La semaine dernière, l’adaptation cinématographique de la comédie musicale Mean Girls sortait sur nos écrans. Nous sommes plusieurs à s’être précipité.e.s dans les salles obscures pour vous livrer nos impressions.
North Shore High School nous ouvre ses portes pour la troisième fois. Tout d’abord il y a le film Mean Girls (Lolita malgré moi en français et Méchantes Ados en québecois), réalisé par Mark Waters et écrit par Tina Fey, d’après le livre Queen Bees and Wannabes de Rosalind Wiseman. Nous sommes en 2004, la distribution comprend Lindsay Lohan, alors au sommet de sa gloire, la star montante Rachel McAdams et une toute jeune Amanda Seyfried. Le film atteint rapidement le statut de teen movie culte.
Quatorze ans plus tard, Mean Girls arrive à Broadway, toujours sous la plume de Tina Fey. Si les critiques sont mitigées, la comédie musicale trouve son public, notamment auprès des jeunes spectateur.rice.s. Le spectacle tient finalement l’affiche deux années consécutives avant d’être frappé par la pandémie. Mais l’engouement autour de ce spectacle est tel que Tina Fey, encore elle, décide de faire une adaptation cinématographique de son adaptation scénique. (Ça va ? Vous arrivez encore à suivre ?). Celle-ci est réalisée par Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. qui signent ici leur premier film.
Une adaptation au cinéma d’une comédie musicale à succès étant toujours un petit événement, nous nous sommes précipité.e.s pour découvrir ce nouveau film. Si nous sommes globalement d’accord sur la finalité, ce n’est pas toujours pour les mêmes raisons… Quatre chroniqueur.euse.s se sont prêté.e.s au jeu, voici leurs impressions.
L’avis de Florian :
À l’annonce de ce remake d’une de mes comédies préférées, j’étais véritablement perplexe. Grand mal m’en a pris tant Mean Girls – Lolita malgré moi est une très bonne surprise. Certes le film n’est pas un chef d’œuvre mais il réadapte son matériau de base avec beaucoup de malice tout en le réactualisant pour les jeunes générations adeptes des réseaux sociaux et de l’hyperconnectivité.
J’ai personnellement beaucoup aimé les numéros musicaux à la réalisation dynamique et qui permet d’approfondir les personnages de façon intelligente.
Mean Girls – Lolita malgré moi n’est pas le film de l’année, mais demeure un excellent divertissement de très bonne facture qui permettra aux plus jeunes de découvrir cette histoire et aux moins jeunes de se prendre un shot de nostalgie tout à fait plaisant et agréable. So fetch !
L’avis de Stephany :
N’ayant jamais vu le film d’origine de 2004, j’étais plutôt enthousiaste à l’idée d’aller voir cette adaptation de la version comédie musicale que j’avais adoré découvrir à Broadway. Cette influence m’a sans doute joué des tours car je n’ai eu de cesse de comparer, alors qu’il est évident qu’un film de deux heures n’a rien de comparable avec un show scénique de 2h30.
Les chansons et orchestrations que je connaissais par cœur ont été déclinées de façon très différente pour que l’intrigue puisse être mise en valeur avec une réalisation efficace. C’est compréhensible, et pourtant cela m’a dérangée de ne pas retrouver la férocité de grands numéros comme « Apex Predator » ou « Revenge Party ». Il n’en reste pas moins que le film reste séduisant grâce à ses clins d’œil et à des interprétations réussies de Renée Rapp et Auli’i Cravalho.
L’avis de Romain :
Mon histoire avec la comédie musicale Mean Girls est un peu compliquée. Si elle est sympathique, je trouve qu’il y avait le potentiel de faire bien mieux. J’étais donc un peu sceptique à l’idée de ce film qui s’est pourtant révélé une agréable surprise et m’a presque réconcilié avec le spectacle.
Le livret, hyper fidèle au film d’origine avec un rythme très cinématographique et peu adapté au théâtre, prend plus de sens sur grand écran où l’enchaînement de scènes très courtes n’est pas du tout dérangeant. Cette transition permet également de mettre l’accent sur l’aspect virtuel des relations entre les adolescent.e.s et c’est là que réside la plus-value de ce film. Beaucoup de choses ont changé depuis 2004 et refaire Mean Girls en 2024 sans intégrer cette dimension n’aurait pas de sens. Autre valeur ajoutée de ce scénario : le passif entre Regina et Janis est mieux développé ce qui vient étoffer le rôle de cette dernière. Auliʻi Cravalho y est d’ailleurs excellente.
La partition, que je trouve assez inégale, gagne un peu en cohérence grâce à de nouveaux arrangements collant ainsi plus avec l’histoire racontée. Au final, sur pas mal de point, cette adaptation cinématographique permet de corriger les défauts du spectacle. Si les coupes effectuées dans les chansons ont fait couler beaucoup d’encre, elles sont plutôt justifiées. À l’exception des couplets de Gretchen et Karen dans « Meet the Plastics » (une omission impardonnable) je n’ai rien regretté. Il y a même un long moment sans chansons, et je me suis rendu compte que ça ne me manquait pas. C’est donc là que le bas blesse dans cette comédie musicale : sur scène comme à l’écran, les chansons n’apportent pas grand chose à l’histoire.
Au final, ce Mean Girls ne révolutionne pas le genre, mais reste néanmoins un bon divertissement avec une belle distribution. Mention spéciale pour la Karen d’Avantika Vandanapu.
L’avis de Ségolène :
N’ayant jamais vu le film de 2004, j’avais peur que la version 2024 regorge de références qui m’auraient empêchée de profiter du film. Tel n’est pas le cas. La version musicale fonctionne très bien en elle-même et est la garantie d’une soirée drôle et cruelle entre amis !
En découvrant la bande-son du film en amont, les réarrangements très pop des chansons, bien loin de leur couleur Broadway, m’avaient dérangée. Pourtant, ceux-ci s’intègrent finalement bien à la narration cinématographique (à l’exception de la chanson « Stupid With Love » qui perd toute sa saveur dans le film). Je demeure cependant déçue de la disparition de certains morceaux du spectacle et peu convaincue par les chansons composées expressément pour le film comme « What Ifs ». J’ai, par ailleurs, trouvé dommage le côté très « clip » de certains numéros où les chansons deviennent un arrière-plan sonore dont les paroles se perdent dans l’abondance visuelle.
Si ce n’est sans doute pas un chef d’œuvre de film musical, Mean Girls demeure une proposition inventive, plaisante et efficace. Auli’i Cravalho et Jaquel Spivey sont excellents dans leurs rôles de Janis et Damian. On aurait cependant aimé une Regina George (Renée Rapp) plus cruelle et une Cady Heron (Angourie Rice) plus tranchée. On apprécie qu’il ne s’agisse pas d’une simple pièce filmée en décors naturels, mais que le film explore les possibilités offertes par le média cinématographique. Il regorge notamment de belles trouvailles dans l’introduction des numéros musicaux avec une utilisation intelligente des réseaux sociaux. Loin du désastre auquel on aurait pu s’attendre, Mean Girls ouvre d’agréables perspectives pour les films musicaux en 2024.
Et vous, avez-vous vu le film ? Si oui, n’hésitez pas à nous partager votre avis !