Qu’il est bon de réentendre le temps d’une soirée le répertoire prolifique de la tant regrettée Dame en Noir. Une nouvelle fois, Roland Romanelli s’attache à parler de sa Barbara avec pudeur et sincérité. Retour sur une soirée de première au Théâtre de Passy qui a su nous faire vibrer.
Homme de l’ombre, Roland Romanelli fait partie de ces artistes dont le parcours est étroitement lié à ceux dont l’existence est faîte de lumière. Musicien, arrangeur et compositeur français, sa participation au répertoire français est prolifique et dure depuis sa venue à Paris dans les années 60. Le théâtre et le cinéma sont aussi une terre d’accueil pour ses arrangements musicaux.
Aussi, il partagea pendant de nombreuses années la vie musicale et privée de Barbara. Avouons que c’est assez cocasse : la voix enregistrée de Rolland Romanelli introduit le spectacle comme un hommage à l’ex-femme de sa vie, accompagné de la femme qui partage aujourd’hui sa vie.
Dans l’intimité d’une relation
Cela fait plusieurs années maintenant que le spectacle existe sous différentes versions avec toujours pour objectif : rendre grâce à une œuvre sacralisée par tout un public et rendre hommage à la femme qui en fut l’inspiratrice. Marqué par cette relation hors du commun, Roland Romanelli nous dévoile une complicité mêlée de passion et d’authenticité entre deux êtres réunis autour de l’amour des mots.
Pour ne pas tomber dans le voyeurisme et en dévoiler plus que nécessaire, son auteur prend la parole avec beaucoup de simplicité et de finesse. Il adresse à un public conquis, les coulisses de création du répertoire de la chanteuse que nous découvrons pleine d’humour. A la fois au piano et à l’accordéon, il devient aussi spectateur des interviews de la chanteuse, qui entrecoupent les moments musicaux du spectacle.
Un récital soigné
Il suffit de l’arrivée de Rebecca Mai sur scène pour suspendre le temps. Grimée à l’image de l’héroïne de la soirée, on a pu imaginer que Barbara était sur scène pour se raconter en musique comme elle l’a toujours fait. Plus subtil que ça, c’est l’unique Rebecca qui conte Barbara et cela fait toute la différence.
Dans une mise en scène juste et précise, la lumière de Jacques Rouveyrollis prend toute sa place. Une évidence quand on sait qu’il est le comparse qui éclaira la chanteuse pendant toute sa carrière. Le cadre est ficelé et soigné. Il n’est pas toujours nécessaire d’en faire beaucoup, surtout quand la musique parle d’elle-même.
Pas d’arrangements heurtant dans ce récital, mais une réorchestration toute en douceur pour la vingtaine de chansons servant de support au dialogue de son créateur. Les textes vrais et intimistes de la Dame de Nantes ne supporteraient pas de fioritures inutiles. L’émotion est à son comble grâce aux Chœurs de France qui, cachés dans le public, se révèlent sur le grand final attendu par tous : l’aigle noir. Moment sublime.
Aussi douce qu’une madeleine de Proust, Barbara se déguste avec plaisir et nostalgie. La force de ce spectacle est sans contexte la sincérité du regard posé sur cette relation qui marqua ses deux interprètes. Il s’adresse à tous et surtout aux novices de ce répertoire parfois dur et incompris, ne serait-ce que pour enrichir sa culture musicale. La découverte en vaut vraiment la peine.
Pour réserver vos places, c’est par ici.