A l’occasion de la présentation à la presse des répétitions de Zorro, le musical, nous vous avons proposé un compte-rendu détaillé et des photos exclusives. Après les interviews de l’équipe créative, nous vous proposons les témoignages de Laurent Bàn, Géraldine Larrosa, Yan Duffas et Georges Beller, interprètes principaux de Zorro, le Musical.
Laurent Bàn, rôle de Diego/Zorro
"Ce rôle est un cadeau. Je ne m’en rendais pas compte au moment de l’audition, mais le rôle est tellement complet, tellement complexe… C’est un défi très excitant. La troupe ? On repère souvent dès le début des répétitions d’où peuvent provenir des problèmes d’egos. Là, je ne vois pas, ça se passe super bien, avec des gens qui viennent d’horizons très différents. Georges Beller, c’est un amour, il n’est pas là à nous donner des leçons, il est emmerveillé dès que ça chante. Je suis par ailleurs très heureux de travailler avec Géraldine (Larrosa – ndlr), que je connaissais avant sans qu’on n’ait eu l’occasion de travailler ensemble. Yan (Duffas – ndlr) joue le rôle du gros salaud, mais c’est un amour dans la vie. On s’entend très bien, d’autant qu’on a beaucoup de scènes en commun, y compris des scènes d’amour fraternel. En plus, c’est un pur comédien, donc il donne parfaitement la réplique. Garcia (Benoit de Gaulejac – ndlr), je l’ai rencontré pendant la présentation presse, c’est un bon gars, et Liza (Pastor- ndlr) je la connais depuis tellement longtemps… Rien à dire !"
"Un accent sur la comédie ? Oui c’est vrai. Je connaissais déjà Liza, Géraldine, Léovanie (Raud – ndlr), Virginie Perrier ou encore Eric Jetner qui sont plus du monde de la comédie musicale. Le livret est extrêmement bien écrit, avec une vraie dramaturgie. Je peux le dire d’autant plus que j’ai de l’expérience dans le domaine. Chaque personnage est ambigu, a quelque chose à défendre, et c’est un vrai plaisir de travailler l’évolution du personnage tout au long du spectacle."
Christopher Renshaw
"J’ai bossé avec des Français, des Argentins, des Italiens, des Québéquois… et c’est vrai que tous amènent des éléments de leur identité, et de leur culture. J’avais déjà travaillé avec des anglo-saxons sur le doublage du film Le fantôme de l’opéra et c’est vrai que David Grindrod, Andrew Lloyd Webber ou Simon Lee sont des gens qui sont passionnés, qui te communiquent l’envie d’aller au-delà de tes capacités. Heureusement que je parle anglais, parce que ça serait dommage de passer à côté de tout ça. Renshaw pour la mise en scène, Terry King pour l’escrime, Mike Dixon pour la musique, tous ces gens sont là pour qu’on donne le meilleur. Ils le font de façon très généreuse et douce."
L’enregistrement de l’album
"C’est encore une autre direction, ils nous ont demandé d’interpréter d’une autre manière. C’est un album qui a été fait pour les radios, mais qui ne reflète pas forcément la scène. Il y’en aura un autre qui sera fait en live, pour la scène."
Géraldine Larrosa, rôle d’Inez
Les auditions
J’ai été contactée par Bruno Berberes (directeur de casting – ndlr) qui m’a demandé si je voulais une aventure à Paris. J’avais mon disque (Innocence, style pop rock symphonique – ndlr), et je devais enregistrer le deuxième, mais je me suis dit que j’aurais peut-être le temps de faire une comédie musicale. C’était pour une gitane, et moi je ne me voyais pas du tout en gitane parce que j’ai toujours fait des rôles de princesses,Sandy dans Grease et Belle dans La Belle et la Bête, mais bon Chris (Renshaw, le metteur en scène – ndlr) m’a vue et puis Mike (Dixon, le directeur musical) a dit que ma voix allait bien pour le rôle, donc on a essayé. Raphaël (Amargo, le chorégraphe) me connaissait d’Espagne, et il m’a aidée à sortir mon flamenco. Et voilà, je suis gitane flamenco ! Mes cheveux ? J’étais blonde platine et c’est une transformation, mais c’est un peu le rôle des acteurs de se transformer. C’est bien qu’on ait un éventail de plusieurs registres."
Paris
"C’est différent, mais j’ai beaucoup de chance car j’ai des compagnons merveilleux, de très grands artistes. Je ne suis pas dépaysée parce que c’est du flamenco, et je parle en espagnol avec les danseuses. C’est comme si j’étais en vacances ! Et puis c’est bien de retrouver un peu Paris aussi, ça me rappelle mon enfance. Je suis contente qu’en France on commence à faire des comédies musicales d’un autre style. Je pensais que je n’aurais jamais la chance de faire des comédies musicales ici, mais maintenant il y a un nouveau registre : du théâtre plus profond, style Broadway et les Français aiment aussi ce style-là. On n’a pas besoin de partir à Londres pour voir des musicals, il y des talents ici : Laurent et Liza (Pastor, rôle de Luisa) ont des voix magnifiques."
Inez
"C’est elle qui montre à Diego comment se bagarrer, voler, être rapide, car elle est gitane et elle vit dans la rue. Elle sait très bien ce qui est dangereux, elle a cette intuition. Elle est amoureuse de lui, mais elle se rend compte que Diego est amoureux de la blonde (rires). En fin de compte, je les laisse car je suis gentille, quoi qu’un petit peu jalouse au début. C’est une belle histoire, je l’ai faite un peu plus coquine qu’une Esméralda du fait de mon physique petit et rapide."
Lesli Margherita (interprète du rôle à Londres)
"Non je ne l’ai pas vue, sauf sur youtube. C’est une grande actrice, je la vois très grande. C’est difficile parce que les gens vont me comparer avec elle, mais j’essaie d’amener le personnage d’Inez vers mon terrain. Lesli m’a envoyé des e-mails de bonne
chance, c’est très gentil. J’espère qu’elle viendra me voir et qu’elle verra ma petite Inez !"
Yan Duffas, rôle de Ramon
"J’ai une formation théâtrale classique puisque je viens du conservatoire national. On est dans un spectacle musical et ils font quand même la part belle à l’acteur. C’est un peu le defaut des spectacles musicaux en France : il y a de la place pour les danseurs et chanteurs mais pas beaucoup de place pour les acteurs, disons que ce n’est pas la clé du spectacle. J’ai tout de suite vu sur les auditions que ce n’était pas le cas, à la manière dont ils reçoivent les artistes, dont ils connaissent la carrière, et à la façon dont ils les dirigent déjà sur des auditions. Je crois que j’ai même accepté de jouer dans le spectacle sans avoir lu le script !"
Lui et la comédie musicale
"Je n’ai jamais joué dans une comédie musicale. Je n’ai pas vu le spectacle à Londres, j’en ai vu une ou deux à Paris. Dans Zorro, je chante très peu : j’ai cette petite comptine que vous avez vue (dans la scène avec son père, voir notre compte-rendu – ndlr) mais je n’ai pas de chanson, c’est surtout un travail d’acteur, dans le rôle du méchant. J’adore tous ces artistes, qui viennent d’horizons différents, et qui ont des talents incroyables, c’est super de faire partie de cela."
L’escrime
"Au Conservatoire, on est formé à l’escrime. J’ai ensuite travaillé dans des spectacles qui utilisaient des combats à l’épée. Ce n’était pas du tout ce genre d’épées mais des haches très lourdes, mais c’étaient tout de même des combats de scène. Les combats sont très millimètrés, c’est super physique et il ne faut pas qu’on soit en danger au moment où on le fait tout en faisant croire à un certain degré de dangerosité, donc ça demande beaucoup de réglages."
Les autres artistes de la troupe
"Je ne connaissais personne à part peut-être Georges Beller. Je n’ai pas eu la chance de les voir jouer dans d’autres spectacles. Je trouve que tous ces artistes ont des talents multiples. En France, on a tendance à tout compartimenter. Et ce spectacle prouve qu’on a tort. En sortant du conservatoire, j’ai vu des gens formidables qui chantaient et qui dansaient et qui n’ont pas la chance d’être dans des spectacles comme celui-ci, je le regrette pour eux car c’est une superbe expérience."
Les répétitions
"C’est extraordinaire, car il se passe des trucs dans tous les coins : il y en a deux qui font de l’escrime ici, là-bas des gens qui chantent avec Mike, il y en dans la salle de danse en train de répéter. C’est une espèce de fourmilière, et tout à coup on nous réunit sur le plateau pour faire un ensemble, et on découvre le travail des uns et des autres. Pendant les deux premières semaines, j’ai été sur le cul de découvrir des trucs incroyables. Ça travaille dans tous les sens et surtout on est encadré par des gens qui sont, je pense, le top du top pour ce genre de spectacle."
D’autres comédies musicales à l’avenir ?
"Moi je pleure de ne pas chanter plus dans ce spectacle. Peut être un jour quelqu’un va me demander de chanter, d’avoir vraiment un rôle de chanteur de comédie musicale. Pour un spectacle de cette qualité c’est quand ils veulent !"
Georges Beller, rôle du narrateur et d’Alejandro de la Vega
"C’est ma deuxième expérience en comédie musicale. J’ai fait Irma la douce dans les années 1980 (en 1977 exactement, avec notamment Joëlle Vauthier – ndlr) où je chantais plusieurs chansons. C’est très excitant pour un acteur de jouer deux rôles. Le narrateur explique les situations au public parce qu’il raconte l’histoire, tout en étant à l’intérieur. C’est un personnage cocasse, sympathique, un peu aphone parce qu’il fume beaucoup. Alejandro est le maire, arrêté et jeté dans cette trappe, et qui demande à être tué par son fils qui a usurpé son titre. Il va être libéré par Zorro. C’est un drame à la Shakespeare."
"Ce qui est formidable, c’est ce mélange de flamenco, de chansons des Gipsy Kings, cette histoire très forte où on parle d’amour, de mort, de trahison, d’épopée et de comédie. Quand je vois ce que font les autres, j’ai toujours la chair de poule, c’est toujours beau. Il y a des passages de danse, de chant, sans arrêt. Je ne sais pas si ça va marcher, mais les gens qui aiment sentir des émotions fortes, les émotions de la vie, les émotions de l’amour, les émotions du chant, vont être vachement heureux parce que ça joue beaucoup sur les sentiments."
Christopher Renshaw
Je suis un fan absolu du metteur en scène, il est brillant, c’est un grand. Il a fait des mises en scène d’opéra avec les plus grands, il a une idée très précise de ce qu’il veut, tout en vous laissant la possibilité de le découvrir pour y aller vous-même. En plus nous avons des génies de la lumière, nous avons le plus grand maître d’armes au monde (Terry King, ndlr). Des magiciens qui sont venus de Las Vegas, parce qu’il y a des numéros de magie époustouflants, Zorro apparaît et disparaît. C’est un spectacle total. C’est un spectacle universel. Nous (sous-entendu, les Français – ndlr) on ne sait pas faire ça."
Les artistes
"Ce sont des stars. Liza et Laurent sont des stars. Ils sont excellents sur la comédie, et remarquables sur les chants. Leur duo, quand ils chantent leur histoire d’amour ("Souviens-toi" – ndlr), j’en ai pleuré, ça vous transperce. J’imagine quand il y aura l’orchestre complet, ça va être épatant."
Un défi
"C’est toujours un défi. Déjà, avoir passé les sept auditions, et avoir le rôle, le faire. J’adore ce rôle. Parce que justement, ça me change du théâtre pur, et quand je vois ces sublimes femmes qui se mettant à danser le flamenco… Elles ont un numéro où elles dansent en même temps avec une puissance, c’est énorme ! Je n’ai pas l’habitude d’entendre ça tous les soirs. J’ai une scène où je reste avec Liza Pastor, je vais avoir le bonheur d’être au premier rang pour l’entendre chanter pendant sept mois !"
Propos reccueillis par Sophie Dussaussoy et Samuel Sebban