Les beaux jours sont revenus et c’est l’heure pour les écoles de formation artistique de présenter leur spectacle de fin d’année. Après l’ECM ou la section comédie musicale du Cours Florent, c’est au tour du Studio David Rozen de nous accueillir (avec quelques centaines d’autres spectateurs) au Théâtre Hébertot pour présenter La Petite Fille aux Allumettes, tirée du célèbre conte d’Andersen. Retour sur une représentation quelque peu agitée mais bien maitrisée.
Une école pas comme les autres
« Avant d’être un artiste libre, il faut être un être libre » : voici le mantra de David Rozen, artiste multidisciplinaire et fondateur du studio du même nom. Voilà des années qu’il accompagne le spectacle français de ses productions, mises en scène, et coachings… Sa formation personnelle à de nouvelles méthodes autour du chant et du corps l’amène à explorer des approches différentes, qu’il consacre aujourd’hui depuis l’ouverture de son propre studio en 2019. Une école qui, d’ailleurs, ne dispense pas uniquement une formation d’ensemble autour de la comédie musicale, mais propose des modules plus orientés comme le « module corps » ou le « module création ».
Convaincu que la liberté de l’individu est au centre de l’épanouissement artistique, les élèves ont pour mission d’apprendre à se connaître, explorer toutes les facettes de leur personnalité avec pour règle d’or, le droit à l’erreur. Et pour arriver au total lâcher prise, c’est notamment la méthode Ilan Lev qui est explorée et dispensée au sein du studio : elle permet l’ouverture vers des parties obstruées du corps et le déploiement d’énergies positives.
David Rozen n’est évidemment pas seul dans ce projet et s’entoure de professionnels de différentes disciplines, qui font la richesse du programme pédagogique dispensé. Pour n’en citer que quelques uns d’entre eux (la liste est longue), nous retrouvons des noms qui ne nous sont pas totalement inconnus chez Musical Avenue : Nicolas Guilleminot (metteur en scène sur le fabuleux Ego Système) est professeur principal; le duo formé par Ludovic-Alexandre Vidal et Julien Salvia dispense les cours de théâtre musical. Fred Colas (Le Rouge et le Noir, Chambre 113) et Guillaume Beaujolais (Kid Manoir, La mégère un peu apprivoisée) sont respectivement professeurs de théorie musicale et de théâtre.
C’est une bien belle équipe pédagogique qui accompagne les élèves de la promotion 2022/2023 dans leur représentation de fin d’année dédiée à un spectacle que nous aimons beaucoup : La Petite fille aux Allumettes.
Une plongée dans la cour des grands
Le public est venu nombreux pour assister à ce rendez-vous annuel fort attendu. Après une grosse demi-heure d’attente, nous rentrons enfin au Théâtre Hebertot qui a prêté, le temps d’une soirée, sa jolie scène aux étudiants du Studio David Rozen. Le rideau se lève et notre plongée immersive est immédiate. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire, voici un petit résumé rapide : à Londres, la jeune orpheline Emma doit vendre des allumettes dans la rue pour survivre. N’y parvenant pas, elle finit par craquer l’une d’elles pour se réchauffer. Elle embarque alors dans un royaume imaginaire dans lequel elle retrouve sa grand-mère décédée, en fait prisonnière du cruel Fragotov… Certes, le sujet n’est pas des plus joyeux mais ce spectacle n’est pas que tristesse et les artistes vont nous le prouver.
La représentation se fait dans les conditions professionnelles avec des moments de grâce mais aussi quelques aléas. De nombreux problèmes de micros sont en effet venus altérer notre écoute, et particulièrement dans des moments récités. Nous saluons les comédiens qui n’ont jamais flanché et ont réussi à maintenir notre attentions grâce à leur professionnalisme et énergie. Passées ces déconvenues, nous retrouvons tout ce que nous avons aimé dans cette histoire. La mise en scène de David Rozen est très proche de l’originale et toujours aussi efficace. Les différents tableaux sont subtilement amenés. Clefs de voute de l’intrigue, les passages du monde réel vers le monde imaginaire (et vice versa) s’imbriquent parfaitement. Les décors y jouent pour beaucoup puisqu’en un tour d’allumette, nous débarquons dans un royaume imaginaire tout en paillettes, partons affronter Monstro Falco dans sa grotte et nous inventons marin d’un jour sur un bateau-pirate. Ajoutez de beaux costumes et une production d’ensemble bien menée, le défi est relevé grâce notamment à des élèves investis dans cette soirée.
Jenny Boutillier a la lourde tâche d’interpréter l’héroïne. Présente dans toutes les scènes, elle nous touche très rapidement dans la candeur et persévérance qu’elle insuffle à son personnage. Sa relation avec sa grand-mère et son acolyte Sacha en sont de beaux exemples. Pour accompagner Emma, le personnage redoutablement comique de Madame Olga est interprété par Cladie Léon Malanda qui répond positivement à l’objectif donné : nous faire rire et encore rire. Certains artistes se retrouvent à changer de costumes et jouer aussi plusieurs rôles. C’est le cas pour Anne Le Mentec, 100% méchante sous les traits de Collins et Fragotov, ou Alexis Fanchini sous le nom du pirate John John et intendant de la reine. Sans oublier l’ensemble, présent de la première jusqu’à la dernière note et toujours constant. La vingtaine de personnes sur scène aura su globalement nous convaincre tant par leur jeu maitrisé que par leurs vocalises répondant à l’exigence de la partition.
Pour la promotion 2022/2023 : merci et bravo pour votre investissement.
Aller à la rencontre de passionnés qui investissent une carrière dans le domaine si difficile du spectacle vivant reste une expérience des plus grisantes. Ces représentations sont de belles occasions pour découvrir des artistes et redécouvrir des œuvres que l’on affectionne particulièrement.
Et pour nos lecteurs qui souhaitent développer leurs compétences dans les arts de la scène, les inscriptions sont en cours pour la rentrée. Pour les artistes d’un jour (ou de toujours), des stages et des masterclass sont aussi proposées.
PS : le studio vient de changer de nom et devient la Musicals School !
Par ici pour plus de renseignements.
