C’est une flamboyante lettre d’amour adressée à Diane Dufresne qui prend vie en ce moment sur la scène du Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny au Québec. À l’image de cette chanteuse et artiste atypique, Belmont est une proposition osée et complètement déjantée qui bouleverse les codes du théâtre traditionnel pour créer une bulle intemporelle saisissante.
Un spectacle à l’image de Diane Dufresne
Intense, déjantée, hors-normes. C’est ainsi que l’on peut décrire Diane Dufresne, mais maintenant aussi la pièce Belmont. Pour parler de cette icône québécoise qui a marqué la chanson francophone, il fallait bien un spectacle aussi fou, extravagant, sensible et percutant qu’elle. Mais le défi était de taille. Comment donc créer une œuvre qui lui rend hommage sans que ce soit une pièce biographique ou une revue ? Heureusement, Jade Bruneau connaissait la réponse. La jeune idéatrice et metteuse en scène du spectacle savait très bien où elle s’en allait quand elle a décidé de monter cette grande fresque poétique et théâtrale dans l’univers de Diane Dufresne. Sans être impliquée dans sa création, cette dernière a d’ailleurs donné son aval en toute confiance.

Une personnalité en cinq couleurs primaires
Alors que la célèbre chanteuse est si complexe et multiple, Jade Bruneau a eu une idée brillante : incarner ses nombreuses facettes en cinq personnages féminins. Cinq couleurs primaires qui apportent chacune un éclairage distinct : la diva, l’artiste, l’amoureuse, la folle et la petite fille. Campées respectivement par Catherine Sénart, Catherine Allard, Laetitia Isambert, Geneviève Alarie et Laur Fugère, ces cinq femmes se combinent et se complètent comme un puzzle où chaque pièce est une énigme en elle-même. Avec leur talent vocal impressionnant et leur jeu investi, elles forment une distribution rêvée pour porter ce spectacle si singulier.

À leurs côtés, un seul homme, le clown sert à la fois de narrateur et de miroir aux hommes qui ont côtoyé la star au fil des années. Campé avec brio par Pierre-Olivier Grondin, à la voix, lui aussi, incroyable, il y a tantôt un peu de Luc Plamondon (son parolier) en lui, tantôt un peu de Richard Langevin (son conjoint) ou bien de François Cousineau (son compositeur). Au contact de ces femmes, il s’en trouve lui-même changé avec une envie irrépressible de se déployer comme elles.
Une œuvre tissée serrée
Au lieu de découper les scènes et de segmenter la pièce, Belmont la propose en entier. Pendant 90 minutes sans entracte, les artistes sont non seulement continuellement sur scène, mais leurs voix s’entrelacent dans une mise en scène extrêmement tissée serrée. Co-dépendantes, les cinq femmes évoluent dans de perpétuelles allées et venues aux confins de l’univers de Dufresne. Elles chantent ses chansons, en solo et en chœur, à la manière d’un immense mashup qui leur donne une toute autre ampleur. L’imitation n’est pas ici recherchée, c’est plutôt la vérité que l’on essaie de toucher. Et on y parvient. Complétée par des morceaux originaux d’Audrey Thériault et des dialogues signés Laurence Régnier, l’œuvre de Dufresne se cristallise ainsi en un vibrant et libérateur cri d’affirmation.
Des éblouissants costumes aux jeux de lumière enveloppants ou incisifs, tout y est finement brodé. Le rose domine bien sûr dans toutes ses nuances. Bonbon, poudré ou fuchsia, il se veut tantôt romantique, tantôt excentrique pour illustrer, lui aussi, la « femme foraine ». L’image est parlante. Comme les manèges de l’ancien parc Belmont de Montréal, Diane Dufresne est un carrousel d’émotions.
Dans son fond et dans sa forme, Belmont relève ainsi un merveilleux défi : celui de nous plonger bien au-delà de la vie et l’œuvre de cette ahurissante artiste. Le spectacle offre une véritable immersion dans son imagination débordante qui résonne par conséquent avec la nôtre. Le contact entre les deux devient ainsi plus puissant, permettant à l’élan de vie de s’émanciper.

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