Après une tournée commencée en janvier dernier, Flashdance a clôturé son tour de France par deux représentations exceptionnelles à la Seine Musicale le 27 avril. L’occasion de replonger dans l’ambiance survoltée de ce film des années 1980, malgré une salle aux dimensions peu adaptées à la proposition.
Flashdance, c’est d’abord un film musical culte sorti sur les écrans en 1983 avec Jennifer Beals dans le rôle principal. C’est ensuite devenu une comédie musicale de Tom Hedley, Robert Cary et Robbie Roth, présentée en 2008 au Théâtre Royal de Plymouth, au Royaume-Uni, avant d’arriver dans le West End en 2010, puis aux États-Unis. C’est enfin une adaptation en français mise en scène par Philippe Hersen, dont les premières représentations avaient eu lieu au Théâtre du Gymnase en 2016 avec Priscilla Betti dans le rôle d’Alex avant un retour au Casino de Paris, puis au théâtre Bobino en 2023 à l’occasion du 40e anniversaire du long-métrage. Depuis janvier 2024, fort de son succès, le spectacle est parti en tournée dans toute la France avant un retour à la Seine Musicale le 27 avril dernier pour deux représentations.
Une histoire désormais bien connue
L’histoire du spectacle est sensiblement la même que celle du film de 1983 : Alexandra Owens, dite Alex, est une ouvrière qui travaille comme soudeuse au sein de l’aciérie Hurley Steel, à Pittsburgh. Le soir, elle tombe le casque pour se métamorphoser en danseuse au Mawby’s Bar aux côtés de ses trois amies Gloria, Kiki et Tess. Son rêve ? Intégrer la prestigieuse académie Shipley et faire de la danse toute sa vie. Un projet qu’elle tente de poursuivre, encouragée par sa mentor, Hannah, danseuse à la retraite. Mais une romance imprévue avec Nick Hurley, son patron à l’usine, pourrait bien venir contrecarrer tous ses plans…
Pour porter cette histoire pleine de bons sentiments, une vingtaine d’artistes se partagent la scène. Parmi eux, lors de la séance du 27 avril à 15h, nous avons pu applaudir, sous les traits d’Alex, Carla Dona, découverte dans la promotion 2022 de la Star Academy et doublure Ulla lors des représentations du spectacle Les Producteurs au Théâtre de Paris ; Mareva Poaty (Spamalot) sous ceux de Kiki ; Margaux Heller (Les Vilaines) dans le rôle de Tess ; Mathilde Friboulet (Le Magicien d’Oz ; La Petite Sirène) dans celui de Gloria ; ou encore Laure Balon, ex-professeur d’expression scénique lors de la promotion 2022 de la Star Academy, dans celui de Hannah. Côté rôles masculins, Julien Husser (Kid Manoir ; Grease) incarnait le personnage de Nick ; Jimmy Bourcereau (Priscilla, Folle du désert) celui du propriétaire véreux du Cameleon’s Club, Franck ; et Djamel Mehnane (Grease 2018 ; Timeo) celui de Jimmy, la caution comique de l’histoire.
Un ecrin trop ambitieux ?
Au cours des quelques 2h30 de show – avec un premier acte de 70 minutes qui nous a semblé beaucoup trop long – se côtoient les titres qui ont fait le succès du film, à l’instar de « What a Feeling », « Maniac » ou encore « Manhunt », mais aussi des chansons originales créées pour le spectacle. On ne va pas se mentir : ces dernières, souvent fades et mièvres, peinent à emporter l’adhésion du public. Lequel se réveille cependant lors des titres phares cités précédemment et interprétés en version originale, et pendant d’autres morceaux du spectacle tels que « Gloria » et « I Love Rock & Roll », portés par l’énergie de la troupe.
Hormis l’apparition ponctuelle d’un joueur de saxophone sur un côté de la scène rappellant l’ambiance musicale très 80’s du film, une bande-son sert les interprétations. Le livret et les dialogues, eux, sont très simplistes – voire parfois lourdauds –, mais ne dénotent finalement pas avec le côté déjà très sirupeux du long-métrage… Côté décors, outre quelques accessoires, celui-ci est constitué de deux escaliers encadrant une passerelle, et d’un écran pouvant se scinder en 4 parties au gré des changements de scène. Les créations vidéo signées Jérôme Ledoux fonctionnent assez bien pour faire passer le public d’un lieu de l’histoire à l’autre, même si l’on ne nous épargne pas certaines projections très kitsch qui n’ont d’ailleurs pas manqué de susciter des rires dans le public. La sonorisation, elle, nous a paru souvent aléatoire ; certaines paroles étaient en effet difficilement compréhensibles et les voix saturées sur certains morceaux.
De manière globale, le principal ressenti est celui d’une salle trop grande pour ce spectacle, qui aurait, selon nous, mieux été mis en valeur dans un lieu plus modeste pour finir en beauté sa tournée. Et ce autant côté son que de celui des décors et des lumières, qui faisaient très ramassés sur cette grande scène…
Parmi les points forts, les chorégraphies dynamiques et enjouées du spectacle signées Cécile Chaduteau, lauréate du trophée de la Chorégraphie lors de la dernière édition des Trophées de la Comédie Musicale au Casino de Paris. Les prestations de Carla Dona, dont les progrès vocaux nous ont étonnés depuis ses premiers pas dans la Star Academy, et de Mareva Poaty dans le rôle de Kiki, servie par des morceaux portés par une voix puissante qui ont électrisé le public, sont également à saluer.
Flashdance est au final un spectacle « feel good » qui joue avec les souvenirs et la nostalgie du public, malgré des défauts qui sont pour la plupart également ceux du film. De quoi passer un agréable moment si l’on ne va pas chercher plus loin qu’un petit plaisir coupable à déguster un samedi pluvieux…
