Pour sa dernière production en tant que directeur du Théâtre du Châtelet, Jean-Luc Choplin a choisi une comédie musicale qui reflète à elle-seule tout l’esprit des plus grands classiques de Broadway. Le spectacle dont la première était donnée le jeudi 17 novembre, est un feu d’artifice de danse, de claquettes et de jazz.
À nouveau, un musical tiré d’un film
Tout comme Un Américain à Paris et Chantons sous la Pluie : 42nd Street est une adaptation scénique d’un film musical. Alors que les deux films ayant pour vedette Gene Kelly dataient de 1951 et 1952, le film en noir et blanc 42nd Street date lui de 1933, et ne contenait que cinq ou six chansons.
Ce n’est qu’en 1980 qu’est créée à Broadway l’adaptation scénique du film. Pour ce faire, Michael Stewart (Bye Bye Birdie ;Hello Dolly !) enrichit le livret et va puiser dans les autres œuvres du compositeur Harry Warren et du parolier Al Dubin à l’origine des chansons présentes dans le film. Ainsi, des chansons supplémentaires des mêmes auteurs sont ajoutées, comme « Keep young and beautiful », « We’re in the Money », et « Lullaby of Broadway » qui deviendra un grand standard de la chanson américaine. De cette manière, l’adaptation scénique de 1981 comprend plus d’une quinzaine de chansons. Le livret étant un « backstage musical » (une comédie musicale dont l’histoire se situe dans les coulisses d’une comédie musicale), les chansons ajoutées sont facilement intégrées au livret. Au total, les chansons de 42nd Street, toutes des mêmes auteurs, proviennent de sept films musicaux différents, faisant de cette oeuvre un catalog musical.
L’histoire, simple et classique est celle d’une jeune danseuse ingénue débarquant de sa petite ville pour percer dans le monde de Broadway. Sur fond de romance, l’histoire est surtout un prétexte pour enchaîner les numéros de claquettes et les chansons. Il s’agit ici d’une véritable épreuve physique pour les comédiens car la grande majorité des numéros sont dansés en claquettes, alors qu’il est plus courant, dans les comédies musicales incluant des claquettes, d’avoir un nombre réduit de numéros demandant à la fois « song and tap dance ».
La production originale en 1981 fut récompensée de deux Tony Awards : meilleur musical et meilleure chorégraphie. Un revival fut produit en 2001 au Lyric Theatre avec une production titanesque dans le nombre de danseurs, les costumes et les décors, et qui fut récompensée du Tony Award du meilleur revival.
Le Châtelet finit en beauté après dix années de comédie musicale
La mise en scène et la chorégraphie est signée par Stephen Mear, qui avait déjà réalisé la chorégraphie de Singin’in the Rain. Les prestations de Monique Young en Peggy Sawyer et Alexander Hanson en Julian Marsh sont tout à fait remarquables. En dépit de la simplicité du livret, on se laisse s’émouvoir à la fin par le solo touchant d’Alexander Hanson qui interprète un producteur meurtri par la vedette qu’il a créée, après qu’il se soit fait éconduire. Seul sur scène, il prend enfin la mesure de la cruauté de monde des strass et des paillettes.
Le reste de la distribution comprend de nombreux participants du Singin’in the Rain de l’année précédente. On retrouve entre autres : Dan Burton, Jennie Dale, Emma Kate Nelson et Matthew McKenna. Tous aussi talentueux les uns que les autres, aussi bien en tant que chanteurs et claquettistes, la redondance des mêmes visages et des mêmes voix pour deux spectacles différents peut donner une impression de déjà vu qui amène un brin de frustration à ce spectacle presque parfait. Cependant, le plaisir des yeux et des oreilles reste total durant toute la représentation.
42nd Street viendra clore ces dix années de Broadway à Paris dans l’enceinte du Théâtre du Châtelet en beauté !