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De la pièce au théâtre musical
Les Belles-Sœurs est l’une des œuvres phares de l’auteur prolifique québécois Michel Tremblay. Enseignée à l’école, traduite en plusieurs langues, jouée et reprise sur les planches à travers le monde depuis 50 ans, elle a révolutionné le théâtre québécois en introduisant le joual, bouleversant du coup les règles établies. Le théâtre français, principal modèle prôné à l’époque, s’est alors vu délaissé au profit d’une langue populaire reflétant davantage la réalité québécoise.
Cette langue est devenue un personnage à part entière de la pièce, celle de ces 15 ménagères du Plateau Mont-Royal réunies pour une veillée de collage quand l’une d’entre elles (Germaine Lauzon) gagne un million de timbres-primes. Mais la bonne ambiance et l’excitation du départ laissent vite la place aux vieilles rancunes, jalousies, vengeances et chicanes. Entre les expressions truculentes et les répliques cinglantes, c’est toute la lucidité et la détresse de ces femmes entassées dans une cuisine qui s’expriment dans Les Belles-Sœurs, véritable tragédie malgré ses airs d’apparente comédie.
S’attaquer à ce classique en le transformant en théâtre musical était donc tout un défi. Comment réinventer une pièce aussi emblématique de la culture québécoise sans pour autant enlever son essence ? On doit ce tour de force à René Richard Cyr et Daniel Bélanger. L’un a mis son génie créatif à la mise en scène, au livret et aux paroles du spectacle. L’autre, toute sa sensibilité musicale à la création de chansons en totale diapason avec l’esprit de la pièce.
Sans aucun temps mort et parfaitement rythmée, cette version musicale nous plonge encore mieux dans la vie de ces femmes piégées dans un quotidien qui ne les comblent en rien. Le morceau « Maudite vie plate » en est un bon exemple. À vrai dire, chaque chanson est comme une pièce d’un puzzle plus subtil qu’il n’y parait, à l’image de chacune de ces femmes confrontées à leurs misères pas si différentes des nôtres et de l’humanité entière. Certaines chansons font rire, d’autres nous tirent une larme. Toutes sont criantes de vérité. La mise en scène originale les sert d’ailleurs, que l’on pense seulement à l’excellente scène « Moi j’aime ça l’Bingo », jouée au ralenti.
Une nouvelle troupe
Créée à Montréal en mars 2010, Belles-Sœurs – Théâtre musical a vu sa distribution évoluer au fil des années. Dans cette toute nouvelle version, on retrouve ainsi certaines comédiennes, alors que d’autres sont venues remplacer les anciennes. Fait intéressant, Kathleen Fortin (Demain Matin, Montréal M’attend) campe cette fois le rôle de Germaine Lauzon, alors qu’elle jouait celui de Des-Neiges Verrette dans une précédente version.
Fortin comme ses collègues sont époustouflantes, donnant vie à ces femmes plus grandes que nature avec énormément d’aplomb et d’énergie. Surprenantes et touchantes comme leurs personnages, elles forment une troupe qui vibre à l’unisson, portant le spectacle avec toute la responsabilité, l’intelligence et la sensibilité que cela exige.
Spectacle acclamé, Belles-Sœurs – Théâtre musical ne remplit pas les salles depuis des années pour rien. Une adaptation qui frappe dans le mile, toujours d’actualité, alors que les femmes luttent encore aujourd’hui pour leur condition, et que la quête du bonheur poursuivie dans notre société de consommation entraîne toujours cette même insatisfaction.
Crédit photo : Melany Bernier
Belles-Sœurs – Théâtre musical, de René Richard Cyr et Daniel Bélanger
D’après Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay
Du 17 au 27 octobre 2018
Au Théâtre Maisonneuve de Montréal, puis en tournée
Direction musicale et vocale : Chris Barillaro ; Assistance à la mise en scène et régie : Lou Arteau ; Scénographie : Jean Bard ; Costumes : Mérédith Caron ; Éclairages : Martin Labrecque ; Accessoires : Francis Farley-Lemieux ; Perruques : Rachel Tremblay.
Avec : Kathleen Fortin (Germaine Lauzon), Sonia Vachon (Rose Ouimet), Éveline Gélinas (Pierrette Guérin), Geneviève Alarie (Thérèse Dubuc), Édith Arvisais (Linda Lauzon), Frédérike Bédard (Olivine Dubuc), Sylvie Ferlatte (Angéline Sauvé), Jade Bruneau (Desneiges Verrette), Michelle Labonté (Yvette Longpré), Hélène Major (Lisette de Courval), Monique Richard (Rhéauna Bibeau), Geneviève St Louis (Marie-Ange Brouillette).
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