[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_text]
[ Critique initialement publiée lors des représentations au Théâtre de la Gaîté Montparnasse ]
Un spectacle hommage pas comme les autres
Ils sont légion, les spectacles musicaux hommage aux relents de récital fatigué, qui peuplent nos scènes parisiennes à grand coup de Barbara, Piaf, Boris Vian et consorts.
Mais de temps à autre, une création réellement originale vient rompre la monotonie et nous offre un pur moment de théâtre, magique, drôle et émouvant.
Ivo Livi ou Le Destin d’Yves Montand est de ces dernières : une pièce qui vous accroche dès la première note et ne vous lâche plus.
On suit le jeune Ivo, cadet d’une famille communiste pauvre dans l’Italie de Mussolini, à travers les péripéties à peine croyables de sa vie : de l’exode raté vers les États-Unis, qui voit la famille contrainte de s’installer à Marseille, au succès international, en passant par ses rêves de chanson, puis de cinéma, les conséquences terribles qu’ont failli avoir la consonance juive de son nom de famille, et ses rencontres avec les grands de l’époque ainsi que les femmes de sa vie.
[/mp_text]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_image id= »10126″ size= »full » link_type= »custom_url » link= »# » target= »false » caption= »true » align= »center » margin= »10,25,none,none »]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_text]
Derrière ce spectacle, on retrouve une grande partie de l’équipe artistique de Sarvil – L’oublié de la Canebière, autre spectacle musical biographique consacré à un artiste marseillais de talent.
À l’écriture, Ali Bougheraba (L’Odyssée de la Moustache) et Cristos Mitropoulos (La Clef de Gaïa) font des merveilles. Le duo signe un texte virevoltant, bourré d’humour, d’idées intelligentes et de modernité. L’histoire d’Yves Montand et de sa famille est prétexte à dresser de troublants parallèles entre leur destin et l’actualité, leur statut de réfugiés italiens indésirables résonnant terriblement avec la condition des milliers de Syriens qui affluent dans nos pays d’Europe pas toujours très accueillants.
Car à travers le prisme d’une vie, celle d’un homme qui a marqué profondément la chanson et le cinéma, c’est une histoire accélérée et formidablement ludique du XXème siècle qu’Ivo Livi nous donne à voir. Les anecdotes étonnantes s’enchaînent pour évoquer tour à tour le fascisme, l’occupation, la France libre, la Guerre Froide (Montand est en effet la seule personne ayant pu se produire à travers l’URSS, rendre visite à Kroutchev – à qui il demande personnellement des explications sur les raisons de l’invasion de Budapest par les chars de l’Armée Rouge –, et obtenir deux ans plus tard un visa pour se produire aux États-Unis sous les éloges de la presse et du public)…
Les sujets sont graves et touchants, mais ne versent jamais dans le pathos : la légèreté n’est jamais très loin, le rire triomphe de toutes les situations, comme le sourire enjôleur d’Yves Montand.
[/mp_text]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_image id= »10127″ size= »full » link_type= »custom_url » link= »# » target= »false » caption= »true » align= »center » margin= »10,25,none,none »]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_text]
Mais cette histoire fabuleuse ne serait rien sans le talent exceptionnel des artistes qui lui donnent vie. Accompagnés d’un accordéoniste-homme orchestre qui interprète l’intégralité de la musique en direct grâce à son instrument électronique, les comédiens passent d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre, de l’humour à l’émotion, avec une maîtrise admirable. Dans une mise en scène survitaminée (signée Marc Pistolesi) qui ne s’accorde aucun temps mort et s’autorise régulièrement à briser le quatrième mur, ils déploient une énergie admirablement délurée, de celles que seules les troupes soudées savent communiquer à leur public.
Une équipe qui gagne
Tous excellents, qu’il s’agisse par exemple de Benjamin Falletto (Blanche Neige et moi ! ; Robin des Bois – La légende ou presque) en jeune Ivo fragile et ambitieux, ou de Cristos Mitropoulos en Montand dont la carrière décolle, ou son ami d’enfance juif.
Camille Favre-Bulle (Casting ; La Vie Parisienne) assume l’exploit d’interpréter à elle seule toutes les femmes de la vie d’Yves Montand (de sa mère à Signoret ou Marilyn, ce n’est pas rien !), et nous époustoufle littéralement dans le rôle d’Édith Piaf.
Mais au centre de tout cela, en Yves au crépuscule de sa vie, ou en patriarche rital aimant, c’est Ali Bougheraba qui habite la scène avec une aura et un charisme phénoménaux. Son charme ravageur ajoute à chaque scène une touche d’enchantement, de subversivité et de grandiose qui rendent justice à l’illustre personnage qui inspire cette pièce.
[/mp_text]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_image id= »10128″ size= »full » link_type= »custom_url » link= »# » target= »false » caption= »true » align= »center » margin= »10,25,none,none »]
[/mp_span]
[/mp_row]
[mp_row]
[mp_span col= »12″]
[mp_text]
Les chansons sont évidemment au cœur même d’Ivo Livi, et les auteurs ont eu l’excellente idée de ne pas céder à la facilité de s’attarder uniquement sur le répertoire du personnage titre : si l’on retrouve quelques unes de ses chansons les plus connues, les différentes périodes de sa vie sont illustrées par des airs de l’époque (« Bella Ciao ») ou les tubes des artistes fabuleux qui ont croisé sa route.
Les amateurs de comédie musicale auront en outre plaisir à reconnaître quelques clins d’œils à West Side Story ou Les Misérables.
Enfin, le spectacle jouit d’une esthétique élégante et simple : la scénographie humble n’abonde pas moins d’idées pertinentes, magnifiées par des jeux de lumières sublimes.
Vous l’aurez compris : il n’y a rien à jeter dans ce spectacle coup de cœur qui frôle la perfection.
Crédit photos : Fabienne Rappeneau
Réserver
Ivo Livi ou Le Destin d’Yves Montand , d’Ali Bougheraba & Cristos Mitropoulos
Du 21 janvier au 29 avril 2017
Théâtre Tristan Bernard
64 rue du Rocher
75008 Paris
Du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 16h et 21h
Mise en scène : Marc Pistolesi
Avec : Camille Favre-Bulle, Ali Bougheraba, Benjamin Falletto, Cristos Mitropoulos, et Olivier Selac (accordéon).
[/mp_text]
[/mp_span]
[/mp_row]