Compte rendu : « Il était une fois nous deux » à la MPAA/Saint-Germain

Temps de lecture approx. 4 min.

A la MPAA Saint Germain, Joe Dassin est à l’honneur ! Première création de la Compagnie Philia, Il était une fois nous deux traite de sujets chers au chanteur : l’amour et l’amitié. Qu’en avons-nous pensé ? On vous dit tout.

“Souviens-toi, c’était un jeudi…” Quiconque a lu cette introduction en fredonnant a la référence !

Les comédies musicales jukebox sont un grand classique. S’appuyer sur des chansons existantes pour créer une nouvelle histoire n’est cependant jamais chose aisée, même avec le répertoire fourni d’un artiste tel que Joe Dassin. Pour les plus jeunes de nos lecteurs qui ne le connaitrait pas, cet chanteur-compositeur franco-américain a connu son heure de gloire entre 1964 et 1980, vendant près de 25 millions de disque dans le monde (vous savez, les fameux 45 tours qui faisaient fureur à une époque où les plateforme de streaming n’existaient pas). Il y a donc de la matière pour intégrer toutes ces mélodies et textes dans un spectacle musical, avec les thèmes récurrents de l’amour et de l’amitié qui occupent une grande partie des compositions de Joe Dassin.

En 2010, Il était une fois Joe Dassin avait déjà pris le parti de raconter la vie du chanteur dans un format moitié spectacle musical / moitié concert, sans trop grande réussite. 

De son côté, la compagnie Philia a construit sa narration autour de personnages fictifs et d’une histoire originale.  Dans une époque contemporaine, nous suivons le quotidien d’un groupe de jeunes adultes, soudés comme les cinq doigts de la main, rassemblés autour de Joseph (Vincent Vanhée – Denver, le spectacle musical). Si la proposition d’osciller entre les espoirs et désillusions de l’équipe est séduisante sur le papier car on traite d’un sujet transgénérationnel, elle peine à convaincre sur toute la durée du spectacle et ne suffit pas à nourrir suffisamment les caractères des personnages pour que l’on s’attache profondément à leur situation. Malgré des efforts évidents pour interroger des sujets importants, le fil de l’idée première nous semble trop tiré et apporte un effet de répétition aux scènes, facilement contournable. 

Le livret reste engageant dans son ensemble. Il crée de jolis moments, particulièrement lors des séparations amoureuses ou des retrouvailles de jeunesse, mais l’histoire se finit de façon plutôt prévisible. Aussi, la troupe – que l’on imagine aussi unie hors scène – porte un jeu qui fonctionne bien dans son ensemble. Les passages les plus dramatiques sont naturellement les plus convaincants. En témoigne la fin du premier acte, très bien amenée sur « Et l’amour s’en va” ( techniquement difficile), qui nous a particulièrement ému. Et puis chacun trouve sa place dans le personnage joué. Les jeunes duos amoureux nous rappellent aisément ce qu’est l’amour quand on a 20 ans. Quand Danny Harper (Le Chœur à l’Horizon) et Louise Chérie se remémorent leur rencontre sur “Il était une fois nous deux”, on y croit !

Jamais un copain de trop dans l'équipe à Jojo

Le total plaisir (coupable ?) reste d’entendre les chansons de Joe Dassin, rarement mises en avant de nos jours.
A côté des incontournables classiques du répertoire de cet artiste (« les yeux d’Emilie », « l’Amérique », et même « Les Dalton »), on retrouve des chansons plus confidentielles, et on se surprend à découvrir quelques titres oubliés. Le texte procure alors de saisissants moments. On retient notamment « Ton côté du lit », titre auquel Carla Ocampo Rangel a insufflé une force mémorable.

Le plaisir est double, avec la présence sur scène de 5 talentueux musiciens. Les arrangements musicaux sont bien pensés et extrêmement travaillés, mettant en valeur les cuivres, très souvent présents dans les musiques de Joe Dassin. Entre les scènes, l’accompagnement musical est omniprésent. A défaut d’intégrer directement « L’été indien » dans l’histoire (décision que l’on apprécie d’ailleurs, car on ne voit pas bien comment cette chanson aurait pu trouver sa place dans le récit), la mélodie est utilisée pour accompagner certaines transitions. Pour nos oreilles, c’est une vraie balade dans le répertoire de Joe Dassin.

La compagnie Philia a donc su capter le meilleur des chansons existantes, et se les approprier en créant des duos émouvants (“Salut les Amoureux ») ou numéros de troupe plus festifs. Là est la vraie réussite de ce spectacle ; un choix musical assumé et arrangé pour plus de modernité.

Il était une fois nous deux est un bel hommage à l’œuvre de Joe Dassin et nous rappelle que, peu importe les époques et les générations, nous sommes tous égaux face aux histoires d’amour.

Il était une fois nous deux
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