À l’occasion du retour de Love Circus aux Folies Bergère, à partir du 21 avril, pour une vingtaine de représentations, nous avons rencontré son metteur en scène, Stéphane Jarny. Avec nous, il a accepté de revenir sur tous les aspects de son métier mais aussi sur le marché actuel du spectacle musical en France.
Musical Avenue : Vincent Heden, Marie Facundo, Lola Ces, Alexandre Faitrouni : Existe t-il un clan Jarny ?
Stéphane Jarny : Non, juste une envie de partager des aventures artistiques, humaines avec des gens que je trouve très talentueux. Au-delà de ça, avoir des gens qui s’entendent tellement bien sur scène, amène une certaine proximité avec le public. Au bout de deux ou trois spectacles avec certains, on se connaît tellement bien, que ça permet de se surpasser, d’aller plus loin sur de nouveaux territoires et surtout de se surprendre, donc de surprendre le public. À chaque fois que je leur ai proposé un projet et qu’ils ont répondu présent, c’était un honneur parce que c’est un plaisir jubilatoire.
M.A. C’est la première année depuis Salut les Copains, qu’il n’y a pas de création de Stéphane Jarny. Pourquoi ?
S.J. Au bout de trois spectacles sur trois années consécutives, il fallait que je fasse un petit break. J’ai une carrière aussi en parallèle dans d’autres domaines et j’avais envie de donner de l’intérêt à ça. Au bout de trois paris à relever, c’est un enjeu. Il y a beaucoup d’offres de spectacles et les gens ont de moins en moins de moyens. Ils deviennent donc – et c’est tant mieux – plus sélectifs. Il me semble aussi que Love Circus est aussi l’aboutissement d’une rencontre avec Lagardère (la production, ndlr), avec les Folies Bergère, avec un format et avec l’utilisation d’un répertoire musical connu. Je trouvais que Love Circus était déjà la conclusion d’un cycle. J’avais peur d’entrer dans un confort et ne plus me renouveler. Je n’avais plus d’idées.
M.A. Est-ce aussi parce que ça revient cher de produire un spectacle et par les temps qui courent, il vaut mieux rentabiliser une création de l’année précédente, comme ça a été le cas avec Salut les copains ?
S.J. Quoi qu’il arrive, oui ça coûte cher…
M.A. Ça coûte combien d’ailleurs ?
S.J. Il faudrait poser la question à la production car je ne suis pas la personne la plus adéquate pour répondre à ce genre de questions. Je vais certainement dire des bêtises donc je m’en passerai. Tout spectacle coûte cher dès l’instant où on a envie de mettre des choses de qualité par respect du public ; c’est-à-dire : de beaux costumes, un beau casting, de beaux éclairages. Donc tout ça a un prix et c’est un investissement. Mais aujourd’hui, le prix d’un ticket pour aller voir un spectacle aux Palais des Sports ou aux Folies Bergère est le même. On est donc obligé d’offrir aux spectateurs un spectacle qualitatif. Les raisons pour lesquelles je ne suis pas revenu avec un nouveau spectacle ne sont pas une question d’ordre budgétaire, ni économique. C’est que je n’avais pas d’idées : ni plus, ni moins.
M.A. Pourquoi avez-vous mis en scène uniquement des comédies musicales ? Peut-on s’attendre à voir un ballet signé Jarny ?
S.J. Je ne vais pas dire non, car ma carrière a toujours été faite sur des rencontres un peu inattendues et sur des propositions qui m’ont plu et interéssé. Je me sens à l’aise dans le format spectacle musical populaire "feel good". Dans des temps difficiles, le fait que les gens viennent et prennent deux heures de paillettes et d’amusement, c’est un défi. De plus, et c’est la force du livret de Stéphane Laporte et D’Agnès Boury, certains peuvent y voir une deuxième lecture avec une certaine profondeur et de l’émotion.
M.A. Y aura t-il une nouvelle création de Stéphane Jarny l’année prochaine ?
S.J. Oui, c’est déjà signé mais pas avec Lagardère. Ce sera Saturday Night Fever au Palais des Sports. On est en train de faire passer les castings.
M.A. Il y a quelques temps, on vous a vu en juré dans une émission de danse (Got to dance sur W9, ndlr). Avez-vous apprécié l’exercice ou n’est-ce pas vraiment pour vous ? Le referez-vous ?
S.J. Le refaire, je ne sais pas mais en tout cas l’exercice m’a plu. C’est une production avec laquelle je travaille beaucoup, Shine. Ils m’ont proposé d’être jury. J’ai été très long à donner ma réponse. Je l’ai donnée une semaine avant le début du tournage. Montrer ma tête à la télé n’est pas forcément une volonté première. J’existe en dehors de ça. J’ai dit oui car je me sentais avoir la crédibilité pour le faire, c’est à dire que j’avais la possibilité d’avoir un regard sur la danse et d’être le garant de la technique. Je me sentais légitime. On ne me demandait pas d’interpréter un personnage qui est loin de ce que je suis dans la vie donc j’ai accepté l’exercice. Je connais bien la télé. Je partage beaucoup d’aventures avec la production donc j’étais à l’aise. Il y avait dix jours de tournage répartis en huit émissions, ça n’a donc pas été très contraignant. J’ai beaucoup aimé arriver sur un plateau télé sans savoir ce que j’allais voir, alors que d’habitude, c’est plutôt moi qui fait ce qui va être montré. Donc oui, j’ai pris énormément de plaisir. Si d’autres occasions se présentent, suivant mon planning : pourquoi pas ? Mais je n’ai pas envoyé mon CV pour solliciter les productions sur des jurys à venir.
M.A. La "légende" dit que vous avez commencé dans les comédies musicales télévisées de Dorothée. Est-ce comme ça que vous avez pris goût au genre ?
S.J. Ce n’était pas des comédies musicales mais des émissions télé qui, à l’époque – comme ça, vous allez voir mon âge (rires) – avaient lieu le jeudi après-midi, jour de repos des enfants. Vous voyez, ça remonte ! J’étais donc danseur sur ses &eac
ute;missions. J’en garde un très bon souvenir. J’ai eu l’occasion des années plus tard de chorégraphier son retour à l’Olympia. C’est un peu comme si la boucle était bouclée. C’était un plaisir. Aujourd’hui mes activités vont tellement au-delà de la chorégraphie. Je me sens tellement ailleurs qu’en étant juste danseur ou juste chorégraphe… Bon, danseur : C’est fini. Il y a un moment ou il faut savoir s’arrêter !
ute;missions. J’en garde un très bon souvenir. J’ai eu l’occasion des années plus tard de chorégraphier son retour à l’Olympia. C’est un peu comme si la boucle était bouclée. C’était un plaisir. Aujourd’hui mes activités vont tellement au-delà de la chorégraphie. Je me sens tellement ailleurs qu’en étant juste danseur ou juste chorégraphe… Bon, danseur : C’est fini. Il y a un moment ou il faut savoir s’arrêter !
M.A. Vous vous sentez prisonnier quand vous ne faites que de la chorégraphie ?
S.J. Pas du tout ! Je me sens juste très chanceux d’avoir le choix aujourd’hui. Entre mes activités dans l’événementiel, la télé ou le spectacle, j’ai la possibilité de dire non et de choisir les projets qui me plaisent. Je fais les spectacles et émissions télé que j’ai envie de faire. Quoi rêver de mieux ?
Love Circus d’Agnès Boury et Stéphane Laporte
A partir du 21 avril 2016
aux Folies Bergère
32 rue Richer
75009 Paris
Réservation dans les points de ventes habituels
Mise en scène et directeur artistique : Stéphane Jarny, Assistante à la mise en scène : Patricia Delon, chorégraphe : Emilie Capel, Directeur de casting : Bruno Berbérès, Stylisme et création costumes : Vanessa Coquet et Cécilia Sebaoun, Création Décors : Stéphanie Jarre, Arrangements musicaux : Fred Pallem, Coach vocal : Nathalie Dupuy
Avec Vincent Heden, Lola Ces, Aurore Delplace, Fanny Fourquez, Alexandre Faitrouni, Simon Heulle, Flo Malley et Marie Facundo