Un huis clos parisien
Toute l’intrigue se déroule dans l’appartement de Philippine, créatrice de mode au caractère affirmé et au goût prononcé pour les tenues vestimentaires qu’on appelle combinaisons. Elle vit depuis une dizaine d’années avec Léo, interprété par Nicolas Kaplyn (Merlin, la légende musicale), beaucoup plus réservé pour exprimer ses sentiments. Un couple comme il peut en exister beaucoup d’autres, et qui doit faire face aux problèmes du quotidien et au confinement dû à la crise sanitaire (une vraie pièce du 21e siècle !). L’intrigue, au départ simple, puise sa force dans les personnages que l’on pense secondaires : les voisins d’immeuble. Lorsqu’ils apprennent que Philippine attend un heureux évènement, chacun apporte son aide à sa façon, et manifeste son soutien.
Le canapé du salon prend alors des airs de divan psychiatrique, où tous viennent discuter de leur passé. On comprend pourquoi chacun est touché par la naissance de l’enfant à venir. Du réservé Camille, exerçant le métier de sage-femme (mais qui nous gratifie d’une prestation mémorable en avouant son rêve d’être transformiste), à la touchante Mady, tourmentée par la solitude d’une vie, chacun veut être un soutien pour le couple. Les accessoires et décors, peu nombreux, suffisent néanmoins pour inviter le public à prendre part à ces destins croisés, et l’on s’attache vite à ces voisins intrusifs.
Et la musique dans tout ça?
Comme un fil rouge, la pièce mêle des chansons existantes et des créations originales, chantées par les différents protagonistes. Si l’ensemble laisse une bonne impression, on a toutefois du mal à retenir une chanson en particulier. Les artistes assurent leur rôle avec professionnalisme sur la bande sonore, et l’on est surpris par les performances vocales de la troupe. L’alternance des solos et des numéros d’ensemble donne un vrai dynamisme à la pièce. On se réjouit aussi de les voir danser, malgré le peu d’espace que leur offre la scène de l’Auguste Théâtre ; on sent ici l’expérience d’Emma Bus pour adapter les chorégraphies.
Les chansons sont habilement choisies pour faire progresser le récit, et contrastent avec les dialogues qui ralentissent parfois l’histoire. On regrette également de ne pas en apprendre davantage sur certains personnages, notamment Mady, qui a eu une liaison avec le père de Léo. Elle est un peu le lien entre les générations de l’immeuble, ce qui pourrait donner naissance à un beau moment musical. L’excellent Enzo, manager de Philippine, apporte de la légèreté et un brin d’excentricité bien dosée. Les moments de rencontres musicales sont finalement les plus touchants et donnent toute leur originalité à ces tranches de vie, partagées avec le public.
Combinaison(s) porte bien son nom : en laissant s’ouvrir les portes des voisins de palier, Emma Bus et Sylvie Kienast nous proposent une vision entremêlée de la famille, atypique et un peu irréelle, mais où chacun apporte aux autres ce qu’il a de mieux à offrir. Il vous faudra venir voir le spectacle pour découvrir si cette combinaison ultime permet de dépasser les obstacles, et si le bonheur se cache dans la danse et le chant entre voisins.