Ah, les fêtes de fin d’année ! Cette période magique où l’on a soudainement envie de s’installer sous un plaid moelleux, tasse de tisane fumante à la main. C’est aussi le moment idéal pour savourer des montagnes de gâteaux de Noël ou pourquoi pas, une crème glacée à la vanille… Le tout, en regardant des films qu’on connaît déjà par cœur mais qui nous font toujours autant de bien. La captation de She Loves Me pourrait bien devenir ce spectacle irrésistible que vous aurez envie de revoir, année après année…
She Loves Me a vu le jour à Broadway en 1963, puis à Londres en 1964, et a connu plusieurs reprises dans les années 1990, toutes accueillies avec succès. En 2016, elle a été la première comédie musicale de Broadway à être diffusée en direct, via le site BroadwayHD avant de trouver sa place dans quelques salles de cinéma.
L’histoire, adaptée de la pièce de théâtre Parfumerie de Miklós László, se déroule dans les années 1930 à Budapest. Deux employés d’une parfumerie, Amalia et Georg ne s’entendent pas du tout. Ils passent leur temps à se disputer, sans savoir qu’ils sont en réalité des correspondants anonymes à travers une série de lettres d’amour qu’ils échangent sans connaître l’identité de l’autre.
Au fil du temps, des malentendus et quiproquos alimentent les tensions entre Amalia et Georg, tandis que les autres employés de la boutique, dont la pétillante Ilona et le charmeur Kodaly, ajoutent une touche de comédie et de drame à l’intrigue.
Un charme intemporel qui résonne toujours
She Loves Me est souvent qualifiée de « bijou » dans l’univers du théâtre musical, et la version filmée du revival de Broadway ne fait que confirmer cette réputation. Mis en scène par Scott Ellis (également metteur en scène de Kiss Me, Kate et Tootsie), cette production atteint un équilibre parfait entre romance et comédie légère. Les moments comiques comme les échanges piquants entre Amalia et Georg sont d’une précision chirurgicale, mais c’est dans les moments plus calmes et introspectifs que la mise en scène de Scott Ellis brille le plus. Il laisse l’émotion s’installer progressivement, permettant au spectateur de s’attacher profondément aux personnages.
David Rockwell, en charge de la scénographie, a créé un environnement qui fait immédiatement voyager le spectateur dans les années 1930. La parfumerie Maraczek où se déroule la majeure partie de l’action, est un décor somptueux, rappelant l’élégance des vitrines de l’époque. Dès l’apparition de l’intérieur de la boutique (qui se fait de façon habile), on se retrouve émerveillé devant tant de couleurs et de détails. Le magasin devient presque un personnage à part entière, un lieu de rencontres et de secrets.
Le décor du Café Imperial, dans lequel le maître d’hôtel essaie de maintenir une « atmosphère romantique » pendant qu’Amalia attend impatiemment de rencontrer son correspondant, est lui aussi très raffiné. On oublie rapidement qu’il s’agit d’une scène de théâtre tant l’immersion est réussie.
Enfin, les costumes conçus par Jeff Mahshie, méritent aussi d’être salués. Chaque personnage a une palette de couleurs distinctes, en adéquation parfaite avec sa personnalité. Les tenues d’Amalia par exemple, reflètent son évolution au cours de la pièce, passant de robes modestes à des vêtements plus colorés et expressifs, en phase avec ses sentiments grandissants.
Une partition classique portée à son apogée
She Loves Me, avec des paroles de Sheldon Harnick et une musique de Jerry Bock, est souvent saluée pour sa partition sophistiquée et agréable à écouter. Cette production met particulièrement bien en valeur cette richesse musicale. Sous la direction de Paul Gemignani, l’orchestre composé d’une quinzaine de musiciens trouve un équilibre parfait entre vivacité et subtilité. Les chansons sont interprétées avec une justesse et une précision qui permettent de souligner la complexité émotionnelle des personnages, tout en maintenant le ton léger et romantique de l’ensemble.
Des morceaux comme « Tonight at Eight » et « Vanilla Ice Cream » sont des moments de comédie musicale pure, où texte et musique se mêlent harmonieusement pour exprimer l’excitation et les angoisses des personnages. La chanson-titre, « She Loves Me », est particulièrement marquante dans sa simplicité et son honnêteté, au moment où Georg prend pleinement conscience de ses sentiments.
Un casting d’exception
Laura Benanti, dans le rôle d’Amalia Balash, est époustouflante. Sa voix cristalline et agile se prête parfaitement aux exigences du rôle, notamment dans des numéros vocaux comme « Vanilla Ice Cream » et « Will He Like Me? ». Mais au-delà de sa technique vocale irréprochable, c’est sa vulnérabilité et sa joie communicative qui nous touchent. Elle rend Amalia plus qu’une simple figure romantique, elle en fait un personnage à la fois déterminé et délicat.
Zachary Levi, dans le rôle de Georg Nowack, est tout aussi impressionnant. Connu pour son charisme naturel et son sens de la comédie, il apporte à Georg une chaleur et une maladresse qui le rendent irrésistiblement attachant. Son interprétation de « She Loves Me » est un moment de pur bonheur théâtral. Levi maîtrise parfaitement l’évolution de Georg, passant d’un employé de parfumerie un peu sec à un amoureux transi, sans jamais forcer le trait.
Les rôles secondaires sont autant mémorables. Jane Krakowski est irrésistible dans le rôle d’Ilona Ritter. Elle brille dans des numéros comme « A Trip to the Library », où elle déploie tout son talent comique et sa vivacité scénique. Le regretté Gavin Creel, dans le rôle de l’intriguant Steven Kodaly, est aussi magnétique que charmeur, tout en rendant parfaitement les nuances toxiques du personnage. Mention spéciale à Byron Jennings dans le rôle du tendre M. Maraczek qui apporte une certaine gravité à l’histoire.
Un triomphe romantique et musical
Si She Loves Me est une comédie musicale ancrée dans un contexte historique spécifique, les thèmes du désir d’appartenance, de recherche de l’amour et des malentendus sont intemporels. Dans un monde où la communication passe de plus en plus par les écrans, cette histoire d’amour naissant à travers des lettres, pleine d’incertitudes et de surprises, résonne particulièrement avec notre époque.
Cette version filmée de 2016 capture parfaitement cette magie, non seulement grâce à la qualité des performances et de la production, mais aussi par l’utilisation soignée de la caméra. Les gros plans sur les visages des acteurs nous permettent de ressentir de près l’intensité des émotions.
She Loves Me est une réussite éclatante, portée par un casting de haut vol, une direction artistique soignée et une partition inoubliable. Pour les amateurs de comédies musicales et de romances à l’ancienne, ce revival est un incontournable à visionner d’urgence !