Après trois ans d’arrêt forcé, la traditionnelle comédie musicale du festival Juste pour rire revient enfin cet été à Montréal ! Annie, classique familial du genre, a été choisie pour marquer ce grand retour. Quoi de mieux qu’un tel spectacle rassembleur pour réunir petits et grands après ces dernières années moroses ?
Traduite dans une vingtaine de langues et jouée dans une trentaine de pays à travers le monde, la comédie musicale Annie a vu le jour en 1977 sur les planches de Broadway. Avec sept Tony Awards à son actif, ce spectacle a inspiré trois adaptations cinématographiques au fil des ans et même une version diffusée en direct en décembre dernier, sur les ondes de NBC. Si certains chanceux ont pu assister à l’une de ces productions, plusieurs connaissent surtout le film culte de 1982. Il célèbre d’ailleurs cette année son 40e anniversaire, tout comme le festival Juste pour rire !
Optimisme et bons sentiments
Inspirée de la bande dessinée Little Orphan Annie créée par Harold Gray en 1924, Annie raconte les déboires d’une jeune rouquine vivant dans un orphelinat pour filles de New York dirigée par l’infâme Miss Hannigan durant la Grande Dépression de 1933. Rêvant de retrouver ses parents biologiques qui l’ont abandonnée alors qu’elle n’était qu’un bébé, elle croise le chemin de Mr. Warbucks. Le milliardaire au cœur froid finit par s’attacher à la fillette au point de vouloir l’adopter.
L’argent ne fait pas le bonheur, mais y contribue ! Passant d’orpheline à princesse, la petite Annie voit son destin changer du jour au lendemain grâce à cette rencontre. Mais surtout, c’est elle qui en vient à transformer la vie des autres. Par sa fraicheur et son optimiste, la jeune fille répand l’espoir partout sur son passage. Elle ne cesse de rêver à des jours meilleurs (« Tomorrow »), voyant le bon côté des choses dans chaque situation. Pourtant écrite il y a des décennies, l’histoire d’Annie reste ainsi d’actualité par ses valeurs réconfortantes auxquelles il est bon de s’accrocher.
Une adaptation à saveur locale
Que l’on connaisse ou non toutes les ficelles de cette touchante comédie musicale, cette nouvelle production ne peut que surprendre. Et dans le bon sens du terme ! En plus de la mise en scène et de la traduction du livret, Serge Denoncourt (Je vais t’aimer, Les Choristes) signe aussi celle des paroles des chansons aux côtés de Manuel Tadros. Une adaptation québécoise en tout point, accent compris, qui est une réelle bouffée d’air frais ! Des références et des blagues locales ont ainsi été intégrées à cette intrigue pourtant très ancrée dans une période sombre de l’histoire américaine. Le résultat est décoiffant avec un public qui rit aux larmes devant les nombreuses frasques des artistes sur scène.
Une Annie pétillante
Pour tenir haut et fort le spectacle, il fallait trouver une petite héroïne de la trempe d’Annie. Plus de 500 candidatures de jeunes filles ont été reçues, mais une seule a bien sûr été retenue : Kayla Tucker*. Pétillante et dégourdie comme son personnage, elle ressemble aussi à s’y méprendre à Aileen Quinn, la fameuse interprète du film de 1982. La jeune artiste de 11 ans est incroyable dans le rôle de la charmante orpheline. Elle danse, chante et joue avec un naturel et un charisme désarmant, séduisant le public à chacune de ses apparitions.
Elle est entourée d’artistes tout aussi doués, à commencer par les autres fillettes de l’orphelinat à l’énergie et à la spontanéité débordantes. Véronique Claveau est parfaite en secrétaire particulière (Grace Farrell) et David Savard aussi en milliardaire bourru, mais sympathique (Oliver Warbucks). On se prend également à aimer détester l’effroyable Miss Hannigan et le truculent couple d’imposteurs Rooster et Lily. Ils sont jouissivement campés par Geneviève Alarie, Kevin Houle et Émilie Bégin. Mention spéciale finalement pour le majordome Drake (Éloi Archambaudoin) au jeu hilarant et à l’attachante chienne Sandy (Chloée) qu’on aurait voulu voir davantage.
Une troupe qui excelle du début à la fin de par sa cohésion et son entrain au sein de numéros d’ensemble dynamiques et de chorégraphies réglées au quart de tour. Décors somptueux, éclairages maîtrisés, éclatants costumes faits sur mesure… Rien n’est laissé au hasard pour faire de cette nouvelle production une réelle réussite !
Rafraichissante et réconfortante, cette adaptation épatante est décidément digne de Broadway. À ne pas rater jusqu’au 31 juillet au Théâtre St-Denis de Montréal, puis dès le 12 août à la salle Albert-Rousseau de Québec !
*Ange-Élie Ménard, incarnera, elle aussi, le rôle d’Annie dans une dizaine de représentations cet été.