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Une véritable comédie musicale
Grande salle somme toute relativement modeste, avec ses quelques quatre-vingt places assises. Nous sommes accueillis dans le théâtre par Merlin pour nous souhaiter la bienvenue, accompagné par quelques autres personnages. La vente des programmes du spectacle est habilement intégrée dans un début de mise en scène, avec quelques tours de passe-passe pour faire patienter les spectateurs.
Accompagnés en direct par un pianiste, les comédiens chanteurs livrent ensuite en ouverture un très joli numéro de comédie musicale, et une première chanson qui donne le ton de la suite. Nous sommes emportés au Moyen-Âge, dans un univers délicieusement anachronique, à l’humour décalé situé mi-chemin entre Kaamelott et les Monthy Python.
L’intrigue se déroule au Royaume de la (Grande) Motte que l’on découvre ruiné, sous le règne de son roi Renaud. Aidée par le fils de Merlin, la Reine dilapide le peu d’argent qu’il reste pour séduire son amant le chevalier Gauvain. Le Roi organise un tournoi qui verra sa fille épouser le vainqueur. Cet évènement pousse le célèbre Roland à reprendre du service, lui qui coule une paisible retraite avec les fées Viviane, Morgane et Mélusine. Ces dernières décident alors de saboter le tournoi pour garder le chevalier à leurs côtés.
Un humour réjouissant servi par une troupe pleine d’énergie et de simplicité
Signant l’écriture et la mise en scène, Sophe Jolis (Les Dézingués du vocal ; Sac à roses) livre un travail étonnant par sa qualité. Les dialogues sont intelligents, les textes et références fouillés, truffés de jeux de mots et de clins d’œil. Le spectacle respire la bonne humeur et l’énergie, transmise par une troupe qui ne se prend pas au sérieux, tout en étant rigoureuse, précise et professionnelle. Le livret est consistant, les chansons sont intelligentes et font avancer l’histoire, respectant la majorité des codes d’un véritable « musical » à l’anglo-saxonne.
La partition est riche et cohérente : on alterne entre des rythmes moyenâgeux sur un piano aux airs de clavecins, à des airs très jazz ou des ballades romantiques. Malgré le grand talent du pianiste Michel Goubin et une acoustique parfaite, on regrette presque de ne pas avoir un orchestre plus consistant pour mettre plus en valeur encore le superbe travail de la compositrice.
Autre domaine impressionnant, la création costumes, qui voit les douze comédiens changer plusieurs fois de tenues, toujours plus originales les unes que les autres. Comme souvent dans les salles de cette configuration, le décor est sobre et modulaire, permettant aux deux blocs de pierre de servir tantôt de siège ou de bar. Quant à la mise en scène, elle offre beaucoup de fluidité à l’ensemble, et permet de mettre en valeur les artistes, nous faisant presque oublier le faible espace dont ils disposent pour s’exprimer.
Les plus tatillons reprocheront peut-être à la troupe son niveau quelque peu hétérogène, notamment en chant, mais quand on sait qu’il s’agit de comédiens semi-professionnels, voire amateurs pour la plupart, on ne peut être qu’admiratifs devant un résultat d’une telle qualité. On saluera notamment les prestations d’Emmanuelle Triebel, qui incarne une bergère cynique qui rêve de chevalerie, et également celle d’Axelle Reboul, qui campe une reine adultérine victime de la mode pleine de panache.
Nous avons passé une très bonne soirée au Théâtre de Nesle, devant un excellent divertissement, plutôt destiné à des adultes restés grands enfants. En effet, bien que la production annonce un âge minimum de 7 ans, le vocabulaire est sophistiqué, et tant les blagues que le propos échapperont aux plus jeunes. Au Temps des chevaliers démontre qu’il est tout à fait possible de donner du plaisir et des émotions aux spectateurs avec peu de moyens et beaucoup de cœur. Un grand bravo à la compagnie Croc-en-jambe, et longue vie à ce très joli spectacle !
Découvrez ci-dessous le teaser du spectacle :
Au temps des chevaliers, de Sophie Jolis
Jusqu’au 9 mars 2019
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h
Au Théâtre de Nesle – Grande salle
8 Rue de Nesle
75006 Paris
Mise en scène : Sophie Jolis ; Décors : Claude Chapuis ; Costumes : Telen ; Lumières : William Oggd ; Ingénieur du son : Sylvain Demay ; Conception visuelle: Toum Ngo
Avec (en alternance) : Axelle Rebou, Anne-Sophie Lebrun, Caroline Calvo, Emmanuelle Triebel, Diane Délezir, Coline Lardeux, Raphaëlle Bigex*, Victoria Belletti*, David Barrio, Alain Sorrenti, Arnaud Patron, Benoît Boehm*, Frédéric Beudaert et Nicholas Mcisaac
*absents de la représentation du 7 février, objet de cette critique
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