originale de Vartoch (alias Michel Huyery), qui s’est fait aider pour l’occasion d’Algar de Nordouac pour le livret et de François Debaecker pour les musiques, Blat’s met en scène six personnages loufoques dans un musical déjanté. Pour notre plus grand plaisir !
Le musical est centré autour des expériences du professeur Blat’s, un chercheur employé par les laboratoires du professeur Desfeuer. Après la mort de ce dernier lors de l’explosion mystérieuse de son laboratoire, c’est son épouse Wande qui prend la direction des opérations, alors qu’elle vient d’hériter des 20 millions d’euros laissés par son défunt mari. Celle-ci décide de couper les crédits de recherche du docteur Blat’s, qui a toutes les peines du monde à poursuivre ses travaux sur son insecticide révolutionnaire. Ainsi, certains employés un peu trop curieux vont ingérer le contenu de quelques fioles et subir des effets secondaires inattendus.
- Wande alias Isabelle Ferron (Les Misérables, Un Violon sur le Toit) incarne la veuve allemande psychorigide qui se transforme en punaise
- René alias Edouard Thiébaut (Le Soldat Rose, Chance), un coursier qui "fofote" devient un moustique à l’accent québecquois
- Valentine alias Sandrine Seubille (Un Violon sur le Toit, Fame), une secrétaire pas bien belle se transforme en une féroce et envoûtante araignée
- Bernard alias Fabien Lagarrigue (Fée en Panne Cherche Plombier) est un comptable obsédé sexuel qui devient un morpion
- Maïté alias Kathy Deruelle est une femme de ménage aigrie qui se transforme en mouche super-héros qui parle verlan
- Le docteur Blat’s alias Vartoch lui-même le chercheur fou devient cafard
Servi par un casting dynamique et talentueux, ce qui semble être une constante pour les lectures Diva, Blat’s nous plonge dans un univers décalé complètement loufoque. A noter que les artistes sont accompagnés par un narrateur (que je n’ai pu identifier) et un pianiste, François Debaecker lui-même. Précisons qu’une bande son assez travaillée accompagne les chansons du spectacle et le piano, ce qui n’est que trop rarement le cas dans ce genre de productions modestes. La lecture n’était que peu ou pas mise en scène et certains accessoires suggéraient des costumes. Le narrateur avait pour mission de planter le décor et de suggérer les éléments d’ambiance.
Si la première partie de l’histoire est assez bien huilée et semble à peu près finalisée, la partie post-transformation est à l’évidence toujours en cours d’écriture. On attend donc de découvrir davantage de la deuxième partie du spectacle, dont l’intrigue se résume à voir Valentine l’araignée poursuivre René le moustique, pour le dévorer, et Maïté la mouche essayer de protéger ce dernier. L’attitude de Valentine, la seule qui soit ravie de sa transformation, sera déterminante car elle menace d’user de l’insecticide du docteur Blat’s dès lors que celui-ci propose de travailler à annuler les effets des potions.
Le spectacle se termine un peu brutalement, laissant le spectateur user de son imagination pour choisir sa fin, et on espère qu’un vrai dénouement sera proposé par les auteurs de ce spectacle prometteur. Afin de pouvoir retranscrire sans narrateur cette ambiance déjantée, il faudra également sans doute miser énormément sur la mise en scène, les décors et les costumes. Mais nul doute que Vartoch saura s’accompagner d’excellents collaborateurs, comme il a pu le faire sur les textes et la musique, si son projet débouche sur une production digne de ce nom.
Vartoch propose un univers très original pour son musical, dont le texte très efficace utilise énormément de références à la culture populaire française (un hommage hilarant à Françoise Hardy, par exemple). Le spectacle comporte finalement assez peu de chansons, essentiellement des solos, mais accompagnés de chœurs déjà admirablement travaillés et aboutis, malgré le peu de répétitions. A l’évidence, les artistes se sont beaucoup amusés pendant la représentation et la salle semble avoir adhéré à l’ambiance proposée par la troupe, en témoignent les réactions hilares provoquées par les différents tableaux. Espérons, comme pour les autres, que ce musical trouve preneur et propose une deuxième partie de spectacle qui soit digne du rythme et de la qualité du début !
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