Alors que la tournée américaine se poursuit, les avant-premières de Legally Blonde, The Musical ont débuté dans le West-End à Londres le 5 décembre dernier, la première étant prévue pour le 13 janvier prochain. Musical Avenue a eu la chance d’assister à l’une de ces avant-premières… sous le signe du rose !
Du film à succès au musical
C’est le carton plein pour un spectacle qui est à l’affiche depuis moins de trois semaines : la vente de billets a déjà atteint la somme de 2 millions de livres sterling, témoignant d’un engouement sans précédent pour un show en passe de devenir le hit incontestable de la saison dans le West End !
À l’origine, Legally Blonde est un film basé sur le roman éponyme d’Amanda Brown sorti en 2001 (La Revanche d’une blonde en Français), qui avait notamment révélé l’actrice Reese Witherspoon dans le rôle d’Elle Woods. Ce long-métrage a généré plus de 140 millions de dollars de recettes au box-office, et sa suite (La Blonde contre-attaque) a rencontré un succès comparable.
C’est en janvier 2007 que le spectacle effectue ses premiers pas à San Francisco, avant d’être transféré à New-York d’avril 2007 à octobre 2008 (625 représentations), performances couronnées par sept nominations aux Tony Awards et une diffusion du spectacle sur MTV suivie par plus de 12 millions de téléspectateurs en octobre 2007. La chaine américaine a ensuite produit une émission de télé-réalité afin de trouver une remplaçante à Laura Bell Bundy, qui tenait le rôle principal à Broadway.
Un univers coloré pour une histoire décalée
Legally Blonde raconte l’histoire d’Elle Woods, une blonde très blonde qui est amoureuse folle de l’homme de sa vie, Warner. Alors qu’elle s’attend à une demande en mariage, celui-ci rompt brutalement, ses ambitions politiques s’accommodant mal d’une compagne blonde, pas assez sérieuse. Elle décide alors de prouver sa valeur à ses yeux en partant à la conquête de… Harvard !
Reprenant à la lettre le scénario du film, le musical exploite également ce qui faisait la force du long-métrage : cette conscience omniprésente de surfer sur des clichés exacerbés sur les blondes, offrant ainsi un second niveau de lecture décalé et même un peu cynique. Cette recette fonctionne à merveille dans le musical, et se fend même d’un regard amusé sur le genre, avec quelques clins d’œil par exemple dans les séquences romantiques.
Le livret passe en revue l’essentiel des préoccupations supposées d’une bimbo blonde, à savoir son apparence physique, son appartenance à une confrérie, la détection infaillible des homosexuels et ses connaissances en termes de permanentes capillaires, pour n’en citer que quelques-unes. C’est dans la joie et la bonne humeur qu’Elle va exploiter tous ces « talents » pour arriver à ses fins, et trouver son chemin dans la vie. Et on rit beaucoup !
Beaucoup de rose et un rythme d’enfer
Si l’univers est globalement très féminin, chacun trouve son compte dans l’humour décalé et l’univers déjanté créés par Heather Hach (livret), Laurence O’Keefe (musiques et paroles) et Nell Benjamin (paroles et musiques), sur une mise en scène et des chorégraphies modernes mais diablement efficaces de Jerry Mitchell (Hairspray, La Cage aux Folles). Le livret est extrêmement rythmé et ne donne que peu d’occasions de souffler, malgré quelques scènes un peu longues qui cassent un peu la fluidité de l’ensemble.
Legally Blonde fait la part belle aux chorégraphies, dans des tableaux hauts en couleurs. A ce titre, l’intrusion de notre blonde préférée dans le bureau des admissions de Harvard entourée de ses complices pom-pom girls est une des plus belles séquences du spectacle. Quant à la palme de la prouesse physique, elle revient sans contestation à l’ensemble qui exécute à la perfection une chorégraphie fitness avec des cordes à sauter au début du second acte.
L’ingéniosité et la grande mobilité des décors créés par David Rockwelle (Hairspray) donnent une fluidité étonnante au spectacle : on passe en quelques secondes d’un magasin de vêtements à un tribunal ou à une salle de classe, le tout par le biais d’ingénieux décors coulissants, ou émergeant de l’arrière de la scène et du sol. Bien entendu, la scénographie utilise à outrance la couleur rose, faisant de la pièce un monument à la gloire du kitsch.
Un très bon moment de divertissement
La partition très « pop » permet une très grande accessibilité du spectacle, ses mélodies entrainantes restant dans la tête longtemps après la fermeture du rideau. Le spectacle réhabilite également les thèmes musicaux, généralement très utilisés dans les musicals, mais quelque peu délaissés dans les productions récentes comme Wicked. Ainsi, les aventures d’Elle sont ponctuées par des reprises extrêmement fréquentes des chansons majeures du show, tout en proposant malgré tout pas moins de 17 titres « uniques ».
Comme toujours dans les productions anglaises, les artistes sont irréprochables : Sheridan Smith est formidable en blonde pas si cruche, Alex Gaumond est parfait en assistant amouraché, et l’ensemble des artistes est au diapason. Impeccables vocalement, étonnants dans le jeu et surtout dans les passages dansés, cette troupe offre énormément d’énergie aux spectateurs. Nous avons également noté une ambiance assez exceptionnelle pour un musical, la salle interagissant en permanence et à grands cris avec le déroulement de l’action et l’apparition des personnages.
Malgré un univers relativement singulier, Legally Blonde s’inscrit dans la lignée de Hairspray avec un objectif commun : combattre de façon humoristique des préjugés plus ou moins pénalisants, et l’objectif est très réussi. Si les aventures d’Elle Woods version musical n’en font pas réellement un show incontournable, c’est assurément une pièce qui fera passer un bon moment à tout curieux passant par le Savoy Theater.
Crédits photos : BroadwayWorld.com
Legally Blonde, The Musical, basé sur le roman d’Amanda Brown et sur le film éponyme de 2001.
Livret : Heather Hach – Paroles et musiques : Laurence O’Keefe et Nell Benjamin – Mise en scène et chorégraphies : Jerry Mitchell – Décors et scénographie : David Rockwell – Costumes : Gregg Barnes – Lumières : Kenneth Posner et Paul Miller – Orchestrations : Christopher Jahnke.
Avec : Sheridan Smith, Alex Gaumond, Duncan James, Caroline Keiff, Aoife Mulholland, Jill Halfpenny, Peter Davidson, Susan McFadden, Ibinabo Jack, Amy Lennox, Chris Ellis-Stanton, Emma Bateman, Tamara Wall, Nadine Higgin, Sorelle Marsh, Suzie McAdam, Roxanne Palmer, Sean Milligan, Ed White, Andy Mace, Matthew McKenna, Darren Carnall, Ed White, Dan Burton, Jane McMurtrie, Sherrie Pennington, Lucy Miller, Fabian Aloise and Francis Haugen
Au Savoy Theatre de Londres depuis le 5 décembre
Le site internet officiel : http://www.legallyblondethemusical.co.uk/