[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_text]
Le Montréal du night-life des années 1970
On fredonne sa chanson thème depuis des décennies. Pourtant, le Montréal qui y est présenté n’est pas des plus réjouissants. Michel Tremblay a montré la ville dans ce qu’elle a de plus sombre, entre club de travestis miteux et bordel minable. Le Montréal du night-life des années 1970. La rue Saint-Laurent, ses bars clinquants, son argent facile… La « Main », sa culture et son histoire pas toujours reluisantes qu’on évoque malgré tout avec le sourire et la nostalgie. C’est l’une des forces de ce grand dramaturge québécois : faire rire tout en dénonçant, rendre beau le plus misérable.
Des thèmes toujours d’actualité
Créé dans les années 1970 puis repris en 1995, Demain Matin, Montréal M’attend a beau parler d’une époque révolue, la pièce demeure toujours d’actualité. Louise Tétrault, jeune serveuse au Bar-B-Q de Saint-Martin, vient de remporter un concours d’amateurs. Elle décide alors de quitter son patelin perdu pour conquérir Montréal en comptant sur l’aide de sa sœur Rita. Devenue Lola Lee, star du music-hall dans la métropole, son aînée voit l’arrivée de sa cadette d’un bien mauvais œil et n’a aucune envie de se laisser damer le pion. Pour la décourager, elle lui fera voir l’envers du décor ; dévoilant par la même occasion tout ce qu’elle a dû traverser pour se tailler une place dans le show-business.
La gloire instantanée, l’hypocrisie du milieu, les coups bas… 45 ans plus tard, il est plus difficile que jamais d’atteindre le sommet dans un monde peuplé de vedettes éphémères. Et si la pièce s’attache à ces aspects noirs de l’industrie du spectacle, elle reste aussi actuelle avec ses thèmes sous-jacents : les relations tendues entre sœurs, le rêve de la grande ville, les désillusions… Les années ont eu beau passer, Demain Matin, Montréal M’attend ne semble pas avoir vieillie, figée dans une époque et écho contemporain à la fois.
Un metteur en scène sensible et ingénieux
Derrière cette reprise, un homme a relevé le défi avec brio : René Richard Cyr. Le metteur en scène prolifique (Belles-Sœurs) avait pourtant du pain sur la planche. Face à des personnages plus grands que nature, il parvient à mettre en valeur leur truculence sans pour autant tomber dans la caricature. Il nous livre une pièce drôle, touchante et vivace peuplée d’expressions typiques et références culturelles. Car c’est aussi ça tout le charme et l’importance de l’œuvre de Tremblay : redonner au joual toutes ses lettres de noblesse.
Une distribution à la hauteur
Autre pari remporté : la distribution impeccable composée de plusieurs vedettes connues sur scène et au petit-écran qui brillent aux côtés d’un chœur de huit voix et cinq musiciens. Hélène Bourgeois Leclerc campe une Lola Lee forte et fragile que l’on prend étonnamment d’affection. Marie-Andrée Lemieux, révélation de la pièce, apporte toute sa candeur teintée d’arrogance au personnage de Louise Tétrault. Dans la peau de Betty Bird, Kathleen Fortin interprète avec grâce et assurance une tenancière de bordel sur le déclin. Benoît McGinnis rayonne dans son rôle de Marcel Gérard, journaliste à potins à l’habit jaune et aux cheveux assortis (clin d’œil à Michel Girouard). Laurent Paquin, est quand à lui, littéralement bouleversant en travesti. L’humoriste bien connu livre sans conteste la performance la plus forte de la pièce dans Les Lamentations de la Duchesse où de femme, il redevient homme.
Classique du théâtre québécois, Demain Matin, Montréal M’attend a ce petit quelque chose d’indémodable comme toutes les œuvres de Michel Tremblay qu’il fait bon voir et revoir. Alors que la métropole souligne son 375ème anniversaire par divers événements, le célèbre auteur fête ses 75 ans dans quelques jours. Une autre bonne raison de ne pas rater cette pièce culte présentée dès le 19 septembre au TNM !
Crédit photo : Yves Renaud
Demain matin, Montréal m’attend de Michel Tremblay (texte), François Dompierre (musique) et René Richard Cyr (adaptation et mise en scène)
Du 13 au 17 juin au Théâtre du Nouveau Monde dans le cadre des FrancoFolies de Montréal et du 19 septembre au 17 octobre 2017
Chorégraphies : Sylvain Émard ; Arrangements et direction musicale : Chris Barillaro ; Assistance à la mise en scène : Lou Arteau ; Décor : Jean Bard ; Costumes : Judy Jonker ; Éclairages : Erwann Bernard ; Maquillages : Angelo Barsetti ; Conception vidéo : Normal Studio – Félix Fradet-Faguy.
Avec : Geneviève Alarie, Hélène Bourgeois Leclerc, Kathleen Fortin, Michelle Labonté, Christian Laporte, Marie-Andrée Lemieux, Benoît McGinnis, Laurent Paquin.
Le chœur : Bryan Audet, Guillaume Borys, Jade Bruneau, Marie-Pierre de Brenne, José Dufour, Myriam Fournier, Gabriel Lemire, Catherine St-Laurent.
Musiciens : Chris Barillaro, Paul Carter, Peter Colantonio, Mario Hébert et François Marion.
[/mp_text]
[/mp_span]
[/mp_row]