Dans le cadre de sa tournée 20è anniversaire, la comédie musicale Don Juan fait son grand retour au Québec après une série de représentations en Asie. Fidèle aux versions précédentes, cette dernière mouture renouvelle cependant sa distribution, dont son tandem principal.
Il y a 20 ans, Don Juan nous révélait Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier dans les rôles du séducteur invétéré et de sa dulcinée, marquant du même coup les esprits avec ses nombreux tubes. Des titres tels que « Seul », « Du plaisir » et « Changer » sont désormais des classiques de la chanson populaire francophone. Mais cette comédie musicale a-t-elle réussi à traverser le temps et à continuer de captiver le public d’aujourd’hui ?
Pour les fans de la première heure, le spectacle tient ses promesses. Romance, passion et sensualité sont au rendez-vous dans cette Espagne d’une autre époque où les relations entre hommes et femmes suivaient des codes différents. Les numéros enflammés de flamenco produisent toujours leur petit effet, mention spéciale d’ailleurs à José Manuel Fernandez et les musiciens qui l’accompagnent. Les airs emblématiques du spectacle sont aussi encore agréables à entendre, malgré leur grande diffusion.
Cette histoire d’amour et de vengeance reste cependant quelque peu figée dans le temps, à l’image de la mise en scène et de la scénographie. Si les projections à l’arrière de la scène peuvent être sublimes, comme l’énorme pleine lune ou les bougies éclairant le cabaret espagnol, elles tombent parfois dans le kitsch avec leurs images de masques et leurs couleurs rose fluo. La scène tournante lors du numéro « Seul » reste quant à elle indémodable. En toute simplicité, tous les artistes sont successivement éclairés, formant ce tableau bouleversant qui reste le point culminant du spectacle. Le numéro final « Don Juan est mort » conclut la pièce avec intensité, laissant les spectateurs sur une bonne note.
Les nouveaux amoureux de Séville
Alors que Jean-François Breau et Marie-Ève Janvier, couple également dans la vie, ont pris part à toutes les versions du spectacle jusqu’à présent, c’est au tour de Gian Marco Schiaretti (Notre Dame de Paris) et Cindy Daniel de camper leurs rôles. Cette dernière, qui avait précédemment incarné Elvira, l’épouse trompée de Don Juan, campe cette fois une Maria touchante et sensible. De son côté, le charismatique Gian Marco Schiaretto incarne un Don Juan charmeur et rebelle, fidèle aux exigences de ce personnage. Si l’alchimie entre les deux artistes n’est pas toujours palpable, leurs voix chaudes et puissantes se complètent à merveille.
En Raphaël, Philippe Berghella retrouve le personnage qu’il avait campé lors de la production originale, gâtant le public de sa voix riche et distinctive. Toujours aussi convaincant, il s’immerge pleinement dans son rôle, apportant une profondeur émotionnelle et une présence scénique impressionnante. Alyzée Lalande (Notre Dame de Paris) est la nouvelle Elvira. Avec son timbre de voix unique, elle donne toute son intensité à ce personnage bafoué en quête de vengeance. En ami et confident de Don Juan, Olivier Dion (Les 3 Mousquetaires) surprend par son assurance et la maturité de son jeu. Robert Marien et Roxane Filion sont finalement excellents en Don Luis et Isabel.
20 ans après ses débuts, la dernière mouture de Don Juan réussit son pari de renouveler sa distribution, sans pour autant nous faire regretter la précédente. Cependant, certaines images véhiculées sont plus difficiles à accepter aujourd’hui et les éléments conventionnels du spectacle peuvent sembler datés. Malgré cela, le charme opère toujours avec des mélodies et des performances qui continuent de séduire le public.