Alors que la rentrée littéraire bat son plein, il est temps de nous pencher sur le nouvel ouvrage de Jean-Luc Jélery. Cette fois-ci, le spécialiste des comédies musicales s’intéresse à l’Opéra Rock.
Professeur de l’histoire de la comédie musicale dans de nombreux centres de formations consacrés au genre, Jean-Luc Jéléry ne manque pas de mettre sa formation à profit pour coucher sur papier ses connaissances. Après un premier ouvrage, Le Musical, propos sur un art total, publié en 2012, puis réédité en 2015 dans une version augmentée, l’auteur sortait en décembre dernier un nouvel ouvrage. La rentrée littéraire bat son plein, une belle occasion pour faire un petit tour en librairie.
Qu'est-ce qu'un opéra rock ?
Dans Le Musical, propos sur un art total, l’auteur déconstruit longuement le genre qu’est la comédie musicale, avec ses spécificités et son histoire, de l’opérette viennoise aux « juke-box musicals » et autres fantaisies Disney. À titre d’exemple, trois œuvres, aux esthétiques très différentes, se voient consacrer un chapitre dédié, My Fair Lady, Cats et Grand Hotel. Dans ce dernier ouvrage, comme son titre l’indique, Jean-Luc Jéléry se consacre à l’étude de l’opéra rock. Si de nombreux travaux ont été menés sur la comédie musicale, rares sont ceux consacrés à ce style, et encore plus en français.
En guise d’introduction, le lieu commun « Mozart était la première rock star de l’histoire » est remis en question, le tout accompagné d’une analyse croisée de Mozart!, la comédie musicale allemande de Sylvester Levay et Michael Kunze, et de notre Mozart l’Opéra Rock national. L’étude de ces deux œuvres posent certaines questions qui permettent d’élargir sur un corpus conséquent d’œuvres que constitue le livre. Au fil des pages, l’auteur propose de définir ce qui se cache derrière le terme « opéra rock ». Terme souvent utilisé, mais jamais réellement expliqué, et faisant souvent office de bouclier aux personnes se défendant de faire de la comédie musicale (l’insulte suprême pour certain.e.s).
Du « concept-album » aux extravagances scéniques
De Starmania à American Idiot en passant par Rent ou encore Spring Awakening, les amateur.rice.s de comédies musicales des œuvres qui leurs sont chères, analysées avec passion, connaissances et un avis toujours très tranché (les amateur.rice.s du « franco-pop-genre », comme il l’appelle, risquent d’être un peu décontenancé.e.s face à certains de ses propos acerbes). Mais la richesse de cet ouvrage tient surtout dans les raretés qu’il fait découvrir. Entre de nombreux « concept albums » de groupes tombés aujourd’hui dans l’oubli, l’adaptation musicale d’Hamlet par Johnny Hallyday (si, si), les comédies musicales allemandes assez méconnues en France ou encore un Moby Dick interprétée comme un spectacle de fin d’année d’un internat britannique. Si vous cherchez des comédies musicales à découvrir, ce livre pourra vous donner quelques pistes, l’une des grandes forces de l’écriture de l’auteur étant sa capacité à donner envie d’écouter les titres qu’il évoque (ce qui nous fait fermer les yeux sur les coquilles typographiques).
Écrit pendant les confinements, à une époque où on ne savait pas encore quand les théâtres allaient rouvrir, Opéra Rock, mensonges & vérités est depuis sa sortie en plein dans l’actualité. La nouvelle version de Starmania va enfin voir le jour, Elisabeth s’est jouée tout l’été dans le cadre du Festival Bruxellons et des « revivals » de Tommy et Chess semblent être en projet. La preuve que l’opéra rock est un genre qui suscite encore un engouement auprès du public comme des producteurs, d’où l’importance de l’étudier afin de mieux comprendre ses spécificités et les possibilités qu’il offre, aux artistes comme au public.
Comme évoqué plus haut, les ouvrages français sur la comédie musicale sont rares, et encore plus ceux sur un genre précis, il serait donc dommage de bouder une telle initiative. Les amateur.rice.s averti.e.s trouveront sûrement de quoi satisfaire leur soif de connaissances à travers ces pages.