Interview : Ludovic-Alexandre Vidal et l’adaptation du « Bal des Vampires »

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Interview : Ludovic-Alexandre Vidal pour l'adaptation du "Bal des Vampires"Avec plusieurs de ses spectacles, écrits ou adaptés, en ce moment sur les scènes parisiennes, Ludovic-Alexandre Vidal a eu une rentrée chargée. Nous l’avons rencontré le jour de la première du Bal des Vampires, pour parler, tout comme Nicolas Nebot, de son binôme avec ce dernier, son travail et son actualité.

Musical Avenue : Comment trouves-tu le temps de faire des adaptations en plus de l’écriture de spectacle ? On n’entend parler que de toi en cette rentrée.

Ludovic-Alexandre Vidal : C’est un peu beaucoup exagéré ça quand même ! Je t’avoue que j’ai la chance d’avoir une rentrée exceptionnelle. Je touche du bois, j’ai tout à fait conscience que ça ne sera pas toutes les années comme ça. C’est le hasard du calendrier qui fait qu’il y a, en même temps des adaptations qui tombent, avec des projets où on m’a appelé pour rejoindre des équipes, et les créations que je mène depuis plusieurs années qui se trouvent être produites toutes cette année. C’est un hasard du calendrier en fait. Finalement il n’y a pas eu tant de conflits que ça de calendrier. Et puis après, je vais dire que quand tu as la chance de faire un métier que tu aimes plus que tout, si pendant deux mois tu fais du huit heures – une heure du matin tous les jours, ce n’est pas très grave en fait. Tu n’es même pas très fatigué, tu te nourris de tellement de choses… Je re-signe toute ma vie pour avoir ça tous les mois ! Passer de l’un à l’autre. C’est super, c’est des expériences super ! Et puis surtout de bosser sur plusieurs projets en parallèle, là je peux le dire maintenant que tous sont vraiment lancés, tu as le côté oxygénant, comme tu n’as pas le nez tout le temps dans le même, le fait de passer à un moment de l’un de l’autre, ça te permet quand tu reviens sur l’un…tu re-récupères de la fraicheur et du recul sur chacun. Ce que j’aurais pu craindre au début comme "oh mon dieu, comment je vais gérer cette multiplicité ?" au final ça permet de garder de la fraicheur sur chacun. En tout cas je l’ai vécu comme ça. Ce qui fait que je ne sors pas de cette rentrée fatigué, au contraire, je sors plus à me dire, vite il faut que j’enchaîne sur d’autres. Parce que là j’ai vite envie de me remettre sur d’autres choses. Heureusement il y a d’autres choses qui arrivent demain. C’est merveilleux. Après je te dis, je vis un rêve éveillé. Je me rappelle d’années plus creuses où je bossais sur mon bureau où il y avait des fois des choses qui ne décollait pas, parce qu’un plafond s’effondrait, parce que machin, parce que…. Et puis là, c’est une année avec beaucoup de chance de hasard de calendrier avec pas mal de choses qui tombent. Donc c’est plutôt merveilleux ! Pour répondre à ta question concrètement, ça se fait bien. C’est des longues journées mais tellement passionnantes que tu as envie que tu n’aies que des longues journées dans ta vie.

C’est la troisième adaptation avec Nicolas Nebot, est-ce que la communication est de plus en plus facile, vous vous comprenez sans parler?

L.A.V. C’est exactement ça ! Du fait de se connaître, c’est un gain de temps. Déjà parce que tu commences à connaitre la sensibilité de l’autre. Tu comprends ce que la personne veut dire en envoyant tel mot parce que tu commences à avoir le même référentiel de mot, le même vocabulaire donc du coup tu gagnes du temps. Le fait de se connaître l’un et l’autre fait aussi que si jamais l’un est pas là et qu’il y a une question qui touche sa partie, on connait tellement le travail et la sensibilité de l’autre, on réussit à construire une sorte de bébé à deux. Tu comprends la vision globale. Tu as une vision cohérente de l’ensemble. Il y a des anecdotes rigolotes, il y a un moment dans le spectacle il y a "l’amour pour les nuls"  qui sort, et un jour je viens avec cette proposition et Nico (Nicolas Nebot, ndlr) qui de son côté avait réfléchi et avait aussi "l’amour pour les nuls". Du coup il y a des choses comme ça qui se marient qui sont rigolotes.

Nicolas Nebot : C’est de la télépathie !

L.A.V Comme le dit Nico, au-delà d’être collègues on est aussi amis dans la vie. Le fait de se connaître c’est un gain de temps, c’est des références qui deviennent communes. Et surtout, tu peux tout dire sans mettre de barrières. Tu peux dire " ça j’aime pas" sans que la personne le prenne mal. Du coup tu vas vachement plus loin. En plus on est deux personnes qui acceptons plutôt bien la remise en question, de retravailler les choses. Le fait de pouvoir se parler aussi hyper sereinement et hyper cash sans mettre de faux-semblants, tu avances bien. Donc oui c’est une vraie chance !

Vous êtes un peu un vieux couple ? (rires)

N.N Techniquement on est un jeune couple…

L.A.V Mais qui aspire à devenir un vieux couple. (rires)

N.N On n’est pas un vieux couple. Et puis un vieux couple ça parle aussi ! Ca communique bien.

L.A.V On commence à avoir des côtés vieux couple dans des réactions communes. Ce qui fait que des fois on réagit tous les deux à la même chose alors que les autres autour ne réagissent pas.

N.N L’avantage d’avoir fini le troisième et de commencer le quatrième spectacle (adaptation,ndlr) ensemble, c’est qu’on a été beaucoup plus vite.

L.A.V Et puis sur ce quatrième spectacle…

N.N On peut le dire ?

L.A.V Oui on peut le dire, de toute façon c’est sur les programmes.

Les deux : C’est Dirty Dancing

L.A.V Pour le coup, sur Dirty Dancing on a bossé tous les deux, ensemble sur livret et chansons. On a fait vraiment l’adaptation à deux. Ce n’est pas segmenté, et c’est encore une autre manière de travailler qu’on a faite. Et ça nous a vachement plu aussi. Là c’était de "A à Z "ensemble. Donc on est vraiment ravis. Dès qu’il y a moyen de bosser ensemble on ne dit pas non !

L’adaptation du Bal des Vampires est plus compliquée que La Belle et la Bête, à cause de l’humour ?

L.A.V Non, ce n’est pas plus compliqué, c’est différent. C’est con, je dis toujours que c’est différent dès qu’on me demande de comparer des spectacles. Mais je pense que c’est juste que pour moi dans le boulot de l’adaptateur, ce qu’il faut, en tout cas moi tel que je le vis, c’est comprendre que tu es là au service d’un show qui est déjà existant avant. Donc le premier boulot pour moi, c’est comprendre ce que les créateurs originels veulent amener, et ce n’est pas à toi de réinventer le spectacle. Et donc comprendre ce qu’est le style d’humour, ce qu’est le trajet de chaque personnage, les messages qu’il y a derrière… Et c’est comme ça, pour moi, que tu fais une adaptation cohérente, que tu réimplantes dans la culture française et pas juste une traduction. Il n’y a pas de show plus difficile qu’un autre, sur des codes d’humour ou autre, c’est juste comprendre quel est le code d’humour que je dois avoir sur celui-là. Sur chaque scène, c’est quel est le code d’humour, le trajet… Parce que tu ne pourras jamais écrire une traduction stricto sensu. Tu es vraiment dans une adaptation de comprendre ce que les créatifs ont voulu, et toi tu es au service de ça. Donc ce n’est pas plus compliqué, c’est juste différent à chaque fois. Après tu as toujours des complexités plus techniques…. Typiquement, là le fait que ce soit en allemand par exemple, moi ça faisait huit ans que je n’avais pas pratiqué l’allemand, donc tu te remets dedans, etc etc. Tu n’as pas vraiment de choses qui restent compliquées sur un show comme ça. Tu as finalement des règles de l’art dans ce métier qui font que tu peux les transposer à tout. Si le spectacle a eu du succès et qu’il est ramené dans ton pays, c’est à toi de le magnifier dans la culture de ton pays, mais tu n’as pas à changer des ça ou ça. Pour moi cet effort-là il est essentiel. Parce que quand je suis auteur et que mon spectacle est adapté à l’étranger, j’ai envie que l’adaptateur comprenne ce que j’ai voulu dire. Parce que sinon, quand il me renvoie une version anglaise par exemple, je vais lui dire " C’est pas ça, t’as pas compris ça ou ça… " Je m’en fous que les mots soient les mêmes, je veux qu’il comprenne ce que j’ai voulu dire. C’est la première chose à faire dans ce boulot

Entre l’écriture et l’adaptation, tu as une préférence ?

L.A.V Il y a une époque où j’étais aussi sur scène des fois. J’avais joué dans Shrek et tout ça… J’ai toujours su déjà que le métier que je préférais, était dans le domaine d’auteur-adaptateur, dans le côté de l’écriture. J’adore les sensations que j’ai sur scène, et demain j’aurais l’occasion d’être sur scène, je fonce tout de suite, je signe tout de suite parce que j’adore ça. Mais déjà, je sais que ma priorité, mon envie de carrière c’est dans l’écriture. Ca déjà c’est sûr. Après, entre les deux, pour moi c’est hyper différent parce que l’adaptateur pour moi c’est un boulot où tu magnifies une œuvre existante, tu te mets à la place de l’autre. Ce qui est très beau dans le travail de création pure c’est que tu as un côté plus affectif. Si je prends Raiponce (et le Prince Aventurier, ndlr) qu’on a écrit avec Julien (Salvia, ndlr), le premier mot, c’est il y a six ans et demi, dans mon sous-sol autour d’un piano, sur un coin de feuille avec lui qui joue les notes à côté. Et quand tu te dis que six ans et demi après, tu as réussi à convaincre des prods et une salle pour y aller… Tu as forcément un côté affectif, avec Anthony (Michineau), Julien (Salvia) et moi, notre bébé voit enfin le jour ! Donc je ne peux pas dire que je préfère,  c’est juste que c’est des émotions différentes. L’émotion affective de soir ton bébé naître, et l’émotion de rentrer dans un univers et de te dire "qu’est-ce que je peux apporter, et comment je peux le ramener et comment faire partager au public ce que j’ai ressenti en rencontrant cette œuvre, comment elle m’a parlé, comment je le transmets". Il n’y a pas vraiment de préférence. Pour moi la vraie préférence c’était, entre l’interprétation et l’écriture. Je l’ai toujours su en moi que j’avais plus une fibre d’écriture. J’ai envie de me battre, de faire exister mes bébés, d’adapter certaines œuvres !


Le Bal des Vampires de Michael Kunze et John Steinman

Au théâtre Mogador
Rue Mogador 
75009 Paris

Mise en scène : Roman Polanski. Adaptation : Nicolas Nebot et Ludovic-Alexandre Vidal

Avec Stéphane Métro, Rafaëlle Cohen, David Alexis, Sinan Bertrand, Solange Milhaud, Pierre Samuel, Guillaume Geoffroy, Daniele Carta Mantiglia

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