Critique : « Gitans, le musical », jusqu’au 23 février 2025 au Théâtre Libre

Temps de lecture approx. 4 min.

En ce mois de janvier hivernal, le Théâtre Libre déborde de chaleur et d’enthousiasme en compagnie de la troupe de Gitans, le musical. La tradition comme pilier de vie, on suit deux jeunes personnes empreintes de doutes et à la recherche de liberté. Bien que manquant à certains égards de relief, la création est une jolie découverte construite autour d’une énergie solaire.

Une histoire d’identité et de résilience

Lors d’une sortie avec ses amis, Tiago (Djamel Mehnane) intervient pour venir en aide à Nadia (Tatiana Matre), une gadji agressée par une bande de voyous. Cette rencontre bouleverse sa vie, déclenchant un coup de foudre réciproque entre eux. Mais Tiago se retrouve rapidement confronté à un dilemme déchirant : dans une semaine, il doit épouser Sara (Manuela Diaz), une jeune gitane, dans le cadre d’un mariage arrangé, profondément ancré dans les traditions de sa communauté.

L’intrigue explore les tiraillements de Tiago entre son amour naissant pour Nadia et son devoir envers Sara et sa culture. À travers ce conflit, le spectacle met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes gitans, partagés entre le respect des traditions et leurs aspirations personnelles.

Surprise positive pour le public, l’histoire est traitée en 1960, donnant un ancrage fort à la culture gitane. Autour du triangle amoureux, une histoire parallèle se joue permettant d’apporter un enrichissement scénaristique intéressant mais qui n’arrive pas à combler les quelques faiblesses de l’intrigue qui paraît survolée. Ce constat est surtout présent lors des scènes non chantées, dans lesquelles il peut manquer la force de la culture musicale gypsy. Certains moments-clés semblent précipités, comme si la priorité était donnée à la musique et à la danse, au détriment de la narration.

Au coeur d’une culture identitaire

Gitans, le musical intègre la musique gypsy de manière centrale, créant une atmosphère vibrante et authentique qui reflète la culture gitane. La musique est la colonne vertébrale du spectacle et accompagne des numéros dansés et chantés parfaitement construits, si bien qu’ils paraissent naturellement improvisés. Le point fort est justement l’utilisation des guitares telles que l’on se l’imagine lors de rassemblements, le collectif étant aussi structurant que la musique. On regrettera à certains passages, une bande-son trop forte au regard des instruments sur scène.

La scénographie est dédiée pour mettre en valeur ses richesses culturelles et artistiques. Les lumières sont très importantes et travaillées et soulignent des matières et couleurs chatoyantes. Un travail précis de reconstitution se démontre par de beaux costumes et des éléments de décors phares comme d’anciennes roulottes. Un écran – pas toujours très utile – crée de la perspective au service d’un espace scénique très incarné. La mise en scène de Jeanne Deschaux s’appuie donc sur un mélange de classicisme et de modernité, parfaitement incarné par des artistes très engagés.

Une troupe endiablée

Une chose est certaine, Gitans, le musical ne manque pas d’ardeur. Avec pas moins de 20 personnes sur scène, les individualités et l’ensemble s’illustrent amenant beaucoup de force à cette création.

Le public retrouve deux artistes habitués des spectacles musicaux. Djamel Mehnane (Flashdance The Musical ; We Will Rock You ) joue Tiago et amène le côté facétieux, caractéristique de son personnage. Tatiana Matre (Chat Botté, Le Musical), dans le rôle de son amoureuse, met au service son expérience et sa technique vocale, ne laissant pas le spectateur indifférent. Parmi les performances retenues, celle de Manuela Diaz, ancienne lauréate de « The Voice Kids », se distingue particulièrement dans le rôle de Sara. Dotée d’une voix saisissante, elle insuffle à son personnage une intensité et une émotion profondément touchantes. De belles voix masculines de Loukas et Arno Santamaria  imprègnent une partition très agréable, projetant des décrochés de voix, caractéristiques des chants gitans.

Le travail de l’ensemble et des danseurs reste essentiel pour créer l’atmosphère immersive et festive, contribuant à l’expérience d’ensemble du spectacle. En miroir de la mise en scène, les chorégraphies constituent un mélange de danses traditionnelles et plus contemporaines ; l’inclinaison des bras et des pas ne trompent pas. La culture gitane transpire de chaque artiste, qui ne forment plus qu’un lors des belles scènes d’assemblée, nos préférées.

Malgré une histoire plutôt prévisible, Gitans, le musical est une parenthèse bienvenue, qui met à l’honneur un thème peu abordé en comédie musicale : le folklore gitan et tout son ensoleillement.

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Crédit Photos : Louis Diaz

Gitans, le musical
Image de Eve-Marie Leroy

Eve-Marie Leroy

Enfant d’une mère passionnée de films musicaux et d’un père amateur de jazz et d’opéra, je ne pouvais que tomber dans la marmite des comédies musicales. Cela fait 30 ans que Mary Poppins est entrée dans ma vie et depuis, je jongle entre les classiques de Broadway mêlant claquettes et chapeaux haut de forme et les propositions plus avant-gardistes. Grande admiratrice d’Andrew Lloyd Webber dans un corps de Responsable Ressources Humaines, MusicalAvenue est l’occasion pour moi d’intégrer une troupe de passionnés de cette belle discipline qu’est le Musical
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