Alors que la comédie musicale célèbre ses 10 ans à Broadway, Aladdin a pris son tapis volant pour embarquer dans une tournée sillonnant toute l’Angleterre. Alors que nous avions découvert la production londonienne en 2016, est ce que la magie de la cité d’Agrabah opère toujours dans cette nouvelle version ?
Mille et une folies
40ème long-métrage d’animation Disney, on ne présente plus ce diamant d’innocence inspiré d’un des contes des Mille et Une Nuits mais également du film « Le Voleur de Bagdad » des années 40. Considéré comme l’un des plus grands succès du second âge d’or de Disney avec La Petite Sirène et La Belle et la Bête, Aladdin a tout de suite marqué les esprits grâce à ses chansons inoubliables comme « Ce rêve bleu » ou « Je suis ton meilleur ami » et ses personnages attachants. Il était difficile d’imaginer que ce dessin animé ne soit pas adapté sur scène un jour où l’autre. Après le succès du Roi Lion, qui domine Broadway et le West End depuis bientôt 30 ans et qui continue sa jolie route avec une 4ème saison au Théâtre Mogador, Aladdin est la seconde comédie musicale Disney à être encore à l’affiche à New York (même si elle n’a pas encore dépassé les 13 années de La Belle et la Bête en terme de longévité). Alors que la comédie musicale a vu de nombreuses productions en Europe et même au-delà, le spectacle jouera pendant 3 ans à Londres avant de fermer ses portes en 2019. Cette tournée permet donc à tous ceux qui n’avaient pu applaudir Aladdin dans le West End de le découvrir dans un théâtre près de chez eux. En bons aventuriers que nous sommes, Musical Avenue a décidé de prendre le premier tapis volant direction Bristol, qui soit dit en passant n’est pas la ville la plus magique d’Angleterre, afin de découvrir cette version 2024 avec ses qualités et ses défauts.
FAITES UN VŒU
Que ce soit à Londres ou à Broadway, Aladdin n’a jamais été la comédie musicale la plus impressionnante de Disney. Là où Frozen nous avais subjugué par sa multitude de décors et ses effets spectaculaires, et Le Roi Lion dans une autre mesure par la poésie de ses marionnettes, le conte des Mille et Une Nuits manquait déjà de décors pharaoniques. Nous avions quand même retenu celui de la caverne aux merveilles, avec l’un des moment forts du spectacle, et évidemment le vol en tapis volant, dont le mariage entre magie et technologie offrait un moment unique pour petits et grands.
En tournée il a fallu malheureusement repenser les coûts pour rendre le spectacle plus facile à transporter, causant une réduction significative de la taille des décors qui n’étaient, déjà pas très grands, ainsi qu’un tapis volant, certes magique, mais beaucoup moins impressionnant qu’avant en terme d’illusion. De nombreuses petites coupes techniques ici et là rendent le spectacle un peu moins éclatant à l’image de l’arrivée du génie beaucoup plus traditionnelle qu’auparavant. En effet au lieu d’arriver dans un nuage de fumée en tourbillonnant de sous la scène, il saute simplement des coulisses et cela ne fait forcément pas le même effet. Il est évident que si vous n’avez jamais vu le spectacle, vous n’y verrez rien mais il est important d’avoir en tête qu’une version tournée est souvent en terme d’effets un peu en dessous de la mouture originale pour des raisons évidentes de budget et de transportabilité.
Certains défauts du spectacle original ont subsisté comme l’ouverture « Arabian Nights » qui manque un peu de dynamisme ainsi que « Prince Ali » qui échoue vraiment à retranscrire cette immense parade en ne faisant que sortir et rentrer les danseurs avec un changement rapide de costume. Le final avec Jafar, quoiqu’un peu différent de la version originale, est également un peu décevant quand on a l’immense serpent du film en tête.
Heureusement la force d’Aladdin ne réside pas forcément dans sa mise en scène mais plutôt dans les magnifiques musiques originales du dessin animé mais également aux jolies nouvelles mélodies qui se fondent parfaitement parmi les anciennes. On appréciera notamment « Babkak, Omar, Aladdin, Kassim » qui offre un superbe numéro de groupe ou « Proud of Your Boy », coupée en dernière minute du dessin animé, qui offre à Aladdin un superbe solo. Grâce à un livret simple mais efficace, le spectacle est drôle, rythmé et idéal pour un public familial qui pourra parfaitement y trouver son compte pour faire découvrir aux plus jeunes la magie des comédies musicales sur scène. Les costumes sont toujours flamboyants, les chorégraphies enlevées et le plaisir est au rendez-vous malgré les petits bémols que nous avons pu soulever.
Pour cette tournée, le rôle d’Aladdin est interprété par Gavin Adams qui fait ses débuts professionels après avoir été diplomé de la Royal Academy of Music. Vocalement impeccable, il nous a manqué cependant un peu de nuance dans l’interprétation pour retrouver la candeur et l’émotion du personnage iconique. Face à lui Desmonda Cathabel campe une Jasmine au contraire avec une forte personnalité et une magnifique palette d’émotions. Elle insuffle l’humanité et la personnalité nécessaire en plus d’être parfaite dans le chant. Mention spéciale également pour Yeukayi Ushe qui offre un génie hyperactif aussi drôle que talentueux. Habitué du West End après avoir été dans The Book of Mormon, Motown the Musical, The Lion King ou encore A Strange Loop, il éclipse finalement ses partenaires de scène dès qu’il apparaît. Le reste de la distribution est également très efficace même si l’ensemble manquait globalement un peu de dynamisme sur les grands numéros de groupe malgré un magnifique orchestre qui sonnait vraiment bien.
Vous l’aurez compris, la version tournée d’Aladdin n’est peut être pas aussi flamboyante que la production originale et n’a pas forcément corrigé les petits défauts du spectacle mais reste néanmoins un très bon moment familial et bien plus abordable à découvrir que dans le West End ou à Broadway. Un moment magique avec cette histoire intemporelle qui permettra une petite parenthèse enchantée sur un tapis volant au cœur d’Agrabah.
Crédit Photos : Deen Van Meer
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