En 1983, Michel Tremblay donnait vie à l’un des personnages phares de son univers. Albertine, cette femme de 70 ans qui, de sa chambre d’un CHSLD (EHPAD en France), se rappelle son passé trouble, dialoguant avec les diverses versions d’elle-même à chaque tournant de décennie. L’Albertine enragée de 30 ans, la désillusionnée de 40 ans, l’émancipée de 50 ans et la droguée de 60 ans.
Albertine, en musique, 40 ans plus tard
Près de 40 ans plus tard, c’est en musique que cette pièce mythique renaît grâce aux Productions du 10 avril et à un collectif de femmes des milieux artistiques et d’affaires du Québec. Et les parallèles avec le contexte actuel sont nombreux.
La mère ordinaire qui se bat contre son moule n’est pas si différente de celle d’aujourd’hui. Sa résilience fait aussi écho à celles des femmes ces derniers mois qui ont dû jongler avec une vie familiale et professionnelle chamboulée par la pandémie. Son arrivée dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées n’est finalement pas sans rappeler les nombreux aînés abandonnés à leur sort durant la crise sanitaire.
Une œuvre hybride pour célébrer la femme
Véritable célébration de la femme dans toute sa diversité et sa plénitude, cette version musicale se veut une œuvre hybride entre le théâtre musical et l’opéra. C’est à Catherine Major que l’on doit cette adaptation inédite, teintée d’émotions fortes. L’auteure-compositrice-interprète québécoise a mis en musique la langue de Tremblay au son de son instrument favori : le piano. Le résultat est particulièrement puissant et bouleversant.
Les extraits dévoilés dans cette version en création d’une durée d’une heure laissent présager une pièce intense, lumineuse et remplie d’espoir, malgré la complexité des thèmes abordés. Elle apporte une tout autre dimension à l’œuvre du prolifique romancier et dramaturge qui célébrera ses 80 ans l’an prochain. Un anniversaire qui tombe à point puisque le spectacle sera alors présenté sur les planches québécoises dans sa version finale avant de partir en tournée.
Porté par six grandes voix de l’art lyrique, Albertine en cinq temps – l’opéra est un merveilleux hommage au parcours des femmes au fil du temps qui traduit si bien la véracité et l’essence de l’œuvre initiale. Car nous sommes toutes Albertine, d’une manière ou d’une autre. En attendant la version complète, ne ratez pas l’aperçu disponible jusqu’au 23 août 2021.
Crédit photo : Vincent Marchessault
Albertine en cinq temps – l’opéra du Collectif de la Lune Rouge (livret) et de Catherine Major (musique)
D’après la pièce Albertine en cinq temps de Michel Tremblay
Le 19 août 2021 en direct et en différé jusqu’au 23 août
Présenté par l’initiative « Femmes » de la Banque Scotia
Billets en vente sur la plateforme lepointdevente.com, au coût de 20 $ chacun
Mise en scène et direction artistique : Nathalie Deschamps ; Costumes : Fruzsina Lanyi (assistée de Cloé Alain-Gendreau) ; Conseillère à la scénographie : Anne-Séguin Poirier ; Conception des éclairages : Anne-Catherine Simard-Deraspe ; Assistante à la metteure en scène & régie : Chloé Ekker ; Direction musicale : Lorraine Prieur ; Arrangements musicaux : Julie Thériault.
Avec : Chantal Lambert, Monique Pagé, Chantal Dionne, Michèle Losier, Catherine St-Arnaud, Véronique Gauthier.
Piano : Marie-Claude Roy