Ils ont mis le feu à l’Alhambra ce samedi 3 juin. Après plus de 18 mois de travail, des reports et aléas, la troupe de Kinky Boots a pu présenter le fruit de ses efforts au public parisien venu les acclamer à l’occasion du Festival du Musical.
Il suffisait de voir la file d’attente devant l’Alhambra en ce samedi chaud et ensoleillé pour se dire qu’on était au bon endroit, au bon moment. Le Festival du Musical a le mérite de réunir sur 3 jours les passionnés de la comédie musicale, à la fois spectateurs, artistes, musiciens, techniciens, familles et amis des artistes… et cela s’est ressenti dans l’atmosphère. À quelques minutes du début du showcase de Kinky Boots, nous avons vu beaucoup de joie et de sourires sur les visages, avec un sentiment de retrouvailles qui était très contagieux : impossible de ne pas entrer dans la salle de théâtre avec un brin de curiosité et d’impatience.
un showcase à l'allure de lecture, animé par Christopher lopez
« Qu’elles sont belles ces bottes, waou !« , ce sont les premiers mots que nous avons entendu une fois assis confortablement en orchestre. C’est le metteur en scène, Christopher Lopez (Directeur artistique des Trophées de la Comédie Musicale) qui est entré sous les applaudissements rugissants du public pour planter le décor, à la fois du showcase, mais aussi du spectacle en lui-même.
Ce n’étant sans doute pas une découverte pour les passionnés de comédie musicale présents dans la salle, rappelons que cette comédie musicale écrite par Harvey Fierstein (Hairspray) avec des chansons de Cyndi Lauper a remporté 6 Tony Awards en 2013 et n’a encore jamais été adaptée en France. Ce showcase est l’occasion de découvrir l’adaptation française signée Julien Baptist (L’Eveil du Printemps ; The Full Monty) avec une succession de scènes jouées et chantées, présentées par son metteur en scène.
une adaptation prometteuse avec une "Lola" au diapason
Inspiré d’une histoire vraie, celle d’un cordonnier du village d’Earls Barton (Northamptonshire), le spectacle met en scène le destin de Charlie Price qui se voit obligé de reprendre l’entreprise familiale de chaussures de luxe, suite de la mort de son père, qui en était le PDG. Jusqu’à ce qu’il rencontre Lola, une Drag Queen qui ne jure que par les talons aiguilles, pour l’aider à réviser sa stratégie et sa vision du monde.
Le choix de l’interprète de Lola est fondamental : quoiqu’on en dise, c’est l’artiste qui porte en grande partie le spectacle de Kinky Boots sur ses épaules. Daniel Loeillot (« Star Academy »), pas forcément très connu du public habitué aux comédies musicales, a largement convaincu avec une présence charismatique pendant ses chansons phares tout en apportant une touche émotionnelle démontrée lors d’une scène interprétée avec Julien Baptist, dans le rôle de Charlie.
Si l’entrée de Lola et des drag queens (avec un Yanis Si Ah complètement incontrôlable parmi elles, sur des chorégraphies de Raffaële Lucania) a largement remporté la palme des applaudissements, c’est en réalité toute la troupe qui nous a transmis sa joie communicative d’être sur scène, à l’image de l’Ensemble et de Bastien Jacquemart (dans le rôle d’Harry, le meilleur ami de Charlie) qui a mis le ton avec son interprétation en français de « Take What You Got ». Nous n’avons hélas pas eu l’occasion d’entendre Charlotte Hervieux interpréter l’explosive chanson « The History of Wrong Guys », sublimée par Annaleigh Ashford dans le Broadway Cast Recording : cette séquence promet du lourd si le spectacle venait à se monter prochainement en France. Le choix d’avoir focalisé le showcase sur la relation d’amitié entre Charlie et Lola nous donne l’opportunité de garder quelques surprises en réserve pour la découverte de la comédie musicale dans son entier.
Vite, qu'un producteur s'empare de ce show !
Nous avons été convaincus par l’adaptation française de Julien Baptist, qui nous a beaucoup touchés lors de ce showcase par la sincérité de son interprétation de Charlie Price. Ce n’était ici que les prémices de ce que pourrait être le spectacle intégral en français, mais nous avons trouvé que les mots résonnaient très bien à la fois pour le livret et les chansons (avec un sentiment plus partagé sur « Sex in the heels », quasiment intraduisible et trop ancré dans nos esprits en version originale pour qu’on s’habitue tout de suite à une autre version, quoique le « Sexe est dans le Style » a bien plu à certains d’entre nous !).
A voir l’enthousiasme du public et la standing ovation réservée à la troupe après environ 35 minutes de présentation, il va sans dire que le spectacle musical Kinky Boots trouvera son public à Paris, sous réserve qu’un producteur accepte d’investir et de croire en cette troupe, équipe créative et technique, qui semble avoir mis beaucoup de cœur et d’efforts pour parvenir au résultat que nous avons eu la chance de voir à l’Alhambra ce weekend. Sans compter qu’il y aurait des musiciens en live et une troupe plus grande (lors du showcase, ils étaient 14 alors qu’ils sont 20 dans la troupe) pour donner encore plus d’ampleur au spectacle. En attendant, nous ne pouvons que saluer leur travail et les remercier pour ce moment très privilégié auquel nous avons pu assister grâce aussi aux organisateurs du Festival du Musical. Vivement la suite !