Critique : « 7 » à la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal

Temps de lecture approx. 4 min.

La toute nouvelle création de Gregory Charles vient de prendre son envol à Montréal pour quelques dates avant de poursuivre son chemin vers Québec en juin prochain. Pour son septième spectacle, l’artiste multidisciplinaire québécois s’est entouré d’une troupe de six chanteurs pour rendre hommage aux chansons de films musicaux.

De Broadway à Hollywood

Six chanteurs, quatre danseurs, un orchestre complet et un grand chœur : Gregory Charles n’a pas lésiné sur les moyens pour célébrer comme il se doit les plus grands films musicaux des cent dernières années. Cent ans, c’est beaucoup, et les œuvres qui ont marqué le septième art par leurs chansons sont nombreuses. Rien que les comédies musicales adaptées en films ou le contraire auraient rempli aisément les deux heures de spectacle. De prime abord, c’est d’ailleurs ce genre précis que Gregory Charles présente lors de son entrée en scène, nourrissant l’intérêt des amateurs de « musicals ». Rapidement, ce répertoire s’ouvre toutefois à une multitude d’œuvres qui ratissent beaucoup plus large avec des numéros choisis très éclectiques, de Mozart à Claude François, en passant par Dalida et Elvis.

7 Gregory Charles

Si la frontière est mince entre le « biopic » d’un chanteur populaire et un « musical » à proprement parler, le spectacle 7 ne se cantonne pas qu’à un style. Les fans de comédies musicales restent un peu sur leur faim lorsque les performances s’engagent dans d’autres directions, mais celles-ci sont l’occasion de découvrir d’autres facettes musicales.

Un spectacle interactif

À l’instar de Noir et Blanc dans lequel il interprétait des chansons sélectionnées par le public, Gregory Charles a voulu se prêter au même exercice avec le spectacle 7. Avant le lever du rideau, le public était donc invité à inscrire ses coups de cœur de comédies musicales et de films autobiographiques. Ces choix étant surtout des classiques, ils se sont donc retrouvés au cœur du spectacle. Comme les chansons proposées diffèrent chaque soir, peut-être que des airs moins connus pourront aussi faire l’objet de performances afin de sortir d’un répertoire trop entendu.

De l’émotion au divertissement

Entourés d’habiles danseurs et de Gregory Charles qui se donne à fond au piano et au chant dans plusieurs tableaux, Audrey-Louise Beauséjour, Klara Martel-Laroche, Frédérique Mousseau, Gabrielle Roy-Lemay, Mathieu-Philippe Perras et Marc-Antoine Gauthier se succèdent pour présenter au public des numéros très divertissants, en solo ou en commun. Le contraste de leurs voix et de leurs styles permet d’aller piocher dans le répertoire de films musicaux pour évoquer tantôt une Liza Minnelli (Gabrielle Roy-Lemay), tantôt une Tina Turner (Frédérique Mousseau), ou tantôt une Whitney Houston (Audrey-Louise Beauséjour).

7 Gregory Charles

Dotée d’aptitudes lyriques remarquables, la soprano Klara Martel-Laroche se glisse, quant à elle, parfaitement dans la peau de Christine (Le Fantôme de l’Opéra) ou de Maria (La Mélodie du Bonheur), rôle qu’elle a d’ailleurs campé récemment. Elle offre l’un des moments les plus réussis du spectacle lors de son duo enflammé aux côtés de Gregory Charles, qui incarne brillamment le Fantôme avec sa voix grave et puissante. Mathieu-Philippe Perras et Marc-Antoine Gauthier n’ont hélas pas eu droit à un solo lors de la première médiatique. À l’exception de l’extrait fort réussi de Kinky Boots, dans lequel ils se sont métamorphosés en drag queens, ils n’ont pas eu le loisir d’être davantage mis en avant. Espérons qu’ils le soient aux autres dates.

7 Gregory Charles

Finalement, la troupe livre globalement des numéros de groupe très aboutis, dont « One Day More » (Les Misérables) qui clôt le premier acte avec force et conviction. Réunis autour de Gregory Charles et de sa fille Julia au piano, les artistes ont aussi rendu un hommage musical très touchant à Karl Trembay des Cowboys Fringants, emporté par la maladie il y a quelques jours à peine et laissant tout le Québec en deuil. Interprétant « Sur mon épaule », le père et sa fille de 11 ans ont chanté avec beaucoup d’émotion et de fraîcheur cette pièce qui passe en boucle à la radio depuis la triste annonce.

Pour le plaisir de se plonger dans les anecdotes personnelles de Gregory Charles et de découvrir de jeunes artistes bourrés de talent, le spectacle 7 est le divertissement de l’heure à ne pas rater à Montréal ! La qualité et l’enthousiasme sont au rendez-vous pour passer un excellent moment musical.

Crédit photo : Paul Menzies

7
Image de Nathalie Katinakis

Nathalie Katinakis

Bercée par les tubes de "Starmania" durant l'enfance, c'est "Cats" qui me donne la piqûre pour de bon quand je me plonge enfin dans son univers en 2010. Dans la foulée, je découvre le West End et rejoins l'équipe de Musical Avenue dès 2011, couvrant les spectacles montréalais depuis le Québec où je réside.FB/IG:@uneportesurdeuxcontinents
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