Septembre a fait son entrée, et avec lui, les élèves du Cours Florent ont dévoilé les fruits d’une année intense de préparation et de travail acharné dans le cadre de leur travail de fin d’études (TFE). Parmi ces projets, c’est Mary Poppins qui a eu l’honneur d’ouvrir le bal des spectacles de fin d’études. Nous sommes venus avec notre plus beau parapluie pour survoler les toits de Londres et découvrir cette adaptation française.
Quel joli TFE avec Mary : une magie qui opère
Le nom Mary Poppins évoque instantanément l’univers enchanté de Disney, mais la comédie musicale sait aussi surprendre en s’éloignant du film de 1964 et en revisitant l’histoire sous un nouvel angle. Dans cette adaptation, nous avons été ravis de retrouver les personnages bien-aimés de Jeanne et Michael, incarnés avec espièglerie et brio par Léa Tauzies et Paola Garcia. Ces deux jeunes artistes ont su capturer l’essence des enfants Banks, offrant une perspective rafraîchissante et énergique à leurs rôles.
Le couple Banks, Winifred et George, nous est présenté sous un jour plus intime, nous permettant de pénétrer dans leur quotidien et de mieux comprendre leurs défis et leurs aspirations. Hugo Zorer et Mélissa Braiset ont apporté une touche moderne à ces personnages tout en conservant un ancrage dans le Londres du début du XXe siècle. Leurs performances ont réussi à capturer les préoccupations contemporaines des parents, de la communication aux soucis financiers, tout en nous invitant à réfléchir sur l’importance de partager ses émotions et de s’ouvrir à l’autre. Comme dans le film, Winifred s’affirme et brise son image de femme au foyer qui lui est imposée au début par son époux, tandis que George Banks faillit de plus en plus dans son rôle de père protecteur, autoritaire et pilier financier et émotionnel de sa famille. Les deux artistes qui interprètent ces personnages ont su donner corps à cette complexité de jeu.
Bien sûr, c’est Mary Poppins qui est le facteur déclencheur de toutes les évolutions des personnages. L’un des aspects les plus remarquables de cette production est la précision dans laquelle Mary Poppins est incarnée. Marie Merceron endosse ce rôle emblématique avec une posture, une attitude et des costumes qui évoquent instantanément la magie du musical original. La confection de l’emblématique robe blanche de Mary – tout comme celle de l’inimitable blazer rayé de Burt, même s’ils ne sont portés que brièvement – est une démonstration impressionnante de l’engagement des élèves à recréer l’univers de Mary Poppins. À côté des personnages principaux, une multitude de personnages secondaires viennent compléter la distribution. Malgré un effectif limité de seulement 11 élèves, l’équipe créative réussit à conserver un maximum de rôles en faisant jouer plusieurs personnages par un même acteur, comme c’est souvent le cas. Leur capacité à incarner une variété de personnages contribue à enrichir la dimension visuelle du spectacle et l’effervescence de Cherry Tree Lane.
Laissons s’envoler le beau cerf-volant
La magie de Mary Poppins réside également dans la familiarité des chansons que nous chérissons depuis notre enfance. De « Step in Time » à « Supercalifragilistic, » en passant par la « Chanson du cerf-volant, » les mélodies entraînantes et les performances vocales exceptionnelles nous ont transportés dans un monde de rêves et d’émotions. Avec une traduction française du livret fluide et des chansons fidèles aux versions que l’on connaît, le public se met vite à fredonner les airs les plus connus. Marie Merceron relève le très difficile challenge vocal que constitue la partition de Mary Poppins, en insufflant à Mary un mélange d’espièglerie et de flegme britannique.
Le spectacle original regorge d’humour, de moments magiques et de numéros de danse en ensemble saisissants, tout comme de nombreux changements de lieux et de décors. Ces contraintes inhérentes au spectacle ont pu sembler difficiles à surmonter, avec quelques transitions entre les scènes et les espaces restées moins convaincantes. Les éléments les plus emblématiques sont présents (tels que les toits de cheminées), mais sont parfois un peu trop limités pour recréer pleinement la magie du spectacle londonien d’origine (comme pour la scène de la boutique de mots de Mme Cory). L’équipe compense cela avec brio par des numéros d’ensemble enjoués, et en s’appliquant surtout à s’approcher du style chorégraphique très marqué, avec l’immanquable séquence « Gardez le rythme » avec claquettes et balai-hérisson des ramoneurs. L’émotion étreint le public lorsque les cerfs-volants apparaissent, ou la multitude de lumières donnant à la salle une atmosphère de ciel étoilé nous poussant à la rêverie et à la poésie du moment.
Nous partageons avec vous une petite déception de la part des équipes créatives, qui nous ont confié que le perroquet confectionné pour le parapluie de Mary Poppins a subi un malheureux accident le matin même des spectacles lors des répétitions. Nous avions pu voir le travail engagé pour sa préparation lors de notre interview en août dernier, et sommes sûr que le public aurait été sensible à ce détail.
Mary Poppins est une œuvre exigeante envers ses interprètes, et ces élèves du Cours Florent se sont montrés à la hauteur de cette exigence, offrant une performance dynamique et entraînante qui a su captiver le public tout au long du spectacle. En ressortant de cette représentation, nous retrouvons notre innocence d’enfant gardant en tête que “tout peut arriver si on y croit” ; les élèves du Cours Florent y ont cru du début à la fin et nous ont fait voyager avec eux dans l’univers enchanté de la nounou préférée de l’Angleterre.
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