Quel plaisir de retrouver, pour une quatrième saison, le Châtelet! Musical Club. Ce format devient un incontournable, très attendu du public amateur de comédie musicale. Cette année encore, la salle était pleine pour assister à une ouverture tout simplement grandiose, qui promet une saison riche, portée par des jeunes artistes au talent déjà évident.
Accueilli en quelques mots par Olivier Py (le directeur du Châtelet), le public applaudit déjà à tout rompre et crie son enthousiasme dès l’extinction des lumières. Nous sommes d’ailleurs invités à exprimer librement nos émotions, puisque cette représentation du Châtelet! Musical Club accueille pour la première fois le dispositif « culture relax », qui permet à des personnes neuroatypiques de venir, avec leur famille, en toute quiétude et s’autoriser à réagir librement. Nous le sentons, cette année encore la programmation promet de nous offrir de grands moments de joie et d’émotions.
Soyez heureux, le maître mot de cette présentation
Nos deux merveilleux maîtres de cérémonie, Jasmine Roy et Alexandre Faitrouni, assurent le numéro d’ouverture et nous plongent tout de suite dans l’ambiance des grandes comédies musicales. Ils se chargent aussi de la présentation des titres choisis et des écoles, ponctuant les prestations par des interventions où ils laissent libre cours à de petites chamailleries complices.
Dire que nous avons passé un merveilleux moment est en dessous de la réalité. Le niveau d’exigence semble s’accroître d’année en année, les écoles rivalisent d’ingéniosité et de travail, pour proposer des numéros toujours plus éblouissants. Alternant intimité vocale ou grands numéros d’ensemble parfaitement chorégraphiés, on en prend plein les yeux et les oreilles pendant 1h30 (qui paraissent durer bien moins que celà, on ne voit pas le temps passer!). Les présentations de “Steal Your Rock’n’Roll” par l’AICOM ou “I Got Rhythm” (de l’AID) sont les combinaisons irréprochables de ces moments hors du temps où l’on oublie tout et où le bonheur que peut procurer le spectacle vivant nous envahit.
Chaque école imprime son style. Il faut véritablement voir les numéros de claquettes et de danses pouvant réunir plus d’une quarantaine d’élèves sur scène, c’est une ode aux grandes heures des spectacles de Broadway. Des touches de modernité viennent s’ajouter, avec certaines acrobaties et portés pendant lesquels on retient son souffle. Quel plaisir de découvrir toutes ces formations de talent, ou encore de retrouver la Classe Libre du Cours Florent et entendre à nouveau quelques numéros qui nous avaient tant émus lors de leur présentation à Mogador en mai dernier.
Avec des choix très diversifiés, on voyage véritablement dans le monde de la comédie musicale, du classique de Broadway à des œuvres plus contemporaines, en langue originale ou française grâce aux traductions (comme pour “La ballade de Sweeney Todd”). Mais aussi avec une création originale, comme de tradition (cette année c’était Crazy Thérapy, d’après la série Crazy Ex-girlfriend, par le Conservatoire du Centre). Chaque école présente successivement une chanson (avec un peu de contexte théâtral par moment). Les numéros prennent toute leur ampleur avec les musiciens en fosse qui accompagnent merveilleusement toutes les formations. Le tout renforcé par des créations lumières qui habillent les univers musicaux et les changements de tableaux.
Et puis il y a aussi les costumes : même s’ils ne présentent qu’un ou deux numéros, on est ébloui par les efforts faits par chacun pour recréer l’univers du spectacle. Nous gardons dans nos mémoires les gilets rouges à paillettes du chœur d’enfants Sotto Vocce, qui ont envahi la scène du Châtelet pour une interprétation de “One” (A chorus line) tout simplement délicieuse.
Une date unique pour un rendez-vous à ne pas manquer
Déjà l’année dernière, nous avions le sentiment d’avoir été privilégiés en assistant à un moment unique et fédérateur autour de la comédie musicale. Sentiment retrouvé cette année, avec la sensation qu’une seule date n’est pas suffisante pour un tel spectacle et le travail que cela a nécessité. C’est véritablement un show digne de la réputation et de l’exigence du Châtelet qu’il est donné de voir.
Comme l’a dit Jasmine Roy : “Il y a quelques années, en France, on était soit comédien, soit danseur, soit chanteur. Les triple-threat (comme on les appelle à Broadway) étaient très rares. L’enseignement de la comédie musicale en France est jeune et date d’une vingtaine d’années ; mais vu les performances de cet après-midi, la France est en train de rattraper son retard.” Nous ne pouvons qu’applaudir et confirmer cette impression. Les quelques 284 jeunes artistes qui se sont produits représentent les nouvelles générations que nous retrouveront prochainement dans nos salles, et qui font honneur à la comédie musicale.
Pour finir, toutes les écoles et élèves sont réunis sur scène pour entonner “Can you feel the love tonight” (Le Roi Lion, toujours à l’affiche au théâtre Mogador pour une quatrième saison) qui fait monter les larmes au coin des yeux. C’est sous les applaudissements, autant adressés aux élèves qu’aux musiciens et enseignants, que le rideau se ferme après des saluts nourris. Il nous tarde de retourner au Châtelet : dès le 16 novembre prochain pour la prochaine édition du Châtelet! Musical Club dans le Grand Foyer, puis pour le très attendu Les Misérables qui débutera quelques jours après.
Crédit photos : Zoé Casas et Musical Avenue