Deux monstres sacrés de la chanson française au répertoire intemporel et à l’amitié méconnue. Brel et Barbara auraient fêté leur 90e anniversaire de naissance à une année d’intervalle en 2019 et 2020. Des « héros fragiles » comme le titre du spectacle mis en scène et interprété par deux autres grands amis dans la vie, Julie Daoust et Renaud Paradis. Un moment intime dans leur univers en ce moment présenté au Théâtre du Rideau Vert de Montréal avant de partir en tournée à travers le Québec.
Deux artistes mythiques, une amitié
Redécouvrir l’œuvre de Jacques Brel et de Barbara sous un angle nouveau : celui de la relation très particulière qui les unissait. Voilà le fil conducteur de ce très beau spectacle porté par deux comédiens-chanteurs qui n’en sont pas à leurs premiers rôles ensemble (Adieu Monsieur Haffmann ; L’Auberge du chien noir…). Seuls sur la scène, accompagnés au piano par Philippe Noireaut, ils prêtent leurs corps et leurs voix à ces deux artistes mythiques. Ce n’est pas la ressemblance physique ou vocale qui est tant recherchée, mais plutôt l’immersion du public dans leur univers si singulier.
Brel et Barbara
Avec une grande justesse et sensibilité, Julie Daoust et Renaud Paradis arrivent ainsi à leur redonner vie, alternant leurs chansons qui se font d’ailleurs parfois écho. C’est la rencontre entre une femme et un homme, portée par cette même passion pour la musique et ce qu’elle leur permet d’exprimer. Barbara, la dramatique et déchirante. Brel, le géant entier et intransigeant.
Justesse, rires et émotions
Entre les scènes théâtrales et les chansons, des archives sonores sont jouées. On peut ainsi entendre plusieurs personnalités qui les ont connus raconter quelques bribes de leurs vies. Des détails surprenants font ainsi surface tout au long de ce spectacle qui a la qualité de ne jamais tomber dans le mélo, malgré la grande émotion palpable, du début à la fin.
Complices en amitié et sur scène, Julie Daoust et Renaud Paradis apportent une résonance spéciale à ce spectacle. Leur alchimie se sent et permet d’ancrer cette tendresse qui liait la Dame en Noir au Grand Jacques. L’un comme l’autre est tantôt poignant, tantôt hilarant. Leurs voix mélodieuses et leurs interprétations justes nous bouleversent à plusieurs moments, dont le magnifique « Nantes » si bien chanté par Julie Daoust. Cela n’empêche pas aussi au spectacle d’être teinté d’humour, comme lors du numéro « Les Flamandes » que Renaud Paradis livre de manière très amusante.
Un spectacle unique et émouvant, mais aussi très réjouissant puisqu’il célèbre avant tout des artistes, leur amitié et leurs chansons indémodables. L’occasion également de découvrir d’autres aspects de leur personnalité et d’apprécier une fois de plus la profondeur de leurs textes.
Crédit photo : Émilie Josset