Le peintre André Sartène, séducteur invétéré, entretient une relation secrète avec la très avenante Nane, maîtresse d’Achille Patarin, nouveau riche présomptueux dont il tire le portrait.
Ce dernier, invité avec sa femme Suzanne à passer un mois de vacances dans la villa bretonne de la baronne Skatinkolowitz, a imaginé un stratagème habile pour garder près de lui sa gourgandine : il lui offre pour mari de location Léon Mézaize, avec qui elle sera conviée également par la baronne complice.
Colette, jeune femme moderne et effrontée, fille de Patarin, sème le trouble dans le cœur de Sartène qu’elle demande en mariage et fait inviter lui aussi sur la côte armoricaine…
Sur un livret enlevé de Jacques Bousquet et Henri Falk, Maurice Yvain signe en 1924 cette comédie musicale considérée comme l’une de ses plus réussies. Le succès de l’époque est là pour en attester : restée deux ans à l’affiche de multiples théâtres parisiens pour 135 représentations, l’œuvre fut ensuite déclinée en province et demeura longtemps au répertoire des opéras de régions. D’une orchestration réduite, la partition fut ainsi augmentée pour les formations symphoniques.
Cette nouvelle production, fidèle à la ligne directrice de la compagnie Les Frivolités Parisiennes, prend le parti de revenir à la version originale ainsi restaurée pour petit orchestre.
Comme toujours, c’est un bonheur total que d’entendre les talentueux musiciens du Frivol’ Ensemble ressusciter ces compositions oubliées, sous la baguette de Jean-Yves Aizic.
La partition de Maurice Yvain fait preuve d’une inventivité savoureuse qui met en valeur des paroles inspirées et riches de sous-entendus sexuels, comme dans le délicieux « On biaise ». C’est une vingtaine de chansons entraînantes qui composent la pièce, parmi lesquelles la très accrocheuse « Quand on est chic » dont le thème donne toute son identité à l’ouverture orchestrale.
De cette comédie de mœurs qui n’a pas pris une ride, on retient également des dialogues croustillants à souhait, servis par une distribution de premier choix. Alexandre Martin-Varroy (Yes !) est le parfait exemple du nouveau bourgeois qui ne connaît rien à l’art mais pour qui commanditer le travail d’un peintre est la meilleure démonstration de sa richesse. Ariane Pirie (Je t’aime, tu es parfait… change ! ; Panique à Bord) incarne une baronne de pacotille filoute à souhait. Léovanie Raud (La Belle et la Bête ; Sister Act), dans le rôle de Nane, démontre une fois de plus tout son talent à interpréter les femmes de caractère. Mais c’est dans le second rôle de Léon Mézaize qu’on trouve, en la personne d’Olivier Podesta (Sweeney Todd ; Carousel), une perle de comique qui fait mouche à chaque réplique !
Les quiproquos de cet imbroglio amoureux s’enchaînent à vive allure. Moderne pour son époque, le texte a la riche idée de sortir la femme des rôles d’idiotes soumises à la gente masculine. Ici, les dames s’émancipent, démontrent une vraie force de caractère, et n’hésitent pas à redresser tous ces messieurs inconstants.
Le seul défaut de Gosse de Riche est sa longueur : comédie musicale en trois actes, la pièce a tendance à se perdre dans de trop nombreux rebondissements dont on ne voit pas la fin.
Créée au Théâtre de Saint Dizier et présentée à Paris pour deux représentations exceptionnelles, cette production éminemment séduisante est à ne surtout pas manquer !
Crédit photos : M-C Behue
Gosse de Riche, de Maurice Yvain
Les 12 et 19 avril 2017 à 20h00
Au Théâtre Trévise
14 rue Trévise – 75009 Paris
Musique : Maurice Yvain ; livret et paroles : Jacques Bousquet et Henri Falk ; chef d’orchestre : Jean-Yves Aizic ; mise en scène : Pascal Neyron, assisté d’Olivier Podesta ; conception et dramaturgie : Christophe Mirambeau ; costumes : Daniela Telle ; chorégraphies : Caroline Roëlands.
Avec : Charlène Duval, Dorothée Lorthiois, Alexandre Martin-Varroy, Guillaume Paire, Ariane Pirie, Olivier Podesta, Léovanie Raud et les musiciens du Frivol’ Ensemble.