Créé comme un hommage musical pour cette année qui marque les 30 ans de la disparition du chanteur, Double Je se révèle tendre et touchant, emmenant l’auditeur dans l’univers de Michel Berger C’est l’occasion de (re)découvrir des textes et mélodies intemporels.
L'oeuvre de Michel Berger
Joshua Lawrence se défend de vouloir être Michel Berger ou de l’imiter, on retrouve cependant, avec plaisir, le même grain de voix. Tout en émotion, il évoque la vie de l’artiste qu’il admire, et se rappelle comment il a marqué son histoire personnelle. Ce n’est cependant ni un biopic sur le chanteur, ni une autobiographie de Joshua Lawrence. Nous voyons plutôt cela comme un hommage touchant d’un artiste à un autre, aux sensibilités communes, où la poésie des mots se marie avec l’harmonie des notes. Le spectateur se laisse emporter dans les souvenirs et le musicien sur scène se dévoile.
Seul en scene
Le piano pour seul compagnon habille la petite salle de la Plomberie. Le son de l’instrument et la voix maîtrisée de Joshua Lawrence bercent le spectateur pour cette rêverie musicale, qui se rapproche plus d’un tour de chant que d’une comédie musicale. Un format assumé, dans lequel on a aussi le plaisir d’entendre des interviews de Michel Berger, qui donnent un éclairage intéressant aux chansons. L’exercice pourrait être encore un peu plus poussé, même si l’artiste devant nous apostrophe Michel Berger à quelques reprises, comme s’il lui répondait.
La mise en scène est minimaliste, et on la ressent volontairement intimiste et dépouillée, certainement pour laisser toute la place aux chansons. Tout repose donc sur les épaules de Joshua Lawrence. Il faut du courage pour présenter ce seul en scène, les yeux dans les yeux du public. Pari réussi pour Joshua Lawrence qui parvient à restituer la complexité et l’insaisissabilité du poète passionné, musicien-compositeur-interprète qu’était Michel Berger. La chanson « Pour me comprendre » à elle seule résume ce défi.
Les titres sont sélectionnés tout en finesse. Outre les chansons connues, on en découvre des plus personnelles mais de toute beauté. Joshua interprète fidèlement les textes tout en glissant des moments personnels, son parcours (docteur ès lettres, écrivain, musicien, compositeur) l’autorise à nous transmettre de vraies émotions. À plusieurs reprises, il interpelle le public, l’invite à chanter avec lui, créant un moment de partage entre tous les spectateurs.
Avec un plaisir non feint, on vient ré-entendre des titres qui font partie de notre patrimoine collectif, et découvrir quelques beaux arrangements musicaux, notamment sur « La groupie du pianiste ». Grace à son assurance vocale, Joshua Lawrence ne trahit pas l’œuvre de Michel Berger, et nous dévoile un peu de l’intimité de cet artiste qui ne voulait pas « être mis dans des cases ». Phrase qui résonne avec encore plus de force aujourd’hui, à une époque où il est paradoxalement de plus en plus fréquent de percevoir l’autre avec stéréotype.
Si vous n’avez pas pu assister aux quelques dates parisiennes, retrouvez Joshua Lawrence au festival off d’Avignon cet été, au Verbe Fou, du 7 au 30 juillet 2022.