Animaux aux manières d’humains, humains aux airs d’animaux : pour sa première saison, le théâtre des Gémeaux Parisiens invite petits et grands à découvrir Histoires comme ça, mettant en scène les tribulations de Chat, Girafe, Crocodile, Éléphant et Dromadaire au cœur d’une forêt originelle.
Des histoires difficilement entremêlées
Histoires comme ça est un spectacle librement inspiré du recueil d’histoires pour enfants de Rudyard Kipling (l’auteur notamment du Livre de la jungle). A travers une succession de petites nouvelles, il nous raconte comment la baleine obtint son gosier, le chameau sa bosse ou le rhinocéros sa peau. Contes initiatiques et morales de vivre ensemble, chaque récit renferme aventures et sagesse.
Pour créer une cohérence, Olivier Morançais a construit une narration autour de cinq animaux dont les chemins se croisent sur les rives de la rivière Limpopo. Après une introduction superflue en voix off, le public rencontre Chat qui se prélasse sur un rocher. Tour à tour, il croise différents animaux à qui il prodigue ses conseils. Le livret demeure cependant décousu, et l’on sent que ces histoires n’étaient pas écrites ensemble et n’ont pour fil rouge que la présence du chat et l’appétit du crocodile. L’accent mis sur les rencontres entre animaux fait perdre le sens des parcours individuels de chacun et lorsqu’arrive le dénouement, le spectateur n’a pas très bien compris d’où venait le long cou de la girafe ou la bosse du dromadaire, et en quoi leur voyage les avait fait grandir.
Une distribution parfaitement composée
Heureusement, le spectacle est porté par cinq comédiens-chanteurs parfaitement choisis pour leurs rôles : on découvre une Estelle Andrea en Chat sage et habile, un Guillaume Sorel (La Boule rouge, Le Jeu d’Anatole ou les manèges de l’amour) en Enfant d’éléphant curieux et insouciant, ou encore un crocodile capricieux et râleur en la personne de Simon Lehuraux (La Boule rouge). Luc-Emmanuel Betton (Chère Insaisissable)a parfaitement intégré la gestuelle flegmatique et dégingandée du dromadaire quand Magali Paliès campe une maman girafe fière et fatiguée.
Il ne manque, malheureusement, qu’une bonne direction d’acteur à ces cinq talents pour briller véritablement. Au lieu de restituer le caractère onirique et philosophique du texte de Kipling, la mise en scène déçoit par sa lecture littérale et répétitive de l’œuvre qui ennuie petits et grands. Les tableaux se succèdent et se ressemblent. Les chansons – parfaitement interprétées par ailleurs – ne parviennent pas à donner au spectacle le grain de folie qu’on retrouve dans Le Livre de la Jungle.
Des costumes sublimes
La plus grande force de ce spectacle réside dans ses costumes signés Julia Allègre. Le travail réalisé pour vêtir chaque acteur est une petite merveille de précision. Depuis le choix des chaussures (d’élégantes chaussures à talon tachetées pour Girafe ou d’imposantes bottines grises pour Enfant d’Éléphant) jusqu’à la finesse des masques-coiffes (signés Pascale Blaison) portés fièrement sur leurs têtes, on ne se lasse pas de les admirer tout au long de la représentation. Cela ne fait que ressortir davantage la faible scénographie du spectacle, constitué d’un écran de paysage de savane, trois rochers et un bout de rivière qui font écho au statisme de la narration.
Quel dommage que le manque de rythme et de mise en scène privent le spectacle de la poésie qu’il pourrait avoir ! Costumes magnifiques, excellent choix d’acteurs et sujet prometteur : les ingrédients étaient réunis pour nous offrir un beau spectacle, et pourtant, on ressort avec un sentiment d’occasion manquée.
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