L’adaptation musicale du célèbre roman de Stephen King, considérée comme le pire ratage de toute l’histoire de Broadway, s’apprête à connaître une nouvelle vie dans une version remaniée.
C’est une légende que tous les amateurs de Broadway connaissent par cœur : Carrie est un musical culte dans l’histoire du théâtre américain qui doit sa célébrité à son échec retentissant.
Annoncée officiellement en 1986 – soit dix ans après l’adaptation cinématographique du roman, réalisée par Brian De Palma – la pièce débuta le 12 mai 1988 (après quatre semaines d’essais en Angleterre et 16 avant-premières à Broadway) pour fermer ses portes définitivement 5 représentations plus tard…
Une nouvelle production
Le 31 janvier 2012, le Lucille Lortel Theatre de New York accueillera une toute nouvelle production de Carrie the Musical.
Lawrence D. Cohen (scénariste du film), Dean Pitchford et Michael Gore (parolier et compositeur du film Fame), qui formaient déjà l’équipe créative de la pièce en 1988, se sont aujourd’hui associés à Stafford Arima, metteur en scène de Altar Boyz.
L’action de cette nouvelle version se déroulera de nos jours dans la petite ville de Chamberlain dans le Maine (état cher à Stephen King), et contera bien évidemment les exactions horrifiques et surnaturelles commises par Carre White.
Tête de turc de son lycée, l’adolescente vit sous le joug d’une mère surprotectrice lorsqu’elle découvre qu’elle est douée de pouvoirs paranormaux qu’elle n’hésitera pas à utiliser si on la provoque.
Sous les traits de la marâtre, Marin Mazzie (Kiss Me Kate) donnera la réplique à Molly Ranson (August: Osage County) dans le rôle de sa fille déséquilibrée.
Le reste de la troupe sera composé de Jennifer Damiano (Next to Normal ; Spring Awakening), Matt Doyle (War Horse), Diana DeGarmo (9 to 5 ; The Toxic Avenger Musical) et Sutton Foster (Tony Award de la Meilleure Actrice Principale dans un Musical pour Anything Goes cette année et Thoroughly Modern Millie en 2002). Une distribution de choix et de talent qui fera à n’en pas douter le bonheur des accrocs de Broadway.
L’échec comme recette du succès ?
Avec un budget de 8 million de dollars (un record à l’époque), la production originale de Carrie the Musical reste à ce jour considérée comme le pire fiasco qu’ait connu le théâtre musical américain. Pourtant, la pièce a bien failli être détrônée récemment par Spider-Man: Turn Off the Dark et ses 70 millions de dollars, un spectacle voué à la faillite qui semble finalement tirer son épingle du jeu.
Le culte Carrie a notamment inspiré un livre consacré aux pires fours qu’ait connu Broadway intitulé Not Since Carrie: Forty Years of Broadway Musical Flops (Pas depuis Carrie : quarante ans de bides musicaux à Broadway), ainsi qu’une série de parodies plus ou moins heureuses : Scarrie! The Musical, Carrie White the Musical et Carrie’s Facts of Life, trois productions potaches qui ont toutes en commun d’avoir confié le rôle de la jeune télékinésiste à des hommes.
Sherry Vine, une drag queen new-yorkaise qui s’est récemment fait connaître du grand public avec ses parodies de clips de Lady Gaga, avait en outre interprété le rôle de Carrie dans une adaptation non musicale de la pièce produite Off-Broadway en 2006.
La nouvelle version du spectacle ne devrait pas a priori surfer sur cette tendance parodique, qui avait pourtant fait la force et le succès de Xanadu, musical adapté d’un film du début des années 80.
La direction artistique plus fidèle au roman brisera-t-elle l’attrait de cette œuvre hors-norme ou ajoutera-elle à la légende ? Il nous faudra encore patienter quelques mois pour savoir si Carrie est un musical maudit ou si la nouvelle production sera un carton.
